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Présidentielle France : ce que proposent les candidats sur l’immigration

Présidentielle France : ce que proposent les candidats sur l’immigration

L’élection présidentielle est bel et bien lancée en France. Les principaux candidats se sont déclarés et ont obtenu la validation de leur présence au prochain scrutin présidentiel.

Depuis le lundi 7 mars, la France connaît les douze candidats officiels qui tenteront de briguer la fonction présidentielle.

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La campagne présidentielle va être renforcée et il faut s’attendre à recevoir les premières promesses électorales sur des thèmes de société majeurs. La pré-campagne a déjà donné le ton de cette élection. On discute essentiellement de sécurité, d’identité nationale et de gestion de l’immigration.

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Pour cette élection de 2022, on remarque une force prépondérante chez les candidats de droite et d’extrême-droite, qui sont actuellement les favoris dans les sondages. Allons-nous donc voir une tendance anti-immigration et de promotion de l’identité française durant cette campagne présidentielle ?

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Quel discours défendent les principaux candidats à la présidentielle sur ces questions ? Voici le tour des propositions des candidats les mieux placés dans les sondages.

Emmanuel Macron, le tout sécuritaire

Emmanuel Macron est l’un des derniers hommes politiques à s’être déclaré candidat. Le 3 mars dernier, il a annoncé vouloir reconduire son mandat à travers une lettre aux Français.

Le président de la République se présente comme un candidat qui veut apprendre des erreurs du passé et opter pour une présidence sobre et à l’écoute des Français. Sur la question de l’immigration, l’actuel chef d’Etat va-t-il réviser les positions prises durant les cinq dernières années ?

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Durant son mandat, Emmanuel Macron a opté pour une politique de réduction et de contrôle de l’immigration. Son gouvernement a lutté pour faciliter les expulsions de personnes en situation irrégulière, notamment en mettant la pression sur les États dont sont originaires les sans-papiers sur le territoire français.

C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a, par exemple, réduit de 50% le nombre de visas donnés aux Algériens. Des représailles contre l’Algérie qui bloque la délivrance de laisser-passer pour ces Algériens qui font l’objet de mesure d’éloignement.

Il a également fait réduire les délais de demande d’asile à 90 jours, au lieu des 120 habituels. Cette mesure a accéléré la procédure pour l’octroi d’asile mais en même temps elle offre la possibilité d’expulser plus rapidement les personnes déboutées.

S’il n’a pas encore décliné son programme de candidat, notamment sur la question migratoire, en tant que président, Emmanuel Macron empruntera certainement – encore une fois – la voie de la prudence et du contrôle pour gérer les flux migratoires extra-européens.

Début février, lors d’une rencontre avec les dirigeants européens, Emmanuel Macron a insisté pour un meilleur contrôle des frontières européennes. Actuellement à la présidence de l’Union européenne, Emmanuel Macron entend augmenter les effectifs de la surveillance aux frontières extérieures à l’espace Schengen. Le président français propose de passer de 1500 à 10.000 gardes d’ici 2027.

Il a annoncé vouloir mieux réguler les échanges entre les pays méditerranéen. On peut comprendre que l’Algérie en fait partie.

Valérie Pécresse, punitions et récompenses pour une immigration choisie

Valérie Pécresse est la candidate des Républicains, le principal parti de droite. Elle est présentée comme la principale rivale d’Emmanuel Macron.

Valérie Pécresse qui a été choisie comme candidate lors d’une primaire de la droite a très rapidement fait le choix de se positionner sur la question de l’immigration.

Elle est la candidate de la sélection migratoire drastique. Valérie Pécresse martèle sa volonté d’une totale assimilation des étrangers à la culture française.

Dans un premier temps, Valérie Pécresse souhaite instaurer des quotas par métiers et par pays pour la politique d’accueil des étrangers en France. Cette mesure aurait un impact direct sur l’immigration algérienne qui représente une part importante des arrivées en France.

D’ailleurs, Valérie Pécresse promettait en novembre 2021, de supprimer totalement l’immigration algérienne en France, si l’Algérie continue de refuser de récupérer ses ressortissants ayant une obligation de quitter le territoire français.

Dans un souci de sélection, Valérie Pécresse veut également accélérer la procédure d’asile pour que les demandeurs non reçus soient renvoyés dans leur pays le plus rapidement possible.

Valérie Pécresse veut également une surveillance accrue dans l’octroi de prestations sociales aux étrangers. Zéro prestation pour les étrangers qui n’ont pas résidé au moins 5 ans sur le territoire français de manière légale.

Jean-Luc Mélenchon, redonner de la dignité aux immigrés et réfugiés

Jean-Luc Mélenchon, candidat de l’extrême-gauche souhaite un meilleur accueil des migrants, en offrant un accès plus facile aux visas pour les travailleurs, les étudiants et les parents d’enfants scolarisés.

A l’inverse d’Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon veut mettre un terme aux opérations de Frontex, l’agence chargée de surveiller les frontières extérieures de l’Europe.

Pour l’immigration en général, il demande que la résidence de dix ans devienne la référence en termes de titres de séjour. Il veut rétablir le droit du sol et à terme, reconnaître le droit de vote et d’éligibilité aux élections aux résidents hors UE.

Pour Jean-Luc Mélenchon, il est primordial que les travailleurs sans-papiers soient régularisés. Pour les refus, il appelle à la création d’une commission d’appel pour le demandeur en cas de refus de délivrance de titre de séjour.

Culturellement, Jean-Luc Mélenchon rejette la notion d’assimilation héritée du colonialisme. Il accepte que les étrangers amènent leur culture et l’intègrent à la société française, ce qu’il nomme une « créolisation ».

