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Suspension des importations : une décision insuffisante

Suspension des importations : une décision insuffisante

Ministère des Finances, Alger

Depuis la semaine dernière, plusieurs produits alimentaires et industriels sont interdits d’importation. L’Association des banques et des établissements financiers (Abef) a officiellement demandé aux banques commerciales de ne plus domicilier les opérations d’importation de produits comme les sauces préparées (mayonnaise, tomate ketchup et autres sauces, harissa, etc.), la moutarde préparée, le pain, la pizza et les pâtes alimentaires…

L’interdiction concerne aussi les articles de robinetterie, les transformateurs électriques, le marbre fini, le granit fini, les produits rouges (briques et tuiles), les tapis, les produits finis en plastique (articles plastiques), les meubles et les lustres.

| LIRE AUSSI : Suspension des importations : la liste des produits alimentaires concernés

Depuis que les autorités ont décidé de restreindre les importations, c’est la première décision qui risque d’avoir un impact positif pour l’économie nationale et les entreprises locales. La majorité des produits figurant sur la liste de l’Abef sont en effet fabriqués localement, souvent avec une bonne qualité de production. C’est par exemple le cas de la robinetterie, avec l’entreprise publique BCR. Cette dernière était confrontée à la concurrence des produits importés, souvent des contrefaçons en provenance de pays comme la Chine.

Dans les autres secteurs, des acteurs privés ont commencé à émerger. On peut citer Benamor dans les pâtes alimentaires. On peut citer Sidna dans les sauces préparées. Des projets sont en cours de réalisation : Cevital va ouvrir une usine de sauces préparées avant la fin de l’année et le français Lesieur a lancé un projet d’usine l’année dernière, avec le groupe privé Djadi.

Ces entreprises, publiques et privées, pourraient également mettre à profit cette suspension des importations pour investir et accélérer leur développement. Mais le feront-elles ? Tout dépendra des mesures complémentaires qui seront prises par le gouvernement.

La décision de suspendre les importations a du sens : l’Algérie ne doit plus importer des produits qui peuvent être fabriqués localement. Mais elle manque de clarté. Cette décision est-elle définitive ? Le prochain gouvernement ne va-t-il pas la remettre en question, comme l’actuel gouvernement est en train d’annuler des mesures présentées comme « stratégiques », voire irréversibles, par le précédent exécutif qui a pourtant agi sous l’autorité du même Président de la République ? Les conditions d’investissements seront-elles revues avec l’introduction de plus de transparence et de souplesse dans la gestion des dossiers ?

De la réponse à ces questions dépendra en grande partie de l’attitude des producteurs et des investisseurs algériens. Un investisseur a besoin de deux choses : la clarté et la sécurité. Or, les changements réguliers de lois et la multiplication des décisions contradictoires n’offrent ni l’une ni l’autre. Dans ce contexte, la décision de suspendre les importations risque d’avoir un effet limité. Pire, elle pourrait être source de pénuries (et donc de l’inflation).

Suspendre les importations ne peut être qu’une mesure temporaire. Le gouvernement doit se doter d’une stratégie globale pour permettre aux producteurs locaux de devenir réellement compétitifs face aux produits étrangers et pourquoi pas devenir un jour exportateurs.

 

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