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Présidentielle : la stratégie de campagne du pouvoir se précise

Présidentielle : la stratégie de campagne du pouvoir se précise

Ce n’est peut-être pas encore l’emballement de la précampagne, mais les choses ont commencé à bouger depuis dimanche 10 février lorsque le président Bouteflika a mis fin au faux suspense qui entourait ses intentions.

Le jour même, Tayeb Balaïz est nommé au poste de président du Conseil constitutionnel, resté vacant depuis le décès de Mourad Medelci le 28 janvier, et Abdelmalek Sellal désigné directeur de campagne du président-candidat.

D’une même voix, les partis et organisations proches du pouvoir ont salué la décision de Bouteflika de briguer un cinquième mandat. Le RND s’est dit disposé à contribuer au succès du président, le MPA a exprimé son soulagement et le FLN a annoncé avoir retiré deux millions de formulaires de signatures du ministère de l’Intérieur.

Ali Haddad, président du FCE, Abdelmadjid Sidi Saïd, SG de l’UGTA et Mohamed Alioui, de l’Union des paysans, ont fait part de la même satisfaction. Ce dernier promet d’ores et déjà 4,5 millions de voix pour Bouteflika.

Le pouvoir veut donner l’image d’une famille soudée et Abdelmalek Sellal a décidé de se rendre pour sa première sortie chez les moudjahidine, ceux-là même dont l’organisation, l’ONM, avait surpris en octobre dernier en soutenant Saïd Bouhadja, le président de l’APN décrié par les partis du pouvoir. L’union sacrée est décrétée, comme si tout le monde est convaincu que le sort du système est tributaire d’une victoire de Bouteflika.

Ce jeudi, le même Sellal était au siège de l’UGTA, où il a décliné devant les travailleurs les grandes lignes du programme électoral de Bouteflika. À travers son allocution, on devine que la campagne à venir s’articulera sur les mesures à prendre pour relancer la machine économique, l’un des grands échecs de Bouteflika lors de ses quatre premiers mandats.

« Il n’est plus possible pour l’Algérie d’avancer vers l’avenir avec les lois actuelles et l’économie actuelle. Les réformes sont nécessaires (…) C’est un grand défi. Tout est possible. Nous avons des capacités humaines, des cadres, de l’énergie et des moyens financiers pour prendre une autre orientation. Pour ce faire, nous devons changer des lois et sortir de l’approche bureaucratique de notre économie. Nous ne pouvons poursuivre le développement économique si l’acte d’investir reste un acte administratif. L’administration bureaucratique ne doit plus se mêler des aspects économiques. C’est une des solutions qui seront proposées », a déclaré le directeur de campagne.

Le pouvoir a-t-il décidé de jouer la carte de la franchise ? On est tenté de croire que c’est ainsi que sera vendue la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat, après vingt ans au pouvoir. Dans sa déclaration de candidature déjà, le président reconnaissait que ses « réalisations sont à parfaire », que « notre pays a encore de grands chantiers à prendre en charge et à parachever », que « des comportements contraires aux principes d’intégrité » sont apparus dans la société et que certains éléments de notre jeunesse « choisissent même de recourir à des tentatives d’exil, extrêmes et suicidaires ».

Surtout, Bouteflika n’a pas tenté de cacher ses soucis de santé. « Bien sûr, je n’ai plus les mêmes forces physiques qu’avant, chose que je n’ai jamais occultée à notre peuple, mais la volonté inébranlable de servir la Patrie ne m’a jamais quitté et elle me permet de transcender les contraintes liées aux ennuis de santé auxquels chacun peut être un jour confronté », concédait le chef de l’État.

Ses partisans qui se sont exprimés cette semaine ont abondé dans le même sens, reconnaissant unanimement que la santé du président du chef de l’État n’est plus ce qu’elle était. À l’image de Seddik Chihab, porte-parole du RND, qui déclarait mercredi sur TSA : « Le président a reconnu avec beaucoup de courage et de dignité qu’il est amoindri, qu’il n’a plus la santé d’avant. Il a cassé un tabou en 2014 en sortant devant les Algériens sur une chaise roulante. Ceci dit, on n’a pas remarqué que son état de santé l’empêchait d’accomplir ses missions constitutionnelles. Il a toujours répondu présent, il est là, il contrôle et il décide. Je pense que c’est ce qui est demandé à un président de la République ».

Autre aspect de la stratégie des soutiens de Bouteflika : le rappel de tous ceux qui peuvent contribuer à faire gagner leur candidat. En plus donc de Abdelamelk Sellal, Ramtane Lamamra, ancien ministre des Affaires étrangères, est nommé ce jeudi ministre d’État, conseiller diplomatique du président.

Certes, le poste n’a rien à voir avec la campagne mais on peut bien penser que le choix de Lamamra servira à mieux vendre l’option du cinquième mandat à l’étranger où le brillant diplomate jouit d’une aura certaine et possède un bon carnet d’adresses.

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