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Retombées du référendum : quelles perspectives pour la situation politique ?

Retombées du référendum : quelles perspectives pour la situation politique ?

L’Algérie s’est dotée d’une nouvelle Constitution à l’issue du référendum du 1er novembre. Il ne reste plus, en théorie, que sa promulgation par le président de la République Abdelmadjid Tebboune pour son entrée en vigueur.

La maladie surprise du chef de l’État a quelque peu chamboulé le calendrier établi, qui prévoyait l’élaboration, juste après l’adoption de la révision constitutionnelle, de la loi électorale pour passer sans tarder au renouvellement des assemblées élues.

Il est aujourd’hui certain que l’objectif d’entamer l’année 2021 avec de nouvelles assemblées est quasiment hors d’atteinte. Quand bien même le programme sera maintenu, la poursuite de sa mise en œuvre est tributaire du temps que mettra le président pour se rétablir.

Beaucoup s’interrogent en outre s’il sera possible au pouvoir -que Tebboune revienne rapidement aux affaires ou qu’une nouvelle réalité s’installe au sommet de l’État-  d’ignorer les retombées du référendum du 1er novembre.

Même si d’aucuns interprètent la très forte abstention (plus de 76 %) comme un indice du début du changement promis, en ce sens que les urnes n’ont pas été bourrées comme d’habitude, elle révèle aussi que la crise politique est loin d’être réglée, que la défiance est toujours là et qu’il faudra d’autres arguments pour vendre la démarche actuelle.

Surtout, le faible taux de participation a dévoilé un pan de la carte politique nationale actuelle : les traditionnels soutiens du pouvoir ont perdu toute influence dans la société et la force sur laquelle on lui prête l’intention de s’appuyer lors des prochaines échéances, soit les organisations de la société civile, ont montré toutes leurs limites et leur inexpérience dans la mobilisation.

« Nos partis sont des coquilles vides. La société civile n’a rien ramené. Mais pour faire de la politique, il faut des partis. Les responsables peuvent aider à encourager la création de véritables partis. Par exemple, le FLN qui a fait la révolution, et celui du 7 milliards pour une place à l’Assemblée, ce n’est pas la même chose. Et puis, cette histoire de la société civile, les gens disent que ça ressemble au système qui était en vigueur en Libye quand Mouammar Kadhafi était au pouvoir. C’est-à-dire la Jamahiriya ou les comités populaires demandaient des comptes à des responsables. C’est de l’anarchie. Le ministère de l’Intérieur doit ouvrir les portes parce qu’elle a tout fermé », résume Mohand Ouamar Benlhadj, secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidin (ONM), en parlant de la carte politique algérienne après le référendum du 1er novembre.

Tétanisés par les résultats du référendum, les acteurs de la société civile qui ont animé la campagne pour le « oui » se taisent dans un silence qui renseigne sur l’étendue de leur échec. Manifestement, le pouvoir aura du mal à compter sur eux pour lancer ses prochains chantiers.

Autant de nouvelles donnes qui pourraient amener les tenants de la décision à reconsidérer leur démarche dans les semaines à venir. Continuer à faire cavalier seul ne garantit pas de meilleurs résultats. D’autant que l’argument de l’absence de propositions sérieuses, mis en avant pendant des mois, risque de ne plus tenir maintenant que, sur la scène, les offres concrètes de dialogue commencent à se manifester, émanant, au moins pour une d’entre elles, jusque des entrailles du Hirak.

Des initiatives qui n’excluent pas le pouvoir

Il s’agit de l’initiative Nida-22, lancée le 22 février par des acteurs connus et reconnus du mouvement populaire. L’initiative propose d’abord un dialogue intra-Hirak pour arriver à une conférence nationale devant déboucher sur un consensus pour une sortie de crise incluant le pouvoir.

Avec cette nouveauté qui change tout, à savoir que la démarche ne s’inscrit plus dans la logique radicale de « yetnehaw gaâ », comme il a été expliqué lors de la conférence virtuelle tenue dans la nuit du 31 octobre.

L’autre initiative émane du Front des forces socialistes (FFS) qui vient de claquer la porte du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD) pour déterrer son vieux projet de « consensus national » à travers une « Convention politique nationale ».

« Seul un véritable dialogue inclusif avec l’ensemble des forces et personnalités politiques, dans un climat apaisé, d’ouverture politique et médiatique, est à même de permettre au pays de sortir », a indiqué son premier secrétaire Youcef Aouchiche, reconnaissant lui aussi que, « objectivement, on ne peut pas évoquer un consensus national et exclure le pouvoir ».

D’aucuns souligneront que le FFS n’aura pas plus de chance de réussir en faisant cavalier seul après avoir échoué à faire bouger les choses en s’associant à six formations politiques, ou encore que sa propre crise interne est loin d’être résolue avec deux ailes qui se disputent la légitimité de le représenter, mais il reste que son initiative a le mérite d’exister et d’offrir un cadre supplémentaire de réflexion pour une sortie de crise.

Ceux qui espèrent voir les choses bouger dans l’immédiat doivent néanmoins patienter, au moins jusqu’au retour aux affaires du chef de l’État. La maladie de ce dernier a comme sclérosé davantage la scène politique et c’est logiquement qu’on n’a pas assisté à beaucoup de positionnements vis-à-vis de Nida-22 ou l’offre du FFS autant de la classe politique que de la société civile.

 

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