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Remaniement : l’énigme Lamamra

Remaniement : l’énigme Lamamra

Il était « Le poids lourds » du gouvernement sortant. Considéré comme l’un des diplomates et des ministres les plus brillants d’Algérie, Ramtane Lamamra n’a pourtant pas été reconduit dans ses fonctions de ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le nouvel Exécutif de Tebboune. Il est remplacé par  Abdelkader Messahel qui hérite du titre de ministre des Affaires étrangères.

Ramtane Lamamra dont le mérite sans doute est d’avoir redonné quelque peu, depuis sa nomination, une certaine visibilité à la diplomatie algérienne, qui a pâti de l’absence du président de la République pour ses soucis de santé, cède son poste à un diplomate de carrière, certes, mais avec moins de galons.

Son maintien au poste paraissait naturel dans la mesure où ceux qui l’ont côtoyé lui prêtent la maîtrise de plusieurs dossiers dont les conflits en Afrique, le système des Nations unis, le nucléaire, l’énergie, le désarmement et surtout la question sahraouie dont il était observateur à Manhasset. Parfait polyglotte, il a occupé de nombreux postes y compris les plus prestigieux : ambassadeur à l’ONU et à Washington.

Dans ce contexte, la question coule de source : pourquoi a-t-il été « écarté » ? Faisait-il de l’ombre au président de la République dont la diplomatie est considérée comme un « jardin sacré » ? Serait-il pressenti pour occuper le poste vacant d’ambassadeur en France, un poste stratégique pour Alger, surtout avec l’arrivée à l’Élysée d’Emmanuel Macron que Lamamra avait qualifié « d’ami de l’Algérie » ? Ou fait-il les frais du long feuilleton de la lutte des clans ? Ou alors a-t-il été sacrifié pour calmer la tension avec le voisin marocain où Lamamra est perçu comme un adversaire redoutable par la diplomatie marocaine ? Ces dernières semaines, Lamamra a été la cible d’une campagne virulente de la presse marocaine.

Les signes de la disgrâce étaient apparus depuis un moment. En plus de « l’échec » (ou « sabotage » ?, c’est selon), du Forum africain en décembre dernier, Lamamra a été dépossédé de certains dossiers chauds, notamment le dossier libyen et de façon globale, celui du terrorisme, un sujet mondial de l’heure.

Il y a une dizaine de jours, c’est Abdelkader Messahel qui a été désigné pour représenter le chef de l’État aux travaux du Comité des dix chefs d’États et de gouvernements de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, qui se sont tenus du 15 au 17 mai à Malabo (Guinée équatoriale).

Lundi dernier, il était à Bruxelles pour visiter ses institutions avant de participer, le lendemain, à la 8e Rencontre internationale des hauts responsables des questions de sécurité en Russie. Un activisme trop important pour qu’il n’annonce pas un changement en vue. Et Messahel jouit aussi d’un atout de taille : il est de l’Ouest, comme le président Bouteflika…

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