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Tunisie : l’opposant Rached Ghannouchi placé sous mandat de dépôt

Tunisie : l’opposant Rached Ghannouchi placé sous mandat de dépôt

Le leader du parti islamiste Ennahda en Tunisie, Rached Ghannouchi a été placé sous mandat de dépôt ce jeudi 20 avril après sa comparution devant un juge d’instruction.

Rached Ghannouchi a été arrêté lundi 17 avril à son domicile par des policiers. Le parti Ennahda a dénoncé dans un communiqué « un développement extrêmement grave » et avait exigé la libération de son leader historique.

L’homme politique de 81 ans, principal opposant au président tunisien Kaïs Saïed. Il a dirigé l’Assemblée des représentants du peuple (Parlement tunisien de novembre 2019 jusqu’à sa dissolution en juillet 2021 par Kaïs Saïed).

Selon Jeune Afrique, qui cite une source au ministère tunisien de l’Intérieur, l’arrestation de Rached Ghannouchi est directement liée à une déclaration rapportée par plusieurs sources médiatiques dans laquelle il prédisait l’éclatement d’une « guerre civile » en Tunisie si l’Islam politique venait à être écartée de la scène.

Rached Ghannouchi est accusé de complot contre la sécurité intérieure de l’État, selon son avocate citée par l’agence Reuters. L’emprisonnement du leader d’Ennahda a été décidé suite à une enquête qui a duré huit heures, selon la même source.

En plus de l’arrestation de Ghannouchi, les autorités tunisiennes ont interdit les réunions dans tous les bureaux du parti Ennahda. Elles ont également procédé à la fermeture du quartier général de la coalition d’opposition, le Front du salut national, indique Reuters.

Le département d’État américain a exprimé mardi son inquiétude suite à l’arrestation de Rached Ghannouchi et les décisions prises par les autorités tunisiennes à l’encontre d’Ennahda et de la coalition d’opposition.

La France a, elle aussi, réagi en appelant les autorités tunisiennes au respect de l’indépendance de la justice.

Rached Ghannouchi a-t-il perdu la protection d’Alger ?

L’arrestation de Rached Ghannouchi suppose une évolution dans les relations entre la Tunisie et l’Algérie qui n’a pas réagi à l’incarcération du leader islamiste.

En effet, le leader d’Ennahda est considéré comme proche des autorités algériennes, notamment du temps de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, rappelle le journal le Monde ce jeudi.

Les relations particulières de Rached Ghannouchi avec l’Algérie remontent au début des années 90 quand il s’était exilé sur le sol algérien, fuyant la répression du régime de l’ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali.

L’Algérie entretient des relations très étroites avec la Tunisie. Les deux pays sont sur la même longueur d’onde sur de nombreux sujets importants au plan régional, notamment comme le Sahara occidental.

L’Algérie soutient politiquement et économiquement la Tunisie qui vit une crise économique assez difficile, avec un endettement public représentant 80% de son PIB.

La Tunisie au bord de l’implosion économique

Le directeur de la conjoncture et de la prévision du cabinet Xerfi Alexandre Mirlicourtois estime que l’économie tunisienne est au bord de l’implosion. Le constat que dresse l’expert est effrayant. La Tunisie est dans une impasse économique sans précédent.

L’avenir de la Tunisie dépend fortement de l’obtention d’un prêt de 1,9 milliard de dollars sur quatre ans auprès du FMI, mais dont le président tunisien juge les conditions inacceptables.

Le FMI conditionne son prêt par l’engagement de la Tunisie à revoir son système de subventions des produits, notamment dans l’alimentaire, d’autant plus qu’elle ne dispose pas de ressources pour le maintenir.

Le défaut de paiement, c’est ce que risque l’État tunisien s’il n’arrive pas à mettre fin à la dérive des finances publiques, explique Alexandre Mirlicourtois.

Recul des réserves de change qui sont tombées à 93 jours d’importation soit 6,7 milliards de dollars jeudi 13 avril contre l’équivalent de 103 jours d’importation il y a une année, baisse de la valeur du dinar tunisien par rapport à l’euro et au dollar : tous les indices sont au rouge. Les prix des produits alimentaires, y compris ceux concernés par les subventions, sont en hausse.

Ne disposant pas d’une industrie de grande envergure et avec un secteur du tourisme, principale source de devise, qui bat de l’aile, la situation de l’économie tunisienne semble intenable.

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