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Quatrième vendredi de révolte populaire : l’enjeu de la mobilisation

Quatrième vendredi de révolte populaire : l’enjeu de la mobilisation

Les Algériens s’apprêtent à manifester aujourd’hui, pour le 4e vendredi consécutif depuis le 22 février, pour réclamer le départ du système et dire non au prolongement du mandat de Bouteflika.

Lundi, le président Bouteflika a décidé de prolonger son mandat, en reportant les élections présidentielles. Dans la foulée, il a annoncé la tenue d’une conférence nationale, suivie d’élections présidentielles. Des offres rejetées par les Algériens.

Des manifestations se sont déroulées depuis lundi partout dans le pays pour dire non au prolongement du mandat de Bouteflika. Les enseignants, le personnel médical, des lycéens, les avocats et fait inédit dans les mouvements de contestation en Algérie, les magistrats sont descendus en nombre dans la rue, partout dans le pays, pour exprimer leur opposition aux annonces de Bouteflika. Le pouvoir connaît donc déjà la réponse de la rue.

Le mouvement populaire de rejet du pouvoir est en pleine phase de recrutement des élites algériennes et il ratisse large. Toutes les corporations, les travailleurs de toutes les entreprises, de toutes les institutions, en dehors de l’armée et de la police, affichent de façon publique et officielle leur adhésion au mouvement dont les rangs se voient renforcés un peu plus chaque jour.

Le mouvement loin de s’essouffler

L’annonce du prolongement du quatrième mandat, puis la désignation du duo Bedoui-Lamamra à la tête du nouveau gouvernement ainsi que leurs interventions largement médiatisées depuis mercredi n’ont, ni affaibli la mobilisation ni même provoqué de division au sein des citoyens et activistes.

C’est le contraire qui s’est produit. Sur les réseaux sociaux, les réactions des Algériens aux annonces de Bouteflika et aux déclarations de Bedoui et Lamamra sont souvent ironiques, railleuse et toutes expriment de façon unanime le rejet de tout ce qui est proposé par le pouvoir. « Tarahlou, c’est-à-dire tarahlou ! (Vous partez, c’est-à-dire vous partez ! », ont écrit des militants associatifs sur des banderoles préparées pour la marche de ce vendredi à Alger.

Les appels à marcher ce vendredi ont été tout aussi nombreux que ceux ayant appelé à marcher pour le 8 mars. La mobilisation ne semble pas s’essouffler mais plutôt prendre encore plus d’ampleur et devenir plus organisée. L’apport des nombreux syndicats et associations au mouvement sera sans doute visible ce vendredi dans les banderoles et pancartes brandies et dans l’organisation et le comportement des cortèges de manifestants.

Alors qu’il était attendu que les décisions de Bouteflika et les interventions médiatiques de Bedoui, Lamamra et Brahimi affaiblissent le mouvement ou divisent l’opinion, c’est le contraire qui semble se passer.

L’ampleur des marches que connaitra l’Algérie lors de ce quatrième vendredi de mobilisation contre le pouvoir sera décisive. Une diminution de celle-ci sera forcément interprétée comme étant un début de satisfaction des revendications populaires alors que son maintien ou son augmentation, sera un camouflet au pouvoir, déjà mis en difficulté par les trois dernières semaines de manifestations pacifiques.

Le nombre de manifestants qu’il y aura aujourd’hui dans les rues des villes algériennes constituera une nouvelle réponse aux propositions du pouvoir, et surtout une réaffirmation du désir de changement, déjà exprimé dans la rue par des millions d’Algériens.

En cas de forte mobilisation, le pouvoir pourrait faire encore des concessions, dans le cas contraire, il va imposer son plan et diriger la transition.

 

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