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Quand les Marocains récupéraient les pièces jaunes algériennes

Quand les Marocains récupéraient les pièces jaunes algériennes

La fameuse pièce jaune de 10 dinars a disparu de la circulation en Algérie. Pour certains, il s’agit d’un effet logique de la cessation de sa fabrication par l’Hôtel des monnaies, pour d’autres, c’est le fait de son utilisation dans la fabrication de bijoux de pacotille.

C’est l’avis par exemple de Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection du consommateur (Apoce).

Sur les réseaux sociaux, Zebdi a directement accusé certains joailliers et bijoutiers de mélanger le métal de ces pièces jaunes à de l’or pour obtenir un or frelaté mais indétectable aux tests chimiques ou par frottement.

D’où, selon lui, la flambée du prix de la pièce décagonale qui a atteint 4000 dinars l’unité. Sur les réseaux sociaux, la pièce est même proposée à 5000, voire 8000 dinars.

Une telle somme ne peut être donnée que par un bijoutier indélicat qui en tirera un énorme bénéfice ? Un ancien responsable de l’Hôtel des monnaies de la Banque d’Algérie, contacté par TSA, prône la prudence et estime que la disparition de la pièce de la circulation peut aussi être le fait de collectionneurs.

Cela se produit à chaque fois qu’une pièce, ou même un billet, n’est plus émis par la Banque centrale, et pas qu’en Algérie. La valeur numismatique de la pièce ou du billet monte alors en flèche chez les collectionneurs et continue à s’apprécier avec le temps. Cela dit, il n’exclut pas que les soupçons exprimés par le président de l’Apoce soient fondés.

D’autant plus que cela est déjà arrivé par le passé en Algérie. Notre interlocuteur était à l’imprimerie de la Banque d’Algérie dès les premières années de l’indépendance. Les premières pièces algériennes ont été émises en 1964, dont trois pièces jaunes, celles de 10, 20 et 50 centimes, se souvient-il.

Quand les Marocains récupéraient les pièces jaunes algériennes

« Après seulement quelques années, vers 1966 ou 1967, nous avons constaté que les pièces jaunes manquaient sur le marché et leur disparition était plus marquée à l’ouest du pays que dans les autres régions », raconte-t-il.

Après enquête, il s’est avéré que les pièces de bronze jaune étaient récupérées par des bijoutiers marocains qui les fondaient pour en faire des colliers.

C’est là que la Banque d’Algérie a cessé d’émettre des pièces jaunes. Le préjudice était énorme, d’autant plus que les pièces étaient importées. Ce n’est qu’en 1988 que l’Algérie a commencé à fabriquer ses propres pièces de monnaie.

Depuis la découverte du trafic, la Banque d’Algérie s’est mise à émettre uniquement des pièces blanches, en aluminium ou en nickel. Avec une exception toutefois : vers la fin des années 1970, la Banque d’Algérie a émis la pièce de 10 dinars.

Dans les années 1960, la première pièce de 5 dinars émise était en argent et a donné lieu plus tard à un trafic similaire, se souvient l’ancien cadre de l’Hôtel des monnaies. Elle a été récupérée en grandes quantités par des bijoutiers algériens spécialisés dans la fabrication de bijoux d’argent.

Le spécialiste explique que le mécanisme qui détermine l’intérêt pour une pièce de monnaie est tout simple. Chez les numismates, la valeur est déterminée par la rareté de la pièce ou son ancienneté, pour le reste, c’est la valeur du métal dont elle est fabriquée par rapport à la valeur de la monnaie qui fait qu’elle soit recherchée ou pas.

Il cite l’exemple de la pièce de 5 dinars en argent. A l’époque de son lancement, elle était importée pour 2 dinars l’unité, soit le prix de son poids en argent et les coûts de sa fabrication. Mais la dépréciation du dinar a fait que le métal de la pièce a pris de la valeur, dépassant sa valeur faciale.

Et c’est le cas aussi pour la pièce de 10 dinars. Selon notre interlocuteur, elle était fabriquée en bronze jaune et il est évident qu’au vu de la valeur actuelle de la monnaie nationale, le prix de son poids en bronze dépasse largement sa valeur faciale.

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