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Que cache le retour de Amar Saâdani ?

Que cache le retour de Amar Saâdani ?

Sidali Djarboub / NEWPRESS
Amar Saâdani, ex-Secrétaire général du FLN

Sa retraite politique n’aura pas duré longtemps. Après six mois d’absence, l’ancien Secrétaire général du FLN Amar Saâdani brise le silence. À une semaine des élections législatives du 4 mai, il adresse une lettre aux militants de son parti.

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En bon militant, il plaide pour l’unité des rangs, pour un FLN fort. Mais ce message destiné à souder les rangs d’un parti en difficulté intervient toutefois avec beaucoup de retard. La campagne pour les législatives arrive à sa fin. Sept jours seulement nous séparent du jour du scrutin. L’objectif apparent accordé à cette démarche risque fort de ne pas être atteint en si peu de temps.

Un duel à distance Ouyahia – Sellal

Les élections législatives ont aggravé, en effet, les divergences entre les différentes ailes du FLN.  Le mystère entourant le départ précipité de Saâdani n’est pas encore levé. L’espoir nourri chez certains militants avec l’arrivée d’Ould Abbès a été déçu. Les listes électorales ont replongé le parti dans la crise. Un détail qui ne peut échapper à Saâdani.

Dans ce contexte, une question se pose : pourquoi l’ancien chef du FLN a décidé de parler maintenant ? La conjoncture politique est marquée incontestablement par des tentatives de plusieurs acteurs politiques de premier plan de se positionner.

L’offensive d’Ouyahia

Il y a d’abord Ahmed Ouyahia, le Secrétaire général du RND et directeur de cabinet du président Bouteflika. Il a pris un congé spécial de la présidence pour se consacrer entièrement à la campagne électorale de son parti.  Depuis le début de la campagne, Ouyahia sillonne le pays pour officiellement soutenir et défendre les candidats du RND aux législatives du 4 mai. Mais au fil des meetings, le discours du chef du RND a évolué.

Après avoir abordé des questions comme le logement, l’emploi et l’investissement, Ouyahia a attaqué ses adversaires potentiels au pouvoir. Mardi, il a fait le procès de certains de ses camarades, en leur reprochant d’avoir justifié les augmentations des salaires par « l’opulence financière ».  « Il y avait des demandes d’augmentation de salaires. Moi je disais que les salaires augmentent avec l’augmentation de la production », a expliqué le Secrétaire général du RND lors d’un meeting. « Certains camarades disaient qu’il y a une aisance financière ! J’aimerais bien que vous leur demandiez où est cette aisance », a-t-il ajouté. Ouyahia ciblait Abdelaziz Belkhadem et Abdelamlek Sellal.

Sellal occupe le terrain

Mais c’est aussi lui-même en tant que chef du gouvernement qui avait porté le SNMG à 18.000 dinars en septembre 2011. « Le salaire minimum a augmenté de 20% (ce sera effectif en janvier 2012) après avoir augmenté de 30% en décembre 2009. En moins de deux ans, il a augmenté de 50% », a affirmé le Premier ministre à la presse. Ouyahia n’est pas sans savoir aussi  que rien ne se décide sans  l’aval du président Bouteflika. Ses attaques concernent-elles aussi le Président lui-même et sa politique ?

Ouyahia n’est pas le seul à occuper le terrain. Le premier ministre Abdelmalek Sellal a, lui aussi, pris la décision de sillonner le pays en pleine campagne des législatives, avec comme prétexte, les visites d’inspection. Dans son agenda, il a inscrit plusieurs wilayas. Une occasion pour défendre son bilan à la tête du gouvernement. Comme lors de la campagne des présidentielles de 2014, Sellal multiplie les promesses et les inaugurations de « projets », parfois uniquement dans le but de donner l’impression que le pays avance dans la bonne direction.

Derrière ce duel inédit entre Ouyahia et Sellal il y a la bataille pour le poste de Premier ministre. Le chef du RND croit en ses chances de retrouver la tête du gouvernement après les législatives. Face à un FLN affaibli par les divisions, il pense qu’une victoire est possible. Et comme le prochain Premier ministre sera issu du parti majoritaire à l’APN, une victoire du RND ouvrirait grandes les portes du Palais du gouvernement à Ouyahia. D’où son implication. En face, Sellal table sur une victoire du FLN pour garder son poste.

Mais les deux hommes voient aussi plus loin : le Président est à présent malade et la perspective d’un cinquième mandat semble de plus en plus irréaliste, à moins d’un nouveau miracle médical. La succession arrive à grands pas et certains, au sein du pouvoir, commencent à évoquer à demi-mot une présidentielle anticipée qui pourrait avoir lieu à tout moment. Ouyahia et Sellal, chacun représentant une aile du pouvoir, se positionnent.

C’est dans ce contexte que Amar Saâdani prend la parole publiquement à travers une lettre aux militants du FLN. L’homme est réputé proche du cercle présidentiel. Il est considéré comme un fidèle parmi les fidèles du Président. La lettre de Saâdani pourrait signifier qu’une troisième partie est entrée en lice dans cette course pour 2019. Ouyahia et Sellal apparaissent donc comme les premiers concernés par ce message.

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