Après avoir récupéré une partie importante des biens détournés se trouvant en Algérie, les autorités algériennes s’attellent à rapatrier les biens transférés à l’étranger par des oligarques et anciens responsables condamnés par la justice dans des affaires de corruption.
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué le sujet dans un entretien accordé à Al Jazeera Podcast.
Le 27 décembre dernier, le ministre de la Justice, Abderrachid Tebbi, avait listé les biens récupérés après des décisions définitives de confiscation prononcées par la justice, d’une valeur équivalente à 20 milliards de dollars.
Depuis, le chiffre a augmenté, se situant désormais à 22/23 milliards de dollars, selon le président de la République. « Nous avons commencé avec les biens qui se trouvent en Algérie, l’argent, les avions, etc. Jusqu’à maintenant, la justice a prononcé la confiscation de biens d’une valeur équivalente à 22/23 milliards de dollars », a dit Abdelmadjid Tebboune.
L’Etat algérien veut maintenant récupérer les biens mal acquis transférés à l’étranger. Lors de sa visite en Algérie en mars dernier, le vice-président de la Commission européenne et son Haut représentant pour la politique étrangère, Joseph Borell, avait fait état de la disposition de l’UE à coopérer avec l’Algérie sur la question de la restitution des biens détournés.
Pour Abdelmadjid Tebboune, c’est un « devoir » pour les Européens de coopérer avec l’Algérie dans ce dossier « car toutes les opérations de transfert illégal de l’argent algérien se sont faites vers leurs pays et les comptes se trouvent chez eux ».
Les transferts se sont faits vers « tous les pays européens, particulièrement les pays méditerranéens, la France, Espagne Belgique, Suisse, Luxembourg », a-t-il précisé.
Les hôtels de Ali Haddad en Espagne en passe d’être récupérés par l’Algérie
Cette coopération de l’Europe commence à se concrétiser puisque, selon le chef de l’Etat, l’Espagne a accepté de restituer à l’Algérie trois hôtels appartenant à un oligarque algérien.
Ce sont des hôtels de luxe classés 5 étoiles. Interrogé s’il s’agit de Ali Haddad, le président a simplement répondu : « Je ne cite pas les noms ». Il a désigné l’oligarque en question par « ce monsieur-là ». Ali Haddad, ex-magnat algérien des travaux publics, est connu pour posséder également des hôtels de luxe en Espagne.
L’Espagne était l’une des destinations privilégiées des fonds algériens détournés. Depuis mars 2022, les deux pays sont en crise politique à cause du changement de position de Madrid sur la question du Sahara occidental.
En juin de la même année, l’Algérie a suspendu le traité d’amitié et de bon voisinage qui la liait à l’Espagne et le commerce entre les deux pays est pratiquement bloqué depuis cette date.
Le ministre de la Justice avait révélé le 27 décembre dernier devant l’Assemblée populaire nationale (APN) que la justice algérienne a délivré 220 commissions rogatoires et demandes d’entraide judiciaire au niveau de plus de 30 pays étrangers afin de récupérer les biens et fonds qui y ont été illégalement transférés.
Concernant les biens confisqués et récupérés en Algérie d’une valeur équivalente à 20 milliards de dollars, M. Tebbi avait précisé qu’il s’agissait, entre autres, de promotions immobilières, villas de luxe, immeubles, périmètres agricoles, usines, complexes touristiques, parcs roulants et comptes bancaires.
Le chiffre de 20 milliards de dollars de biens récupérés a été révélé pour la première fois par le président Tebboune le 22 décembre dernier lors d’une de ses entrevues périodiques avec la presse nationale. Il avait promis que l’opération se poursuivra et concernera les fonds détournés et se trouvant en dehors des banques.