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Privatisations : les violentes critiques d’Amara Benyounes

Privatisations : les violentes critiques d’Amara Benyounes

toufik doudou New Press

Amara Benyounes, président du Mouvement populaire algérien (MPA), est revenu, dans un entretien accordé à TSA Arabi, publié ce mercredi 24 janvier, sur la récente polémique autour de la privatisation des entreprises publiques.

« Le véritable problème n’est pas la privatisation ou la non privatisation mais celui de savoir si les entreprises publiques peuvent réussir et résister après avoir échoué depuis l’indépendance. Des centaines de milliards (de dinars) ont été dépensées pour ces entreprises et le résultat est toujours le même et restera toujours le même, comme si nous tentions de souffler la vie dans un cadavre. Il y a des entreprises publiques qui ne peuvent plus vivre même si on leur ajoute de l’argent », a-t-il déclaré.

« Ces entreprises recrutent-elles les enfants du peuple ? »

Il a cité l’exemple d’Air Algérie dont les dettes sont estimées à 11 milliards de dinars. « Qui va supporter le poids de cette dette ? Le trésor public, bien entendu. Le trésor public, c’est vous et moi. Depuis l’indépendance de l’Algérie, le citoyen algérien supporte l’échec des entreprises publiques. J’irai plus loin, pouvez-vous faire embaucher vos enfants dans les grandes entreprises publiques ? Ces entreprises recrutent-elles les enfants du peuple ? Pourquoi les cadres retraités de ces entreprises s’arrangent-ils toujours à faire recruter leur fils ou leur fille avant de partir ? Quand tout va bien, il n’y a qu’une petite catégorie qui en profite. Et quand ça ne va pas, c’est le citoyen qui paie le prix. Est-ce là le socialisme ? Les choses ne peuvent plus continuer sur cette voie », a-t-il dénoncé.

Il a qualifié de fausse polémique le débat sur la signature de la Charte du partenariat public-privé (PPP). « Je suis sûr que ceux qui ont critiqué cette charte ne l’ont même pas lue. C’est une charte qui concerne l’entreprise publique. J’étais ministre de l’Industrie et je sais qu’on ne peut pas transférer un foncier d’une entreprise publique à une autre sans l’accord du président de la République. En intervenant, le président de la République voulait mettre fin à la polémique », a-t-il souligné.

Pour rappel, le FLN a critiqué le gouvernement Ahmed Ouyahia après la signature du partenariat PPP, fin décembre 2017, et a averti qu’il refusait toute privatisation des entreprises publiques stratégiques.

Le président de la République a envoyé une directive au gouvernement exigeant à ce que toute opération d’ouverture de capital des entreprises publiques doit obtenir au préalable son accord. « À chaque fois que le débat sur la privatisation est posé, il y a des accusations de bradage des entreprises publiques et de vol. En tant que ministre de l’Industrie, j’ai eu l’honneur de rencontrer des hommes honnêtes accusés de vol », a confié Amara Benyounes.

« Est-il normal que l’État continue à financer les hôtels ? »

Selon lui, la vie des entreprises privées est courte en Algérie. « L’État doit appuyer ces entreprises pour qu’elles vivent plus longtemps. Les entreprises du BTPH travaillent avec l’État, mais les autres, celles qui fabriquent les pâtes et les boissons, comptent sur les clients qui sont les citoyens. Les meilleures entreprises algériennes (privées) ne sont pas dans le secteur de la construction », a-t-il estimé.

Critiquant le FLN et le PT, sans les citer, Amara Benyounes, connu par ses tendances libérales, a relevé qu’il existe deux façons d’aborder les questions économiques : « Il y a la voie idéologique et populiste et la voie pragmatique. Comme dans les autres pays, il existe, en Algérie, des restes du courant communiste qui sont hostiles à la propriété privée. Eux, ils jouent leur rôle naturel. Mais, il y a des partis à qui il faut rappeler que l’ère du socialisme est finie. Même la Chine est devenue une puissance économique après avoir abandonné le socialisme. Il y a donc un dernier carré socialiste qui lutte à contre-courant de l’Histoire. Il n’existe aucun pays au monde qui s’est développé grâce au socialisme », a estimé le président du MPA.

 Il faut, selon lui, poser la question au FLN pour savoir s’il est parti socialiste ou pas (le FLN avait demandé, dans les années 1990, à adhérer à l’Internationale socialiste, au même titre que le FFS). Pour Amara Benyounes, les choix économiques de l’Algérie sont tranchés au sein de l’État.

Cinquième mandat

« Quand je lis le programme du président de la République, les choses sont claires : économie de marché et justice sociale. Il appartient à ceux qui dirigent de trouver les solutions. Est-il normal que l’État continue à financer les hôtels ? Et contrairement à ce qui se dit, les entreprises privées n’ont pas les moyens de racheter ces hôtels ou de reprendre les entreprises publiques », a-t-il dit.

Amara Benyounes sera-t-il candidat à la prochaine élection présidentielle ? « 2019, c’est encore loin. En politique, une année, c’est beaucoup. Nous sommes en train d’évaluer nos résultats aux dernières élections. Je vais me déplacer dans toutes les wilayas. Quel que soit notre position de l’élection présidentielle de 2019, nous devons être un parti fort », a-t-il répondu. Les gens sont, d’après lui, libres d’exprimer un soutien ou un refus pour un cinquième mandat pour le président Bouteflika. « Ce que je sais, est que le président ne s’est pas encore exprimé sur la question. Laissons le quatrième mandat se terminer, après on verra », a-t-il conseillé.

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