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Présidentielle : de candidats excentriques aux candidats sans visage

Présidentielle : de candidats excentriques aux candidats sans visage

Deux candidats ont déposé leurs dossiers de candidature pour la présidentielle du 4 juillet. Il ne s’agit pas des chefs de partis politiques Abdelaziz Belaïd et Belkacem Sahli, qui avaient annoncé leur renoncement quelques jours avant l’expiration du délai, mais de deux illustres inconnus au bataillon politique.

Le Conseil constitutionnel a jugé utile de communiquer leurs noms qui forcément ne disent rien au commun des Algériens : Abdelhakim Hamadi et Hamid Touahri. Le Conseil ne fournit rien de plus comme renseignement. On ne sait donc rien de leur parcours, s’il se trouve qu’ils en ont un.

Pour ne pas heurter les formes, le Conseil constitutionnel devrait prendre le temps réglementaire qu’il faut pour étudier les deux dossiers et se prononcer sur leur validité. Il n’y a presque aucun doute que le verdict du conseil constitutionnel sera d’invalider les deux candidatures. On voit en effet mal comment des citoyens lambda puissent réussir en temps de défiance citoyenne là ou des chefs de partis ont échoué en situation normale ; c’est-à-dire à collecter 600 parrainages d’élus ou 60 000 de citoyens à travers au moins 25 wilayas du pays.

Au dernier jour du délai de dépôt des candidatures, samedi 25 mai, un seul candidat à la candidature a été vu au siège du Conseil constitutionnel qui n’a pas connu la même effervescence et la même affluence des représentants des médias que lors de la clôture des dépôts pour le scrutin avorté du 18 avril. Le candidat en question est un autre inconnu au bataillon, répondant au nom de Lakhdar Benzahia, retraité de l’ANP. Des images de l’arrivée des cartons de ses parrainages ont été diffusées par des chaines de télé mais le candidat a fini par renoncer lui aussi.

Tout le monde a compris qu’aucun dossier n’a été déposé à l’expiration du délai, mais finalement il y en a eu deux. Mais personne ne les deux mystérieux candidats au siège de Conseil constitutionnel où pourtant, de nombreux journalistes ont fait le pied de grue pendant toute la journée de samedi jusqu’à minuit.

Cette invisibilité est aussi valable pour l’opération de collecte des signatures à travers les communes du pays. Ni les médias ni les réseaux sociaux n’ont fait état de grande opération de collecte des parrainages et aucun parti n’a annoncé son intention de réunir les signatures pour un candidat, comme l’avait fait le FLN pour Abdelaziz Bouteflika pour l’élection annulée d’avril. Si collecte il y a eu, cela a dû se faire dans une opacité totale, tout comme le retrait des formulaires de candidature (il y a eu 77 au total, selon le ministère de l’Intérieur) qui n’a pas été filmé par les chaînes de télévision qui, en février dernier, n’avaient raté aucun des candidats excentriques et loufoques qui ont défilé au palais de la rue Dr Saâdane. Défiance populaire oblige, même ceux qui étaient tentés par une participation ont agi dans la discrétion.

Jusque-là, c’est une élection sans visage vers laquelle on se dirigeait. Même les autorités ont préféré ne pas faire trop de tapage qu’elles savent inutile puisque l’échec de l’élection ne fait plus de doute. Le Conseil constitutionnel a décidé d’étudier les deux dossiers réceptionnés avec tout le sérieux voulu. S’il est louable de respecter les dispositions de la loi à la lettre, il est moins judicieux de faire perdre inutilement au pays un temps supplémentaire précieux.

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