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Situation économique : faute de légitimité, le gouvernement Bedoui face à une équation insoluble

Situation économique : faute de légitimité, le gouvernement Bedoui face à une équation insoluble

Alors que le mouvement populaire s’apprête à entrer dans son sixième mois de contestation, le pouvoir doit faire face à un défi de taille : la dégradation de la situation économique avec des conséquences annoncées sur le plan social.

Tous les indicateurs sont au rouge : 1000 milliards de dinars de déficit budgétaire au premier trimestre 2019, la poursuite de fonte des réserves de change (72 milliards de dollars), une balance des paiements toujours déficitaire, des entreprises en difficulté, l’investissement à l’arrêt…

Que faire face à cette situation ? Pour l’économiste Smail Lalamas, les autorités n’auront pas d’autre choix que d’aller vers une dépréciation du dinar. « Avec le gel de l’utilisation de la planche à billets et un épuisement des réserves de change, le seul recours qui reste au gouvernement c’est d’aller vers une baisse une nouvelle fois de la valeur du dinar pour essayer de compenser la balance de façon artificielle », a-t-il estimé dans une déclaration à TSA.

Selon cet expert, depuis la moitié de 2014, date du début de la chute des prix du pétrole, le recours à la dévaluation de la monnaie nationale a été important. « C’est la gymnastique préférée du gouvernement. Dès qu’il y a un problème de déficit, on va vers ce genre de mécanisme : baisser la valeur du dinar pour compenser de façon artificielle le déficit de la balance », souligne l’expert.

Revoir la politique des subventions

Cette option, si elle est retenue, va-t-elle aider le gouvernement à faire face à la situation ? « Déprécier le dinar n’aura aucun impact. C’est inefficace, sauf si la dépréciation est de 100% ou plus, ce qui ne peut être envisagé », avertit un économiste qui a requis l’anonymat.

« Si on compte sur la dépréciation, pour réduire les importations, c’est un combat perdu d’avance. Nous avons 26% des produits les plus consommés qui sont réglementés ou subventionnés, comme la semoule, le lait, les céréales, le sucre, etc. Leurs prix ne vont pas bouger et leur consommation sera toujours importante. L’impact d’une dépréciation sur les importations de ces produits est négligeable », explique le même économiste.

Pour notre interlocuteur, le cœur du problème concerne les dépenses de l’Etat. « Aujourd’hui, l’Etat dépense plus qu’il ne gagne », souligne-t-il. Malgré la forte baisse des dépenses d’équipements ces dernières années, les déficits restent élevés. Mais l’Etat ne peut pas réduire durablement les dépenses au risque de freiner toute la machine économique, surtout que la dépense a toujours été le moteur de la croissance ces dernières années.

Que faut-il faire dans ce contexte ? « L’Etat doit augmenter ses recettes », répond l’économiste. Pour lui, cette hausse des recettes passe obligatoirement par une réforme des subventions.

Il cite l’exemple des carburants qui ont connu une hausse entre 2016 et 2018. « En 2015, la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) applicable sur les carburants rapportait 300 millions de dinars à l’Etat. Aujourd’hui, c’est 141 milliards de recettes ». Pour lui, beaucoup de produits peuvent être revus en hausse. « Nous vendons la moitié de notre production de gaz et 30% de celle du pétrole sur le marché local à un prix faible », ajoute-t-il.

Un gouvernement en manque de légitimité

Pour notre interlocuteur, « il faut aller vers des subventions ciblées. Il y a des propositions intéressantes qui ont été émise, comme celle de Nabni qui propose un revenu universel. Il y a également une étude détaillée de la Banque mondiale qui se trouve au ministère des Finances ».

Mais de telles solutions peuvent difficilement être envisagées avec un gouvernement de transition, dont la légitimité est contestée par le peuple. En attendant, le gouvernement va tenter de gérer la situation pour 2019.

Pour faire face au déficit, il peut compter sur 1000 milliards de dinars émises en début d’année dans le cadre de la politique de planche à billets. Les dividendes versés par la Banque d’Algérie devraient dépasser les 500 milliards cette année.

A la fin de l’année, le gouvernement pourra toujours réactiver la planche à billets, officiellement gelée.

« Le financement non conventionnel a été gelé pour l’exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu’à 2022 », a-t-il expliqué, vendredi, dans un entretien accordé à l’APS. Une dépréciation du dinar pourrait venir compléter le dispositif.

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