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Rupture entre l’Algérie et le Maroc : Rahabi charge Mohamed VI

Rupture entre l’Algérie et le Maroc : Rahabi charge Mohamed VI

Les relations entre l’Algérie le Maroc sont officiellement rompues depuis mardi 24 août. La rupture a été décidée par l’Algérie suite à une série d’ « actes hostiles » répétés du Maroc, dont la diplomatie a notamment apporté ouvertement son soutien à un mouvement séparatiste algérien.

Malgré la gravité de l’acte, la rupture aurait pu être évitée si le roi du Maroc Mohamed VI avait apporté une réponse à l’interpellation de l’Algérie sur la question, estime le diplomate algérien Abdelaziz Rahabi.

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Le 14 juillet, le représentant du Maroc à l’ONU a remis une note aux membres du mouvement des Non-alignés, dans laquelle il a appelé à « l’autodétermination du vaillant peuple kabyle ».

En réaction, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Rabat et exigé du gouvernement marocain de clarifier les choses et de préciser si la note était l’initiative de l’ambassadeur ou de l’État marocain.

Les choses auraient pu en rester là, estime Rahabi, qui s’est exprimé ce jeudi 26 août sur la question dans un entretien avec l’agence officielle APS.

« Dans cette situation, j’estime que l’appel lancé à l’ONU par le Maroc, en juillet dernier, visant à provoquer une sédition en Algérie, a été un point de rupture, pouvant être atténué par un geste du roi du Maroc, qui curieusement est venu sous la forme d’une demande de réouverture des frontières. Cela a été considéré comme un manque de considération et une attitude qui prend la forme d’une caution à l’appel à la sédition en Algérie », analyse-t-il.

Dans son discours à l’occasion de la fête du trône, le 31 juillet, le roi Mohamed VI a complètement ignoré l’incident, lançant plutôt un appel à son homologue algérien pour la réouverture des frontières et l’établissement de relations sereines et fraternelles. Son appel sera qualifié de « prétendue main tendue » par Alger.

L’Algérie a au contraire « fait preuve de retenue et de responsabilité en pariant favorablement sur une réaction royale à la hauteur de la gravité de l’ingérence directe du Maroc contre l’unité de son peuple », estime l’ancien ministre de la Communication.

L’intégration maghrébine « sabordée » par les Marocains et les Tunisiens

Mais il semble que la rupture était inévitable dès lors qu’il y a « une volonté de nuire délibérée et matérialisée du Maroc qui dépasse le stade de la conjoncture », ajoute-t-il, citant la teneur de la déclaration liminaire du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, dans laquelle il a présenté les fondements de la décision de rupture.

« Il y a des attitudes durables qui relèvent d’une hostilité permanente très peu courante dans les relations internationales et surtout entre pays voisins », souligne Rahabi, qui va plus loin et s’interroge s’il n’y a pas eu un « soutien inconditionnel ou bienveillant des pays alliés du Maroc ».

« Cette question se pose et pose celle de l’opportunité de réexaminer avec sérénité, et en tenant compte de nos intérêts, l’ensemble de nos relations avec ces pays », dit-il.

Concernant l’échec du projet de l’intégration maghrébine, Abdelaziz Rahabi l’impute d’abord au fait que « la société maghrébine est loin d’être un acteur déterminant » dans le déroulement du processus puis à l’attitude des Marocains et des Tunisiens qui « envisageaient déjà leur intégration avec l’Europe en signant dès 1994 et 1995 des accords d’association avec l’Union européenne en pleine crise politique et sécuritaire en Algérie, violant ainsi le principe de solidarité qui est le socle normatif de tout projet d’intégration ».

Il cite aussi la nouvelle donne géopolitique qui fait de l’Afrique du Nord et du Sahel un théâtre de luttes d’influence régionale, « ce qui a forcément conduit les Maghrébins à s’inscrire dans des alliances ou des positions différentes et parfois antagoniques ».

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