Le ministre de l’Energie Abdelmadjid Attar a adressé ce lundi des messages clairs aux jeunes algériens demandeurs d’emplois, en soulignant que Sonatrach est en « sureffectif » et d’une façon générale, qu’il ne faut pas compter sur son secteur pour trouver un travail.
« Il y a un sureffectif énorme à la Sonatrach. Si on compte le nombre de ses travailleurs et aussi au sein de ses filiales, c’est énorme », a relevé Abdelmadjid Attar qui exhorte à explorer d’autres pistes.
« Il faut trouver des solutions, il faut que nous arrivions à créer des emplois dans d’autres secteurs. Et la priorité c’est l’agriculture, ce sont les PME/PMI, les micro-entreprises, etc. », soutient Attar qui était l’hôte, lundi 26 octobre, de la Radio nationale.
Le ministre insiste sur deux principes sur lesquels toute entreprise doit se baser : la rentabilité et le profit. « L’objectif d’une société, c’est d’abord la rentabilité. Deuxième objectif, c’est le profit. Sans rentabilité, point de profit. Une société nationale doit fonctionner sur le même principe. Elle doit faire en sorte que son activité soit rentable et assure des profits à son propriétaire qu’est l’Etat », développe M. Attar.
Pour lui, le principe rentabilité-profit doit s’appliquer à des sociétés comme Sonatrach et Sonelgaz. « Il faut gérer de la même façon. Et là quand même il faut des hommes aussi », tempère-t-il. Si le ministre de l’Energie incite les entreprises nationales à travailler sur le modèle profit-rentabilité, c’est parce que, avoue-t-il, « ce n’est pas le cas ».
« Surtout du point de vue de la rentabilité. Pour le profit, il n’y a pas de problème parce qu’il y a un contrôle, les Assemblées générales, un commissaire aux comptes, etc. Mais concernant la rentabilité (…) je prends l’exemple de la Sonatrach. Il y a eu énormément de pressions sur elle, surtout durant les 20 dernières années ».
« Le secteur de l’énergie, je peux vous dire aujourd’hui qu’il affiche complet »
Attar prévient que le secteur des hydrocarbures « n’est plus celui qui va créer de nouveaux emplois » à l’avenir. « L’économie du pays ne s’est pas bien développée. On n’a pas développé de nouvelles richesses et de nouveaux emplois. On est demeuré autour de la rente depuis des dizaines d’années. On vit avec la rente. Automatiquement, la population augmente et le nombre de jeunes universitaires augmente. Il y a eu une énorme pression (sur la Sonatrach) en matière d’emplois. Alors, je le redis et le redis : le secteur des hydrocarbures n’est plus celui qui va créer de nouveaux emplois », lance-t-il, catégorique.
« Le secteur produit déjà une richesse et il produit des emplois qui ne sont pas durables car uniquement pour réaliser des chantiers. La richesse est ailleurs », insiste-t-il.
Pour le ministre de l’Energie, le développement du pays doit être basé sur d’autres richesses durables « qui sont éternelles », faisant référence à l’Agriculture, aux PME/PMI, et aux services, entre autres exemples. « Le secteur de l’énergie, je peux vous dire aujourd’hui qu’il affiche complet », concède Attar.
Sécurité des gisements pétroliers : les explications de M. Attar
Attar s’est exprimé en outre sur les récents incidents enregistrés sur les installations pétrolières de la Sonatrach. Leur multiplication suscite de plus en plus d’inquiétudes. Pour lui, ces accidents sont dus souvent à un défaut d’entretien mais parfois à des accidents imprévisibles.
C’est le cas de l’incident enregistré sur le gazoduc d’El Bayadh dû, selon M. Attar, à une erreur de l’entreprise qui assure l’assainissement. Le ministre souligne le caractère involontaire de l’accident de la part des responsables de cette société qui n’ont pas pris en compte au préalable la cartographie des conduites de gaz et ont endommagé le gazoduc.
En ce qui concerne l’accident sur un oléoduc à El Oued, M. Attar l’incombe à un problème de suivi et de maintenance, et juge qu’il fallait au départ sécuriser le pipeline. « On savait qu’il y avait une carrière juste à côté du pipeline, on a enlevé le sable et la crue est venue et emmené le pipeline », explique Attar qui pointe aussi un défaut de surveillance de l’installation.
Le défaut de maintenance est également avancé par le ministre de l’Energie à propos de l’installation pétrolière endommagée, située à Touggourt et qui date de la fin des années 1950. Un comité de pilotage énergie-environnement agriculture a été mis en place pour localiser l’ensemble des risques autour des pipelines et prendre des mesures, annonce M. Attar.
Le ministre de l’Energie s’est catégoriquement refusé de se prononcer à propos de l’affaire de la raffinerie Augusta, précisant que le dossier est au niveau de la justice.