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Saïda Neghza, une femme d’affaires qui ne laisse pas indifférent

Saïda Neghza, une femme d’affaires qui ne laisse pas indifférent

Saïda Neghza est présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), une des nombreuses organisations du patronat algérien.

Les Algériens ont découvert la femme d’affaires surtout après ses nombreux bras de fer avec Ali Haddad, qui a présidé l’ex-FCE (devenu CAPC) pendant de nombreuses années et soutien indéfectible de Bouteflika.

Les pratiques unanimement dénoncées aujourd’hui, elle les avait pointées du doigt en leur temps. Ce n’était pas facile, ni sans risque. Des industriels plus « costauds » et même des politiques haut placés s’étaient publiquement plaints de la capacité de nuisance d’hommes d’affaires proches du cercle présidentiel.

Mais Neghza ne ratait pas une occasion pour s’opposer au patron du FCE et l’ETRHB et de le fustiger. Surtout lorsque c’est lui-même qui prête le flanc. En 2015, Haddad avait tenu de malheureux propos, sur le ton de la plaisanterie peut-être, lorsqu’il a invité les Chinois à venir en Algérie « où il y a beaucoup de femmes ».

« Je me sens humiliée, ainsi que toutes les femmes algériennes », avait réagi la femme d’affaires, qui appellera le président de la République à intervenir « pour mettre fin à ces agissements », non sans interroger Ali Haddad sur l’origine de sa fortune.

Elle aussi avait soutenu l’ancien président, mais elle s’est distinguée par son opposition au complot qui avait visé pendant l’été 2017 Abdelmadjid Tebboune, alors Premier ministre.

Elle avait refusé de signer une motion de soutien à Ali Hadad, initiée par ce dernier et le patron de l’UGTA à l’époque, Abdelmadjid Sidi Saïd, au cours d’une réunion à l’hôtel Aurassi.

C’était le début de la chute du Premier ministre Tebboune qui avait entrepris dès sa nomination trois mois plus tôt à « séparer l’argent de la politique » et montré son hostilité vis-à-vis d’Ali Haddad.

« Ils prétendent défendre le programme du Président alors qu’ils s’attaquent à son Premier ministre désigné par le même chef de l’État et à l’effet, précisément, d’appliquer ce même programme. Par ailleurs, à ma connaissance, c’est la première fois qu’un syndicaliste, censé être au service des travailleurs, en vient à soutenir, de cette manière, le patronat contre une action du gouvernement qui cherche à dialoguer et à rationaliser les dépenses », avait-elle déclaré publiquement.

« 1000 Rebrab » et « non 1000 Haddad »

Aujourd’hui, la CGEA est peut-être la plus active des organisations patronales algériennes. Sa présidente sillonne le pays de long en large, va à la rencontre des petits industriels du sud, de Kabylie, de l’est et de l’ouest, discutant avec eux et rapportant leurs doléances qu’elle tente de faire parvenir jusqu’aux plus hautes autorités.

Elle a beaucoup fait parler d’elle lorsque, il y a une dizaine de jours, elle s’est rendue à Bejaïa où elle a visité les installations du groupe Cevital. Dans une déclaration largement partagée sur les réseaux sociaux, elle a émis le vœu de voir créer « 1000 Rebrab » et non bien entendu « 1000 Haddad ».

Elle s’en est prise « à ceux qui veulent casser ce groupe », « le plus grand groupe d’Afrique » et la « Issaba cachée » qui a « brisé tous les hommes honnêtes » et qui « continue à casser l’Algérie et à saboter le programme du président de la République ».

Toujours à Bejaïa, elle a pris la défense d’un autre industriel qui se voit mettre les bâtons dans les roues par le maire de sa propre commune. La même attitude de l’administration locale est dénoncée lors d’une visite qu’elle a effectuée dans plusieurs wilayas, comme Ouargla où elle s’est rendue récemment. « Ce n’est pas normal, j’ai visité 17 wilayas et je n’ai pas rencontré un seul opérateur satisfait », dénonce-t-elle.

« C’est le siège de Haddad, l’argent de Haddad, les hommes d’affaires de Haddad »

Les vidéos de ses visites sont largement partagées, notamment celle où elle prend la défense d’Issad Rebrab, et ses propos ne laissent personne indifférent. Sur les réseaux sociaux, elle reçoit des éloges, mais aussi des critiques qui, pour elle, ne peuvent émaner que de ceux qu’elle a « combattu hier »…

Hier dimanche, Said Neghza a décidé de contre-attaquer. « J’ai visité 17 wilayas. Ma dernière visite, je l’ai effectuée hier à Tizi Ouzou. En tout, 17 pages Facebook ont été ouvertes hier pour m’attaquer en disant que je fais partie des personnes qui soutiennent Rebrab », a-t-elle expliqué dans une déclaration DZ News.

Se disant prête à tout, y compris mourir pour défendre ses positions et dire ce qui est juste, Saida Neghza accuse publiquement la Confédération algérienne du patronat citoyen (CPAC, ex-FCE) d’être le visage de la issaba qui veut casser les hommes d’affaires honnêtes. Elle l’accuse d’être au service d’Ali Haddad, qui croupit en prison après avoir été lourdement condamné pour des faits de corruption.

« Il y a une association qui s’appelait le FCE. Ils lui ont juste changé le nom, mais les personnes sont les mêmes. On ne peut pas dire que la issaba est partie. Je dis que la issaba existe, et elle est connue. Il n’est pas possible d’avoir une association qui a combattu le Président et les hommes d’affaires et tous les Algériens. Et aujourd’hui, elle change de nom. Il faut changer les personnes », a accusé Mme Neghza.

Et d’ajouter : « Le siège du FCE existe toujours. Comment se fait-il qu’une association change de nom mais reste au siège de Haddad (Ali Haddad, ex-patron du FCE). C’est le siège de Haddad, l’argent de Haddad, les hommes d’affaires de Haddad. Où est notre gouvernement ? »

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