search-form-close
Trafic de drogue en Algérie : armes, violence… Une mutation inquiétante

Trafic de drogue en Algérie : armes, violence… Une mutation inquiétante

Source : Facebook
Des trafiquants de drogue à Ouargla

Nouvelle ère pour la criminalité organisée en Algérie. Depuis le début de l’année, en effet, l’Algérie fait face à une transformation inquiétante de la délinquance liée au trafic de drogue.

Confinés jusqu’il y a peu à l’écoulement de leurs marchandises, à travers des circuits clandestins, les réseaux de narcotrafiquants apparaissent de plus en plus structurés et violents, n’hésitant pas à s’armer lourdement pour protéger leurs activités, comme le révélait l’accrochage entre des gendarmes et des trafiquants de drogue à Bab El Assa, le coup de filet spectaculaire opéré par les services de sécurité à Ouargla ou encore la tentative d’assassinat d’un citoyen à Béjaïa par des tueurs à gage dont l’arme utilisée a été fournie par un trafiquant de drogue.

Dans cette ville du Sud algérien connue pour ses puits de pétrole, quatre membres d’un réseau ont été arrêtés, quatre armes de guerre récupérées, dont deux mitrailleuses de type FMPK, deux Kalachnikovs et près de 700 balles, ainsi que des équipements de surveillance et des véhicules tout-terrain.

Cette neutralisation s’ajoute à d’autres opérations éparses, dans plusieurs régions du pays, particulièrement au Sud et à l’Ouest du pays, à la frontière avec le Maroc, plaque tournante du trafic, ciblant des réseaux associés aux armes à feu.

Des trafiquants de drogue lourdement armés

En avril, pas moins de 100 kg de cocaïne ont été saisis à Alger et plusieurs individus ont été arrêtés. Cette « militarisation » croissante souligne sans doute la mutation prise par le phénomène du trafic de drogue en Algérie et dont l’ampleur donne le tournis.

Rien que durant la semaine du 15 au 21 mai courant, 91 narcotrafiquants ont été arrêtés et des tentatives d’introduction de 780 kg de kif traité, 49 kg de cocaïne et 1. 044. 943 comprimés psychotropes ont été mises en échec, selon un bilan publié par l’Armée nationale populaire (ANP).

Depuis le début de l’année, plus de 3,5 tonnes de kif traité ont été interceptées, auxquelles s’ajoutent 12 quintaux (1,2 tonne) saisis dans le Sud du pays en mai.

La lutte contre les drogues dures s’intensifie également : 1,191 kg de cocaïne ont été saisis à Alger en janvier, 100 kg découverts en avril, et pas moins de 1,65 million de comprimés d’ecstasy en provenance de Marseille ont été interceptés au port d’Alger. Aussi, plus de 76.700 comprimés de prégabaline ont été saisis.

Loin d’être exhaustives, ces saisies confirment la tendance prise par le phénomène. En janvier dernier, les Douanes algériennes avaient fait état que leurs services, appuyées par les différents corps de sécurité, ont mené en 2024 plus de 56.000 opérations sur le terrain, aboutissant à la saisie de plus de 8,5 tonnes de kif traité, 577 kg de cocaïne, près de 11 millions de comprimés psychotropes et 79 armes à feu.

Cela sans compter les opérations menées par les autres corps de sécurité. Au-delà des chiffres, en nette expansion, des multiples drogues qui inondent le pays, le basculement de certains réseaux vers la « militarisation » marque une nouvelle étape dans l’évolution du trafic de drogue en Algérie vers la grande criminalité.

L’instabilité dans notre voisinage immédiat, notamment au Sahel et en Libye, la tension avec le voisin marocain qui est le plus grand producteur de haschich au monde, conjuguées aux diverses connexions qui s’opèrent entre trafiquants en tous genres et le caractère juteux du créneau, ne sont pas étrangers à cette explosion du phénomène.

Un défi majeur pour la sécurité nationale

Ce basculement pose sans doute un défi majeur pour la sécurité nationale. Conscientes de la gravité de la situation, les autorités algériennes ont renforcé, outre l’aspect opérationnel, l’arsenal juridique en adoptant récemment le projet de loi modifiant et complétant la loi N 04-18 relative à la prévention contre les stupéfiants et les substances psychotropes et à la répression de l’usage et du trafic illicites de drogues.

Selon l’agence officielle, le texte prévoit de nouvelles dispositions inhérentes aux procédures préventives et thérapeutiques et au volet coercitif, en tenant compte des effets néfastes de la drogue sur la santé publique, la sécurité et l’ordre public.

Il vise également à protéger la sécurité nationale contre les risques d’usage et de trafic de drogues et de substances psychotropes à travers un traitement approfondi de tous les déséquilibres sociétaux qui en résultent, et en adoptant des mécanismes de prévention et de sensibilisation, outre la protection des établissements éducatifs et de formation et l’amélioration de la coordination entre secteurs.

Le texte prévoit, en outre, de nouveaux mécanismes susceptibles de protéger les instances publiques, les institutions d’utilité publique, les sociétés et instances relevant du secteur privé, en imposant la nécessité de joindre aux dossiers des candidats aux concours de recrutement auprès des instances et institutions précitées, des tests médicaux négatifs au dépistage de substances ou de comprimés psychotropes.

Serait-ce suffisant pour endiguer le phénomène lorsqu’on sait que les réseaux sont de plus en plus transnationaux ? Si l’Algérie, dans ce cadre, a souvent plaidé la coopération internationale, étant entendu que la menace est désormais globale et dépasse les frontières nationales, le pari est-il jouable dans un contexte géopolitique et régional marqué par des tensions ? C’est dire que face à la montée en puissance de ces réseaux, la lutte s’annonce longue et nécessite l’implication de tous les acteurs nationaux et internationaux.

SUR LE MÊME SUJET :

Algérie : 5 millions DA pour un meurtre à Bejaia, mais le plan échoue

Algérie : plongée glaçante dans l’enfer des drogues

L’Algérie instaure une nouvelle condition pour le recrutement

  • Les derniers articles

close