Surtout, le candidat appelle à traiter l’origine de l’immigration par la racine. Il imagine un engagement dans les pays en difficultés, avec l’aide de l’Organisation mondiale des migrations liée à ONU.

Jean-Luc Mélenchon souligne la difficulté de quitter son pays pour immigrer et qu’il est indispensable d’aider les migrants à mieux vivre chez eux afin qu’ils n’aient pas le besoin de trouver une sécurité ou un travail hors de chez eux.

Anne Hidalgo, pour un traitement humain des migrants

Anne Hidalgo, candidate du Parti socialiste (PS) appelle à un accueil digne des immigrés et des réfugiés. Pour ce faire, la candidate de gauche estime qu’une  répartition équilibrée sur tout le territoire français des étrangers serait une bonne option.

Pour les demandes d’asile, elle souhaite que les demandeurs n’aient pas à le faire dans le premier Etat où ils arrivent mais plutôt le pays qui a la capacité d’accueillir la personne réfugiée. Elle promeut ainsi une gestion européenne de l’immigration et non seulement nationale.

Anne Hidalgo fait la défense d’une intégration pour toutes et tous. Elle propose l’accès à des cours de français et de culture française gratuits à tout immigré ou réfugié dès son arrivée. Afin de leur assurer une indépendance, elle autoriserait l’accès au travail dès le dépôt de demande d’asile.

Yannick Jadot, sécurité pour, et non contre les immigrés

Yannik Jadot, le candidat écolo promeut quant à lui un traitement digne des étrangers extra-européens. Il souhaite une réduction de la politique sécuritaire pour la mise en avant d’une démarche réelle d’accueil et d’intégration.

Pour Yannick Jadot, la question de l’immigration devrait être gérée par un ministère de la solidarité. Il imagine la création de séjours humanitaires.

Le but serait de soutenir les immigrés en leur garantissent l’accès aux soins et au travail. Il promeut la régularisation des sans-papiers ayant un emploi ou une famille sur le territoire français.

Pour les mineurs, il condamne les tests osseux pour prouver leur âge et interdirait leur détention.

Marine Le Pen, la fin du droit du sol

Marine Le Pen, la candidate historique de l’extrême-droite, représente le Rassemblement national (RN), successeur du Front National. Elle est, à chaque scrutin, très attendue sur les questions de l’immigration. La souveraineté de la France est son obsession, la protéger, sa mission.

Dans une logique de priorité nationale, Marine Le Pen commencera par organiser un referendum pour modifier les lois actuelles concernant l’immigration en France.

Marine Le Pen veut également mettre un terme au droit du sol pour les enfants nés de parents étrangers sur le sol français. Elle veut mettre un terme à la régularisation des sans-papiers entrés illégalement en France. Concernant le regroupement familial, elle le veut très contrôlé et limité à des cas exceptionnels.

Encore une fois, l’Algérie est la première visée, puisque le regroupement familial des immigrés algériens détient un statut particulier du fait d’accords entre la France et l’Algérie datant de 1968.

Comme Valérie Pécresse, Marine Le Pen souhaite autoriser l’accès aux prestations sociales seulement aux étrangers résidant et travaillant en France légalement depuis au moins 5 ans.

Éric Zemmour, la fin de l’immigration en France

Éric Zemmour est comme d’habitude le plus radical sur la question de l’immigration. Le candidat de l’extrême droite souhaite tout simplement que l’immigration – notamment africaine et maghrébine – n’existe plus. Il tolère seulement une immigration « blanche et chrétienne » et l’assume fièrement.

Le candidat d’extrême-droite propose de supprimer le droit du sol et veut empêcher la régularisation d’un sans-papier entré illégalement en France.

Fini le regroupement familial pour Éric Zemmour. Le droit d’asile ne sera octroyé qu’à un très petit quota de personnes chaque année.

Il veut même faire le tri chez les personnes en situation régulière. Un étranger ayant un titre de séjour pour travailler en France sera expulsable s’il ne trouve pas de travail durant six mois.

Il s’attaque même aux binationaux. Dans le cas où des personnes à la double nationalité sont condamnées pour des crimes et sont en récidive de délits, il appelle à la déchéance de leur nationalité française et donc une expulsion vers leur pays d’origine.

Il faut savoir que la communauté algérienne représente la première immigration en France. Par cette mesure, les Algériens sont les premiers à être surveillés. Si l’on compte environ 871 000 Algériens en 2020 en France, s’ajoutent à ce chiffre presque 2 millions de binationaux, des Algériens nés sur le territoire français.

L’Algérie est d’ailleurs un symbole de l’immigration qu’Éric Zemmour veut abattre. Il promet de mettre un terme aux accords franco-algériens de 1968, qui facilite le regroupement familial mais aussi le travail et le  séjour des immigrés algériens.

Les prestations sociales et aides seront supprimés pour les étrangers. Éric Zemmour vise essentiellement l’aide médicale d’Etat constamment contestée pour son coût financier.

L’élection du futur président en avril 2022 sera décisive pour les rapports entre la France et les pays livrant le plus de candidats à l’immigration. Les mesures d’accueil ou de rejet sont primordiales dans les relations diplomatiques, notamment entre la France et l’Algérie, comme on a pu le voir à l’automne 2021 et le chantage au visa français.

On notera que l’évocation de l’immigration algérienne est seulement évoquée par les candidats de droite et d’extrême-droite seulement pour souligner qu’il faut restreindre les arrivées de ce pays. A gauche on est plus discret sur cette grosse part de l’immigration en France.

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