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Que cache le retour de Saâdani au FLN ?

Que cache le retour de Saâdani au FLN ?

Toufik Doudou / NEWPRESS

Amar Saâdani « revient » au FLN. Certes, l’ancien secrétaire général n’a jamais quitté le parti, en demeurant membre du Comité central, mais la décision de le nommer au sein de la commission des recours en perspective des élections locales suscite tout de même beaucoup d’interrogations qui vont au-delà du fonctionnement interne du FLN.

L’ex-puissant secrétaire général du FLN s’était éclipsé de la scène politique depuis la fameuse réunion du Comité central du 22 octobre 2016 à l’occasion duquel il avait annoncé son retrait de la tête du FLN en évoquant « des raisons de santé ». À quelques jours des dernières législatives, Saâdani sort brièvement de sa retraite pour appeler les militants du parti à l’union dans un contexte de fronde interne liée à la gestion des candidatures. L’initiative n’a pas été appréciée par Ould Abbes. Saâdani est retourné à sa retraite.

Puis, à la surprise générale, on apprenait hier sa nomination au sein de la commission chargée de gérer les candidatures aux législatives. Hier, l’ancien secrétaire général a assisté à la première réunion de la commission de recours tenue à l’hôtel Moncada, à Ben Aknoun. Il était aux côtés d’autres « revenantes » dont plusieurs ex-ministres de Sellal, qu’on croyait définitivement écartés.

Que fait Saâdani au sein de cette commission et pourquoi Ould Abbas a fait appel à lui et à plusieurs ex-ministres Sellal dans cette conjoncture politique bien précise ? Au FLN, le sujet semble tabou. Le parti n’a même pas fait de communiqué pour annoncer les nouvelles nominations. Les membres de la Commission ne répondent pas aux journalistes.

Selon un membre du Comité central du FLN, « Ould Abbas a été instruit par a Présidence à intégrer Saâdani dans la commission des recours ». Il explique : « Ould Abbas n’aurait jamais franchi ce pas sans l’aval de la présidence. Idem pour Saâdani. Il n’aurait jamais accepté ce poste s’il n’avait pas reçu l’ordre d’y adhérer ». En résumé, c’est bien la Présidence qui est à la manœuvre.

Ces dernières semaines, la scène politique nationale a connu des revirements spectaculaires, à commencer par l’éviction de Tebboune et son remplacement par Ahmed Ouyahia au terme d’une guerre menée contre certains hommes d’affaires. Dès sa nomination, Ouyahia s’est empressé d’inviter les partenaires économiques et sociaux à une réunion pour « les tranquilliser » et tourner la page de la confrontation. Il a ensuite reçu le FLN, TAJ, MPA et le RND au Palais du gouvernement. Il y a encore quelques semaines, Amara Benyounes donnait l’impression d’être prêt à partir en guerre, après la série d’humiliations que son candidat au ministère du Tourisme a subies. Mais l’autre jour, il s’affichait tout sourire aux côtés d’Ouyahia et des autres chefs de l’alliance présidentielle.

Après l’épisode Tebboune, les décideurs semblent être passés à une nouvelle étape : mobiliser toutes les forces acquises au pouvoir. Ce qui est en train de se produire aujourd’hui nous rappelle la période qui a précédé les élections présidentielles de 2014 et le quatrième mandat de Bouteflika. Une période durant laquelle le pouvoir avait rappelé plusieurs de ses partisans qui avaient été mis à l’écart quelque temps auparavant. Deux hommes qui semblaient être en disgrâce à cette époque ont été rappelés. Ahmed Ouyahia avait repris son poste de chef du RND avant d’être nommé à la Présidence. Abdelaziz Belkhadem avait été désigné ministre d’État, conseiller du Président.

Aujourd’hui, le pouvoir, affaibli par l’absence prolongée du président Bouteflika, doit faire face à une campagne des partisans de l’application de l’article 102. Même s’il le reconnaît, la campagne le gêne. Il doit également gérer une crise économique, d’une sévérité sans équivalent depuis l’accession de Bouteflika au pouvoir en 1999, face à laquelle il n’a trouvé que « la planche à billets » comme solution. À moins de deux ans de la prochaine présidentielle, c’est une période à hauts risques que le pouvoir traverse.

Dans cette période d’incertitude, le pouvoir ne prend aucun risque. Il fait front en tentant d’afficher son unité comme il y a cinq ans. Sauf qu’en 2013 l’union et le consensus ont été construits autour d’un seul homme, « le candidat moudjahid Abdelaziz Bouteflika ». Aujourd’hui, la candidature de Bouteflika à un cinquième mandat est toujours incertaine à cause de l’état de santé du Président. Et aucun « candidat du consensus » ne semble se dégager. L’union pourrait voler très vite en éclats.

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