
Ce mercredi, le chargé d’affaires de l’ambassade française a été convoqué au siège du Ministère des Affaires étrangères par le directeur général du protocole.
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« Cette convocation intervient suite au communiqué rendu public par la représentation diplomatique française au sujet de l’accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie », précise d’emblée le département d’Ahmed Attaf dans un communiqué parvenu à TSA.
« Inacceptable »
La même source ajoute que l’attention du chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger (l’ambassadeur a été rappelé par le président Emmanuel Macron) a été « fermement attirée sur le grave manquement aux usages diplomatiques, les plus solidement établis, qui caractérise ledit communiqué ».
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Le DG du Protocole du MAE a dit au diplomate français que « par sa forme autant que par son fond », le communiqué de l’ambassade de France était « inacceptable en ce qu’il contenait une présentation tendancieuse des faits et qu’il s’adressait directement à l’opinion publique algérienne pour incriminer devant elle une prétendue responsabilité exclusive et entière du ministère des Affaires étrangères dans la non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie ».
Le communiqué de la diplomatie algérienne ajoute que du « point de vue de la forme, cette manière d’agir de l’Ambassade de France n’est pas tolérable, en ce qu’elle viole l’esprit et la lettre de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961. »
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Ensuite, le ministère des Affaires étrangères aborde la question de fond du problème lié à l’accréditation des personnels consulaires. Ainsi, le DG du protocole a rappelé au diplomate français qu’il « était personnellement le mieux informé des tenants et des aboutissants de cette situation ».
Alger renvoie la balle à Paris en l’accusant d’être responsable de la situation. « La non-accréditation d’agents diplomatiques et consulaires français en Algérie est intervenue bien après une décision française similaire et après épuisement, à l’initiative de la partie algérienne, de toutes les possibilités de règlement de ce différend à la satisfaction des deux pays. Il s’agissait là, ni plus ni moins, que de l’application stricte du principe de réciprocité », explique le ministère des Affaires étrangères.
Le MAE affirme que c’est le gouvernement français qui a été à « l’origine, depuis plus de deux ans, du refus d’accréditation de chefs de poste et d’agents consulaires algériens en France ». Résultat : trois Consuls généraux et six consuls algériens « n’ont pas reçu leurs accréditations sollicitées depuis plus de six mois », ajoute-t-il. À cela, s’ajoutent « 46 agents diplomatiques et consulaires algériens qui n’ont pu rejoindre leur lieu d’affectation en France du fait du silence observé par la partie française quant à leurs demandes d’accréditation », accuse encore le MAE.
Pour la diplomatie algérienne, cette situation qui a été créée, de manière délibérée et calculée, par les autorités françaises « lèse gravement les ressortissants algériens établis en France dans la double mesure où elle impacte les prestations consulaires à leur bénéfice et affecte la qualité de la protection consulaire qui leur est due ».
« Chantage aux visas »
Enfin, le chef du protocole du MAE a « fortement souligné à l’attention du diplomate français qu’il est lui-même conscient de ce que la problématique des visas n’est pas limitativement liée à la question des accréditations et qu’il est de notoriété publique que son gouvernement a érigé cette problématique en levier central du bras de fer qu’il veut imposer à l’Algérie. »
Le ministère des Affaires étrangères observe que le « chantage aux visas continue de la part du gouvernement français. La première phase de ce chantage s’est achevée avec la dénonciation par l’Algérie de l’Accord algéro-français de 2013 sur l’exemption réciproque de visas aux détenteurs de passeports diplomatiques et de service. Aujourd’hui, les autorités françaises ouvrent une seconde phase qui concerne les passeports ordinaires qu’elles entendent gérer par le chantage, le marchandage et l’intimidation ».