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Sila 2024 : quatre écrivains franco-algériens parlent de l’Algérie

Sila 2024 : quatre écrivains franco-algériens parlent de l’Algérie

Via Pixabay
Écrivain

L’Algérie n’attire pas seulement des entrepreneurs de sa diaspora. De plus en plus d’écrivains de la diaspora algérienne résidant en France jettent leur dévolu sur des maisons d’édition algériennes afin d’être publiés dans leur pays d’origine.

La liste est longue : Anouar Benmalek, Kaouther Adimi, Akli Tadjer, Dorothée Myriam  Kellou, Tassadit Hariz… Afin de rencontrer leurs lecteurs, ces auteurs ne ratent jamais une signature en librairie et  tiennent à être présents au Salon International du Livre d’Alger pour y présenter leurs nouveautés.

Cette année encore, à l’occasion de la 27 eme édition  du plus grand événement culturel en Algérie, les écrivaines et écrivains de la diaspora algérienne sont venus  en force à la rencontre de leurs lecteurs.

L’actrice franco-algérienne Rachida Brakni était mardi dernier au stand de Dalimen   pour la signature de son livre « Kaddour », écrit en hommage à son père, décédé en 2020.

Tassadit Hariz est venue aussi au Sila 2024 pour présenter son roman « L’amour de soi ». Elle a été surprise par l’accueil du public. « C’était très important pour moi d’être présente au Sila. Cela a dépassé mes attentes. J’étais très émue en quittant le Sila. Nos compatriotes sont incroyables », explique-t-elle.

D’autres plumes ont tenu à être présentes à ce grand événement tel que Abdelaziz Otmani, lauréat du grand prix Assia Djebar 2024 pour  son roman  « Sin, la lune en miettes » (Casbah).

D’autres écrivains ont également fait le déplacement tels que Jamil Rahmani pour son roman « Les femmes de ma vie »  (Dalimen),  Hind  Soyer « Algériennes de mère en fille » (Casbah) et Dorothée-Myriam Kellou pour Nancy-Kabylie (Casbah).

Tous les écrivains avec lesquels nous avons échangé  nous ont fait part de leur désir de renouer avec leurs origines et de conquérir les lecteurs de leurs pays.

Dorothée-Myriam Kellou : « À travers ma publication, j’ai recréé un lien avec mes racines algériennes. »

Dorothée -Myriam Kellou , journaliste et réalisatrice franco-algérienne, dit être en quête de ses racines algériennes. Née d’une mère française et d’un père algérien,  elle ne connaissait presque rien de son pays d’origine.

Après avoir réalisé un film « À Mansourah tu nous a séparés » qui revient sur le déplacement des populations de ce village, situé à proximité de Bordj Bou Arreridj, par l’armée française durant la guerre de libération, elle a ressenti le besoin d’en faire un ouvrage.

«  On a beaucoup parlé du mythe du retour. Pour moi, écrire un livre est un investissement et une contribution à l’histoire de l’Algérie. En France, on a bien conscience que nous sommes continuellement ramenés à nos origines » confie-t-elle à TSA.

Mais pourquoi est-ce si important pour ces écrivains de la diaspora algérienne en France d’être présent sur le marché algérien du livre ?   « Cela fait gagner en visibilité », répond Myriam Kellou.

« Par ailleurs, il y a de plus en plus de franco-algériens qui suivent l’actualité littéraire et cinématographique de leur pays d’origine sur les réseaux sociaux. Ils ont le sentiment d’avoir été coupés de leur pays et de leur histoire, et sont donc à l’affût d’en savoir plus sur tout ce qui touche à l’Algérie », complète-t-elle.

Et d’ajouter : « Pour moi, c’est important de savoir que mon livre n’est pas uniquement destiné à un marché français et que les questions que je me pose peuvent résonner en Algérie. Durant ce Sila 2024, j’ai reçu la visite de lecteurs originaires de Mansourah, le village natal de mon père. Un de ces lecteurs a acheté dix exemplaires de mon livre pour les offrir. À travers ma publication j’ai recréé un lien avec mes racines algériennes. »

Hind Soyer : « C’est une quête identitaire »

 Elle aussi est à la recherche  de ce fil qui la relie à son pays d’origine. Hind Soyer est professeur des écoles à Paris. Née à Béchar, elle a quitté l’Algérie à l’âge de 2 ans. Elle a déjà publié deux ouvrages en France  mais n’avait qu’une idée en tête : sortir un livre qui s’adresse aux lecteurs de son pays d’origine, l’Algérie.

