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Présidentielles françaises : un scrutin déterminant pour l’avenir de la relation avec l’Algérie

Présidentielles françaises : un scrutin déterminant pour l’avenir de la relation avec l’Algérie

La France est aux urnes ce dimanche pour le premier tour des élections présidentielles. Le scrutin est indécis et revêt un caractère décisif pour l’avenir de la relation franco-algérienne. Les relations entre les deux pays se sont réchauffées au début du règne de François Hollande, avant de se détériorer. L’arrivée à l’Elysée d’un candidat hostile à l’Algérie pourrait plonger les relations entre les deux pays dans un froid glacial pour longtemps.

Parmi les cinq candidats favoris des sondages, seul Emmanuel Macro a visité l’Algérie avant le début de la campagne électorale où il a qualifié le colonialisme de « crime contre l’humanité ». Les autres n’ont même pas jugé utile d’accorder un entretien à la presse algérienne. Ils laissent planer le doute sur leurs visions de l’avenir de la relation avec l’Algérie et le Maghreb en général. Résumé des positions des cinq candidats sur l’immigration, l’islam et la colonisation.

Immigration

Pour Emmanuel Macron, « la France doit prendre sa juste part dans l’accueil des réfugiés". Rappelant que la France est "un vieux pays d’immigration", le candidat affirme que l’immigration des étudiants est « une chance et une fierté », et que « l’immigration familiale, qui nourrit de nombreux fantasmes, ne concerne que relativement peu de personnes ».   

Jean-Luc Mélenchon, défavorable à l’installation de quotas, propose de faire de la carte de séjour de dix ans le titre de référence pour les étrangers, d’améliorer les conditions d’accueil des migrants, de régulariser les travailleurs sans-papiers, de favoriser le regroupement familial, et de faciliter l’accès à la nationalité française aux personnes présentes légalement sur le territoire.

François Fillon invite à s’éloigner du « relativisme culturel » et de la « culpabilisation », et promet une limitation de l’immigration « à son strict minimum ».  Pour ce faire, le candidat propose, dans la lignée du président Nicolas Sarkozy, d’inscrire des quotas dans la Constitution, de « durcir les exigences du regroupement familial » et de "refuser la délivrance des titres de séjour pour raisons familiales en l’absence de perspective sérieuse d’intégration ».

Marine Le Pen, a tenté de rassembler sa base en fin de campagne en mettant les bouchées double sur son thème traditionnel de l’immigration et de la sécurité. Lors d’un meeting à Paris le 17 avril, elle a promis un « moratoire immédiat sur toute l’immigration légale pour arrêter ce délire, cette situation incontrôlée, qui nous entraîne vers le fond ». Pour elle, l’immigration « massive », ce n’est « pas une chance pour la France ». 

Benoît Hamon est opposé à la mise en place de quotas et considère, selon La Croix, que « non seulement nous ne faisons pas ce que nous devons en termes d’hospitalité, mais nous ne faisons pas ce que nous pouvons ! » Le candidat propose d’établir une « clé de répartition de l’accueil des demandeurs d’asile » entre tous les États membres de l’Union européenne, de créer un « visa humanitaire ».

Islam

Emmanuel Macron propose  de créer une « nouvelle structure » pour « relancer les principaux chantiers du culte musulman » et de former des imams sur le sol français « de façon adaptée aux valeurs de la République ». Les lieux de culte promouvant l"’idéologie djihadiste" seraient fermés. Dès 2016, Emmanuel Macron s’est éloigné de la position de l’ancien premier ministre Manuel Valls et a affirmé son opposition à l’interdiction du voile, considérant qu’il fallait « trouver mieux ».

Jean-Luc Mélenchon entend combattre l’usage politique des religions et « l’instrumentalisation de la laïcité contre l’islam ». Le candidat est pour l’interdiction du voile intégral, mais ne légiférera pas dans les autres cas. Il entend refuser les financements publics pour toute activité cultuelle ou religieuse.

Du côté de François Fillon, la partie « laïcité » de son programme comporte six propositions dans lesquelles le mot « musulman » revient cinq fois. Le candidat  est favorable à une loi anti-burkini, et envisage de laisser les universités décider de l’interdiction ou non du port du voile. Le candidat, qui jusqu’à récemment proposait une mise sous contrôle administratif du culte musulman, a tempéré il y a peu son propos en affirmant que « les musulmans de France veulent vivre, dans leur majorité, leur foi dans la paix », rapporte Libération. 

Marine Le Pen entend fermer les mosquées salafistes et faire en sorte que les prêches soient faits en français. «Il faut s’attaquer à la racine du mal. C’est le fondamentalisme islamiste qui est l’idéologie qui arme ces terroristes.» , a-t-elle déclaré, selon Libération.

Benoît Hamon promet la création d’un « corps de contrôle anti-discrimination », et le respect de la loi de 1905 sur la laïcité, « parce qu’elle protège la liberté de conscience ». Le candidat, opposé à l’interdiction du voile, avait il y a quelques mois refusé l’idée que l’islam était incompatible avec la République. « Ce n’est pas vrai », avait-il affirmé, selon RTL. « C’est insupportable qu’on continue à faire de la foi de millions de nos compatriotes un problème dans la société française ». Affublé par la fachosphère du surnom « Bilal Hamon », le candidat avait rétorqué qu’il était « fier » qu’on l’appelle Bilal, « un très beau prénom ». 

Colonisation

Lors de son déplacement à Alger en février, Emmanuel Macron avait soulevé une vive polémique en France en déclarant que la colonisation était « un crime contre l’humanité » et « une vraie barbarie ». "Ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes », avait-il affirmé.

Jean-Luc Mélenchon a fortement critiqué les propos de M. Macron. « Un Français doit peser ses mots quand il parle de l’Algérie », a-t-il lancé, estimant que « la colonisation est un fait qui doit concerner les historiens », même si « nous condamnons tous la colonisation ».

François Fillon a quant à lui jugé les propos d’Emmanuel Macron « indignes d’un candidat à la présidence de la République ». Pour M. Fillon, « la France n’est pas coupable d’avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d’Afrique ».

Marine Le Pen a sans surprise vivement critiqué les propos de M. Macron, qu’elle a qualifiés de « crime ». «  »Y a-t-il quelque chose de plus grave, quand on veut être président de la République, que d’aller à l’étranger pour accuser le pays qu’on veut diriger de crime contre l’humanité ? » a-t-elle écrit sur Facebook, selon Le Point.

Benoît Hamon a refusé de qualifier la colonisation de crime contre l’humanité. S’il considère qu’il y a là un "fardeau qui suppose que l’on exprime publiquement les regrets qui sont ceux de la République à l’endroit des peuple » opprimés, et que « cela peut aller jusqu’à des excuses », le candidat a expliqué ne pas vouloir « rentrer dans une forme de concurrence mémorielle », rapportaient en février les médias français.

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