
À quelques jours de la réunion du Conseil de sécurité, prévue fin octobre courant, pour se prononcer sur le nouveau mandat de la MINURSO (Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara occidental), les Émiratis et la France font le forcing au niveau des membres du conseil de sécurité en faveur du Maroc.
Selon nos sources, les représentants de ces deux alliés de Rabat tentent de convaincre les membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour « faire passer la résolution sur la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ».
A lire aussi : Jamel Debbouze : son restaurant à Paris épinglé pour vente de vins israéliens
Alors que chaque année, un seul point est inscrit à l’ordre du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental : la prolongation du mandat de la Minurso, mais cette fois, les alliés de Rabat veulent changer la donne, en introduisant une résolution sur le plan d’autonomie marocain comme seule solution pour le conflit sahraoui.
La France a acté en juillet 2024 son alignement total sur les thèses de Rabat concernant les territoires sahraouis et les Émirats arabes unis est un allié de longue date du royaume.
A lire aussi : Le Sahara occidental au Ticad 2025 : nouveau revers pour le Maroc
La contre-offensive du Polisario
Ce forcing survient alors que le Polisario a lancé une contre-offensive diplomatique pour contrer les soutiens de Rabat. Mardi, il a dévoilé avoir transmis une « proposition élargie » au SG de l’ONU pour une solution au conflit au Sahara occidental basée sur le référendum.
Jeudi, le chef de la diplomatie sahraouie a donné quelques détails clés sur cette proposition. Dans des déclarations à l’AFP et reprises par le journal « Le Monde », Mohamed Yeslem Beissat, ministre des Affaires étrangères du Front Polisario, a fait savoir que le Polisario consent à soumettre le plan marocain de 2007, amendé de quelques points, à consultation populaire.
A lire aussi : Gaza : l’ONU déclare officiellement l’état de famine et accuse Israël
Le responsable sahraoui a détaillé les contours d’une « proposition élargie » présentée lundi au Conseil de sécurité des Nations unies, d’après la même source. Celle-ci inclut les trois options prévues par le droit international : l’indépendance, l’intégration ou le pacte d’association libre, cette dernière pouvant, selon lui, « ressembler à ce que propose le Maroc ». « Le Front Polisario fait un pas vers les Marocains, mais discuter de la proposition d’autonomie en dehors du cadre d’un référendum n’est pas envisageable », a-t-il souligné.
Selon Mohamed Beissat, « il est impératif de présenter aux Sahraouis plusieurs options, y compris l’indépendance ; s’ils choisissent une option, quelle qu’elle soit, nous l’accepterons ». « Tout est prêt pour organiser le référendum depuis l’an 2000, après le recensement des électeurs effectué par les Nations unies », a-t-il précisé.
Cette déclaration, à la veille d’une échéance cruciale, peut paraître comme une avancée majeure dans le dossier sahraoui, un différend qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat et bloque depuis des décennies la construction maghrébine. En réalité, le Front Polisario met le Maroc et ceux qui se sont arrogés le droit d’octroyer de terres qui ne leur appartiennent pas à d’autres dans une situation difficile.
Le référendum, le cauchemar de Rabat
« L’objectif du Polisario est le référendum. Le Maroc a déjà rejeté cette option. Le Maroc n’ira jamais au référendum qui sera un modèle pour le Rif. A-t-on vu un peuple voter contre son indépendance ? », analyse un spécialiste algérien de la question sahraouie.
Au motif de difficultés à l’établissement d’un fichier électoral, le Maroc s’est depuis longtemps employé pour torpiller toute idée d’organisation d’un référendum au Sahara occidental.
Depuis 2007 et inspiré par la France, le royaume propose au Sahara occidental un plan d’autonomie dans le cadre de sa seule souveraineté. Ce plan a été appuyé à la surprise générale en 2020 par le Président américain Donald Trump en contrepartie de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël.
En juillet 2024, la France qui par la voix du président Emmanuel Macron a reconnu la marocanité du Sahara occidental.
Cette évolution dans la question sahraouie intervient alors que des voix, comme celles du conseiller de Trump, Steve Witkoff, reprenant une rhétorique marocaine, tentent de présenter l’Algérie comme partie prenante du conflit.
Dans un entretien à CBS publié dimanche 19 octobre, le conseiller de Trump pour le Moyen-Orient a déclaré que son équipe travaillait sur un « accord de paix d’ici 60 jours » entre l’Algérie et le Maroc.
Des propos aux relents de manœuvre, d’autant que les deux pays ne sont pas en conflit ouvert. Mercredi, l’ancien ministre et diplomate, Abdelaziz Rahabi a estimé que l’ONU est utilisée comme un instrument de validation des positions occidentales sur le Sahara occidental.
Selon lui, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni orchestrent une « opération d’influence » visant à présenter le conflit sahraoui comme un simple différend algéro-marocain, légitimant de fait l’occupation du Sahara occidental et consolidant le rôle du Maroc dans la région. Il accuse ces pays de vouloir transférer la souveraineté sahraouie à la puissance occupante, en s’appuyant sur une logique « néocolonialiste ».