Mission accomplie. Son roman intitulé « Algériennes de mère en fille » vient juste d’être publié chez Casbah. Nous avons rencontré Hind Soyer sur le stand de son éditeur algérien. 

« C’était très important pour moi de trouver une maison d’édition algérienne qui accepte de me publier. C’est une quête identitaire. J’avais ce besoin impérieux de connaître mon pays dont je ne connaissais absolument rien, et de répondre aux questionnements de ma fille  de 9 ans qui me posaient continuellement des questions sur ses ancêtres ». 

Hind Soyer a tenu à être présente à ce salon du livre : «  Je voulais que les Algériennes me suivent dans cette histoire et qu’elles découvrent ces révolutionnaires qui ont marqué l’histoire de l’Algérie. Par ce livre, je veux renouer le fil avec mon pays d’origine ».

Abdelaziz Otmani, lauréat du Prix Assia Djebbar : « Il est nécessaire que nous soyons lus par nos concitoyens »

Lauréat du grand prix Assia Djebar 2024 en langue française pour son roman  « Sin, la lune en miettes », Abdelaziz Otmani vit et travaille en France comme enseignant.

Pourtant, lorsqu’il a fini d’écrire son premier roman, il a pensé d’abord à le proposer à une maison d’édition algérienne (Casbah).  « Il est nécessaire que nous soyons lus par nos concitoyens. Lorsqu’on raconte un récit, lorsqu’on se raconte, c’est avant tout pour être lu, entendu et reconnu par les nôtres », explique-t-il à TSA.

Abdelaziz Otmani pense qu’un grand rendez-vous comme le Sila est incontournable : « J’aime venir rencontrer le public ici. Je suis émue de pouvoir susciter des vocations chez les jeunes gens. Il y a une proximité avec les lecteurs algériens qui est si particulière et j’ai l’impression d’être avec des membres de ma famille ».

 Et d’ajouter : « J’ai eu le privilège d’être primé pour mon premier roman, donc, dans mon cas, le livre a su trouver son public. J’observe cependant que le lectorat francophone  a tendance à se réduire à mesure que la langue française perd du terrain » en Algérie.

Après ce premier succès en Algérie, ce lauréat du prix Assia Djebar  espère que les portes de l’édition s’ouvriront pour lui en France. « Si une telle proposition me parvient, je ne dirais pas non. Un roman est fait pour voyager, pour être lu. Le mien circule pas mal parmi la diaspora algérienne en France et j’en suis heureux ».

Jamil Rahmani : « Un pont entre les deux rives »

Anesthésiste-réanimateur en France, Jamil Rahmani a déjà publié plusieurs livres. Lui aussi est présent au Sila 2024 pour signer son dernier roman intitulé « Les femmes de nos vies » (Dalimen).

« C’est très important pour moi d’être publié dans mon pays car j’y suis très attaché. Que mes compatriotes puissent me lire est capital. Dans la plupart  de mes romans je transmet la mémoire de l’Algérie d’avant et d’après l’indépendance, des périodes que beaucoup n’ont pas connues ».  

Et de poursuivre : «  Les écrivains franco-algériens sont un pont entre les deux rives de la Méditerranée. Nous faisons connaître aux lectorats français et algériens des réalités sur les deux pays qui souvent s’ignorent ».

L’Algérie, un vrai marché pour les écrivains franco-algériens

 Au fil de ces rencontres, Jamil Rahmani a pu se faire une idée  sur le lectorat algérien.  « Il est averti et exigeant. Il est plus jeune que le lectorat français et c’est un grand plaisir d’échanger avec mes lecteurs en Algérie car ils sont avides de comprendre l’histoire de notre pays  et savoir comment était la vie sous la domination coloniale ».

Les auteurs franco-algériens écrivent de plus en plus sur leur pays d’origine. En quête de leurs racines, ils tiennent à présenter le fruit de leur travail aux lecteurs algériens.

Le marché du livre est un créneau porteur qui leur donne beaucoup de visibilité en Algérie. Ils ont sont conscients et tiennent à entretenir ce lien en marquant de leur présence chaque événement culturel important comme le Salon International du Livre d’Alger où ils sont présents en force.

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