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Tayeb Belaïz, le plus fidèle des hommes de Bouteflika est tombé

Tayeb Belaïz, le plus fidèle des hommes de Bouteflika est tombé

Un B de moins et sans aucun doute le plus important de tous par ses fonctions et sa place dans le clan ou dans la « casa d’El Mouradia » pour reprendre le tube en vogue. Avec la démission du président du Conseil constitutionnel, c’est le plus fidèle des hommes d’Abdelaziz Bouteflika qui tombe sous la poussée incessante du mouvement populaire.

À lui seul, Tayeb Belaïz incarne le mépris avec lequel l’ex-président a traité la Constitution,  paradoxalement sacralisée aujourd’hui par le chef d’état-major de l’armée alors qu’elle est devenue inopérante face à la contestation qui secoue le pays depuis le 22 février.

Ce juriste a été nommé à la tête du Conseil constitutionnel, gardien de la loi, au mépris même de la Constitution. Pour avoir occupé cette fonction de mars 2012 à septembre 2013, il ne pouvait pas en hériter, après le décès de Mourad Medelci. La Constitution, pourtant taillée par Bouteflika à sa juste mesure, est claire : le président du Conseil constitutionnel est nommé pour un mandat unique.

Non seulement le fidèle a été nommé, il  a en plus bénéficié d’une cérémonie d’installation sans précédent, à la résidence de Zéralda où il a encore juré fidélité à son protecteur.

Natif de Msirda, cette commune de la wilaya de Tlemcen où le « clan » a largement puisé ses serviteurs, Belaïz aurait été présenté à Bouteflika par le premier président algérien Ahmed Benbella dont il était proche. Son « adoption » a scellé la réconciliation entre les deux présidents plutôt liés par la haine depuis le coup d’État du 19 juin 1965. L’intention attribuée à Ahmed Benbella de limoger son trublion de ministre des Affaires étrangères avait conduit à sa propre chute. Bouteflika pouvait alors conserver son fauteuil sous la direction de Houari Boumediene.

Ce « redressement révolutionnaire » avait conduit Ahmed Benbella à un long emprisonnement, suivi d’un long exil après sa remise en liberté par Chadli Bendjedid.

En mettant en œuvre une politique de réconciliation nationale, le président Bouteflika s’est aussi rapproché de son ancien « captif », devenu même conseiller officieux.

Magistrat, Belaïz fut nommé au sein de la Commission nationale de la réforme de la Justice présidée par le professeur Mohand Issad. Les recommandations de la Commission on été rangées dans les tiroirs, Bouteflika ne pouvant bien sûr pas s’accommoder d’une justice indépendante. En 2002, Belaïz est récompensé par le poste de ministre de l’Emploi et de la Solidarité nationale, avant de s’emparer l’année d’après du portefeuille régalien de la Justice.

Il le conservera jusqu’en septembre 2013 quand Bouteflika, victime d’un AVC, songeait à un quatrième mandat malgré cette maladie. Il placera alors son protégé à la tête du ministère de l’Intérieur, maître d’ouvrage des élections. Une fois la mission accomplie, il sera affectée dans le « saint des saints » comme conseiller à la présidence avec le titre de ministre d’État. Il sera ensuite en charge du cabinet quand Ahmed Ouyahia a repris le gouvernement.

En le renommant au Conseil constitutionnel il y a à peine deux mois, Bouteflika voulait se préserver contre un risque : la constatation de la vacance du pouvoir qui est du seul ressort du gardien des lois, lequel ne  se réunit qu’à sa propre initiative. À ce moment là, Bouteflika n’avait pas soupçonné qu’une vague populaire allait se lever des tréfonds de la société et le submerger.

Le président parti, Belaïz fait partie des « 3B » dont la rue demande la tête. Il n’aura pas survécu longtemps. A-t-il cédé à une pression du général Gaid-Salah qui s’est engagé à rouvrir d’anciens dossiers de corruption ? Le chef de l’état-major a notamment évoqué l’affaire Khalifa où le nom de Belaïz fut évoqué en lien avec l’agence de Koléa. Mais le « fidèle » n’a jamais été cité à comparaître. Même pas comme témoin.

Son nom fut aussi cité dans le cadre d’un trafic de drogue supposé impliquer son fils. Tayeb Belaïz avait démenti prétextant une malheureuse homonymie.

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