Politique

Sénat algérien : Salah Goudjil s’en va, qui est son potentiel successeur ?

Une ère se termine pour le Conseil de la nation (Sénat), la chambre haute du parlement algérien. Salah Goudjil, qui a présidé cette institution ces six dernières années, a annoncé ce dimanche 18 mai son départ, à 94 ans.

Un nom a vite surgi pour lui succéder. Il s’agit de Azouz Nasri, ancien président de la Cour suprême et ancien membre de l’ex-Conseil constitutionnel, devenu la Cour constitutionnelle après la révision constitutionnelle de 2020.

Salah Goudjil, ancien membre de l’Armée de libération nationale (ALN) et ancien ministre, avait remplacé au poste de président du sénat le défunt Abdelkader Bensalah, devenu chef de l’État par intérim après la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019.

Il a été confirmé par vote en février 2021 puis réélu en février 2022. Avant de devenir président de l’Institution, Goudjil était sénateur désigné dans le tiers présidentiel (non élu) depuis janvier 2013. 

En vertu de la constitution algérienne, le président du conseil de la nation assure l’intérim de la présidence de la République pendant 90 jours en cas de vacance du poste, pour décès, démission ou tout autre empêchement du président de la République. C’est à ce titre qu’il est considéré comme le deuxième personnage de l’État.

Pendant les six années qu’il a passées à la tête de l’institution, Salah Goudjil s’est distingué par ses interventions publiques sur des questions de politique nationale et de diplomatie ainsi que par ses contributions au débat historique en sa qualité d’ancien Moudjahid.

À 94 ans, l’heure est venue pour lui de passer la main. La Cour constitutionnelle avait du reste rendu un avis en novembre dernier par rapport aux dispositions de la Constitution relatives au nombre des mandats des sénateurs et leur durée, ainsi que sur le mandat du président du conseil de la nation.

C’est Goudjil lui-même qui a saisi la Cour pour rendre un avis sur l’interprétation de l’article 122 de la Constitution de 2020 qui stipule que “nul ne peut exercer plus de deux mandats parlementaires consécutifs ou séparés”.

Dans son avis rendu le 24 novembre 2024, la Cour constitutionnelle a indiqué que les dispositions de l’article 122 sont “claires et ne présentent aucune ambiguïté, confusion ou contradiction avec d’autres dispositions”, et que le mandat du Conseil de la nation est fixé à six ans et nul ne peut exercer plus de deux mandats parlementaires, séparés dans le temps ou consécutifs. C’était le clap de fin pour Salah Goudjil.

 

 

Azouz Nasri, un homme “reconnu pour son expertise juridique et son engagement politique”

 

Dans un message d’adieu adressé aux membres du Conseil de la nation ce dimanche 17 mai, Salah Goudjil a souligné qu’il a assumé cette responsabilité ”dans une période nationale décisive marquant le début d’une nouvelle ère pour l’Algérie” et s’est dit fier que son mandat à la tête du Conseil de la nation “ait accompagné un renouveau national, né d’un Hirak authentique et béni qui a concerné pacifiquement tout le territoire national, réclamant le changement et l’éradication de la corruption”.

 “Je vous quitte en vous laissant et vous transmettant ce testament des Martyrs : Prenez soin de l’Algérie”, a-t-il indiqué à l’adresse de ses désormais ex-collègues. “Je pars l’âme apaisée, convaincu que l’Algérie victorieuse ne faiblira pas grâce à la force de ses institutions”, a-t-il assuré.

Dans les couloirs du siège du sénat, un nom semble faire l’unanimité pour succéder à Salah Goudjil. “Au nom du groupe du tiers présidentiel, nous allons présenter M. Azouz Nasri comme candidat à la présidence du conseil de la nation”, a déclaré ce dimanche à la presse le président du groupe du tiers présidentiel, Saad Arrous. La présentation de la candidature de Azouz Nasri se fera ce lundi 19 mai. C’est l’unique candidature déclarée pour le moment. 

Azouz Nasri est un ancien magistrat. Il a notamment exercé les fonctions de président de la Cour de Constantine dans les années 1980 puis de la Cour suprême entre 1995 et 2001. Entre 1989 et 1995, il a été membre du Conseil constitutionnel, devenu la Cour constitutionnelle.

Nasri a fait un passage dans la politique en rejoignant le parti Talae Al Houriate (Avant-garde des libertés) qu’il quittera après le départ de son fondateur Ali Benflis. Il a été nommé sénateur dans le tiers présidentiel par le président Abdelmadjid Tebboune en février 2022.

Le quotidien El Watan a écrit de lui qu’il s’agit d’un homme “reconnu pour son expertise juridique et son engagement politique”, rappelant que, en tant que membre du bureau politique chargé de la gestion du processus électoral lors des élections locales de 2017, il avait dénoncé l’application rétroactive de la loi électorale et les obstacles rencontrés par les candidats dans la collecte des signatures.

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