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Sahara occidental : le nouveau stratagème du Maroc pour acter le fait accompli

Le Maroc tente d’amadouer le Mali et le Niger ainsi que le Tchad par la promesse d’un projet irréaliste et entaché du sang des Sahraouis qui vise au désenclavement via un accès sur l’Atlantique, via le Sahara occidental occupé.

L’objectif est double : acter la colonisation du Sahara occidental et contrer la transsaharienne algérienne.

Le Maroc est-il en train de mettre à profit l’instabilité dans la région du Sahel pour y placer ses pions ? C’est ce que laisse penser l’activisme du Royaume auprès des pays les plus instables de la région, le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Le Maroc tente de les amadouer, ainsi que le Tchad, par la promesse d’un désenclavement via un accès sur l’Atlantique, via le Sahara occidental occupé.

Le Mali, le Niger et le Burkina Faso sont dirigés par des régimes issus de coups d’État perpétrés ces dernières années et font face à un regain de l’activité terroriste.

Ils sont aussi tous enclavés dans la bande sahélienne, sans aucun accès à la mer. Leur autre particularité est que leurs gouvernements respectifs sont en froid avec la France dont ils ont exigé et obtenu le retrait de ses troupes.

Enfin, et ce n’est pas le moindre de leurs points communs, deux de ces pays, le Mali et le Niger, sont des voisins directs de l’Algérie avec laquelle ils partagent une longue frontière terrestre. Aux quatre pays de la région, le Maroc vient de proposer une alliance économique et géopolitique.

La nouvelle stratégie du Maroc pour imposer le fait accompli au Sahara occidental et s’implanter en Afrique passe par sa façade atlantique, dont une partie est occupée illégalement étant donnée qu’elle fait partie du territoire du Sahara occidental.

Elle a été déclinée par Mohamed VI dans un discours prononcé début novembre dernier. Le roi avait annoncé un projet de « mise à niveau » du littoral atlantique qu’il a qualifié de « porte du Maroc sur l’Afrique », insistant sur la nécessité de « structurer cet espace géopolitique au niveau africain ».

« Alliance stratégique » avec les pays du Sahel : que cherche le Maroc dans la région ?

Le week-end dernier, samedi 23 décembre, le Maroc a accueilli à Marrakech les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger, du Tchad et du Burkina Faso avec pour ordre du jour, comment « favoriser l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique ».

Une kyrielle de promesses leurs a été faite, dont l’accès à l’Atlantique et l’ouverture du commerce international à ces pays à travers l’utilisation des infrastructures de transport du Royaume.

Dans le communiqué final diffusé par le ministère marocain des Affaires étrangères, il a été indiqué que les participants ont « remercié » le roi « de mettre à la disposition des États du Sahel ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires en vue de renforcer leur participation au commerce international ».

L’initiative n’est cependant qu’au stade de projet et sa concrétisation paraît plus que difficile. Le roi Mohamed VI avait reconnu lui-même dans son discours du 6 novembre dernier que le projet nécessite la mise à niveau des infrastructures des États du Sahel et leur connexion « aux réseaux de transport et de communication implantés dans leur environnement régional ».

Des travaux d’Hercule sont nécessaires pour doter ces pays pauvres et en proie au terrorisme d’infrastructures de base de qualité. Des financements importants y seront nécessaires et ni le Maroc et encore moins le Mali et le Niger y sont capables de faire face.

Avec sa façade atlantique qu’il occupe illégalement, le Maroc cherche à apporter une réponse à la transsaharienne algérienne qui relie Alger à Nouakchott qui est la véritable porte de l’Afrique à partir de la Méditerranée.

Cette route qui existe depuis des siècles permet aux pays de l’Afrique subsaharienne d’accéder à la Méditerranée et aux ports algériens. Elle n’a pas d’équivalent en Afrique du nord.

En réalité, le Maroc cherche plutôt à tirer des dividendes politiques et diplomatiques de son projet en amadouant le Mali et le Niger à reconnaître implicitement l’occupation du Sahara occidental.

Il n’y a pas de doute que le Maroc cherche à doubler l’Algérie dont l’approche, plus réaliste, pour le règlement de la crise du Sahel est axée sur l’aide au développement économique de la région.

Outre le désenclavement des pays du Sahel, le Maroc cherche aussi à produire de l’électricité verte au Sahara occidental pour l’exporter vers l’Europe. Un projet qui vise aussi à acter la politique de fait accompli au Sahara occidental.

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