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Référendum du 1er novembre : une campagne sur fond de polémiques

Référendum du 1er novembre : une campagne sur fond de polémiques

Les Algériens sont appelés à s’exprimer sur le projet de révision constitutionnelle le 1er novembre prochain lors d’un référendum populaire. Les autorités et les partis traditionnellement proches du pouvoir comme le FLN et le RND sont mobilisés pour convaincre les Algériens de voter « oui ».

En Algérie, les partisans de la nouvelle Constitution multiplient les meetings populaires et les interventions télévisées depuis le début de la campagne pour le référendum du 1er novembre sur la révision constitutionnelle.

Après deux semaines de déclarations et rencontres avec la population, de nombreuses polémiques ont éclaté. En l’absence sur le terrain d’une partie de la classe politique, précisément les partis qui rejettent le projet ou la démarche adoptée par les autorités, plusieurs de ceux qui sillonnent le pays pour convaincre de l’importance de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale se sont distingués par des sorties qui ont enflammé les réseaux sociaux.

La campagne a démarré sur une petite polémique suite à la décision de l’autorité électorale (Anie) de fortement limiter le champ des intervenants en réservant le droit d’animer la campagne aux seuls partis disposant d’une représentation conséquente dans les assemblées élues.

Même ceux qui remplissent ce critère, mais qui ont un autre avis sur le projet de révision constitutionnelle, se sont retrouvés face au refus de l’administration d’autoriser leurs rassemblements, lequel refus a fait l’objet de plusieurs dénonciations publiques, de la part du MSP notamment.

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Les meetings populaires et les interventions dans les médias sont donc assurés presque exclusivement par des membres du gouvernement, les traditionnels soutiens du pouvoir dont le FLN et le RND et des associations de la société civile.

Ce sont ensuite les images des meetings qui feront débat au sein de la société algérienne et sur les réseaux sociaux. En pleine recrudescence de la pandémie de Covid-19 en Algérie et alors que les autorités multipliaient les appels à la vigilance et au respect des mesures de distanciation sociale, plusieurs partis tiennent des rassemblements dans des salles bondées, sans aucun respect des mesures préventives, comme le port du masque et la distanciation physique.

Chez des partis comme le FLN et le RND par exemple, l’enjeu de se replacer après l’épreuve du hirak et de démontrer qu’ils n’ont rien perdu de leur ancrage et que leurs machines électorales peuvent toujours être utiles, l’a emporté sur l’impératif de donner l’exemple en matière de respect des directives sanitaires.

Cela n’a pas échappé aux observateurs et aux internautes qui n’ont pas manqué de rappeler que des partis se sont vu refuser l’autorisation de tenir des réunions organiques par mesure de précaution.

Les vrais débats occultés

Au fil des meetings, les propos controversés se multiplieront et enflammeront la Toile algérienne. On notera cette menace brandie par le secrétaire général du FLN de faire parler « l’épée d’el Hadjadj » face aux opposants à la démarche actuelle.

Autre déclaration très discutée sur les réseaux sociaux, celle du ministre des Affaires religieuses, Youcef Belmahdi qui a émis une « fetwa » d’un genre particulier, assurant que voter ‘oui’ au prochain référendum c’est se conformer aux recommandations du Prophète.

Mais la déclaration de son collègue de la Jeunesse et des Sports, qualifiée unanimement de « dérapage », reste celle qui a fait le plus réagir. Sid Ali Khaldi était jeudi en campagne à Alger quand il a invité ceux qui n’étaient « pas contents » de la constitutionnalisation de la déclaration du 1er novembre de « changer de pays ».

Devant l’ampleur prise par les réactions à ses propos, le ministre a dû présenter des excuses publiques, expliquant qu’il ne visait par les opposants au projet de révision, mais les détracteurs du texte fondateur de la révolution algérienne.

En marge de la campagne, d’autres polémiques ont éclipsé le sujet de l’heure. Comme ce comportement du wali d’Oran qui a tourné le dos à une enseignante qui lui faisait découvrir l’état calamiteux du mobilier de son établissement.

Là aussi, les choses ont pris une telle proportion que le Premier ministre a dû intervenir en personne pour recadrer le haut fonctionnaire et apporter son soutien à l’enseignante. L’incident était d’autant plus préjudiciable pour le gouvernement qu’il contraste avec l’image des tablettes électroniques distribuées le jour même aux élèves de Batna sous les yeux de Abdelaziz Djerad.

Quelques jours auparavant, et loin de la campagne, c’était une actrice qui a enflammé les réseaux sociaux par une vidéo dans laquelle elle dénonçait, « maladroitement » pour certains, les violences faites aux femmes et le harcèlement de rue.

Sur toutes ces polémiques, tout le monde y est allé de son avis, occultant les vrais débats attendus à l’occasion d’une échéance qui engage l’avenir de l’Algérie, soit la teneur même du projet de révision constitutionnelle. Mis à part peut-être l’acharnement du courant islamiste à contester le statut conféré à Tamazight.

Le MSP et surtout le PJD d’Abdallah Djaballah ont rejeté le projet de révision constitutionnelle à cause justement du statut de cette langue dans la nouvelle Constitution. Le parti El Bina de Bengrina s’est aligné sur les positions du MSP et du PJD concernant Tamazight, mais a fini par se ranger du côté des soutiens au projet de révision constitutionnelle, en appelant à voter « oui ».

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