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Un ministre ne peut pas se substituer à la justice

Le conflit public entre le ministre de la Jeunesse et des Sports Ould Ali El-Hadi et le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, a tourné à l’avantage de…

Un ministre ne peut pas se substituer à la justice
Aicha Merabet
Durée de lecture 2 minutes de lecture
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Le conflit public entre le ministre de la Jeunesse et des Sports Ould Ali El-Hadi et le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, a tourné à l’avantage de ce dernier. Il a été réélu, ce samedi 27 mai, à un nouveau mandat à la tête de l’instance suprême du sport national.  Il a obtenu 80 voix contre 45 au profit de son concurrent Dib Abdelhakim, président de la Fédération algérienne d’athlétisme. Onze bulletins ont été annulés.

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Au-delà de la question d’éthique que pose l’implication d’un ministre dans la gestion du COA, ce conflit soulève un autre problème encore plus grave. Dans sa guerre contre Berraf, le ministre Ould Ali a formulé des accusations graves de détournements de fonds publics lors des Jeux Olympiques de Rio en 2016. « Une partie de cet argent n’a pas été utilisée et les athlètes n’en ont pas bénéficié. Le COA nous doit des explications », a-t-il dit.

Ould Ali El Hadi n’a apporté aucune preuve de ces accusations. Dans un autre pays, il s’exposerait à des poursuites judiciaires pour diffamation. Un ministre n’est pas un juge. Il ne peut pas se substituer à la justice. Si Ould Ali EL-Hadi a des soupçons ou des preuves de corruption contre Mustaphe Berraf, il n’a qu’une seule chose à faire : aller voir un juge d’instruction. C’est ensuite à la justice de dire la loi et de condamner les coupables.

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Mais par un mélange d’autoritarisme et d’ignorance, Ould Ali El-Hadi croyait sans doute que sa qualité de ministre l’autorisait à dire ce qu’il veut et à décider du sort de qui il veut dans son secteur. Ceux qui ont voté, ce samedi, massivement en faveur de Berraf lui ont démontré le contraire. Il faut saluer leur courage parce qu’en s’attaquant publiquement à Berraf, le ministre avait aussi cherché à les intimider. Ils n’ont pas cédé à la menace.

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Ould Ali El-Hadi n’est pas le seul haut responsable à se comporter comme un tribunal. Récemment, l’ex-ministre du Travail Mohamed El Ghazi a décidé d’interdire le syndicat autonome. Et parmi les hauts responsables de l’État, c’est Ahmed Ouyahia qui possède un palmarès inquiétant en la matière. En 2010, alors qu’il était Premier ministre, il avait banni la société Strategica, avec une simple lettre envoyée aux organismes publics. Ouyahia avait accusé le bureau d’études d’espionnage économique, sans apporter la moindre preuve ni diligenter une enquête judiciaire.

Le même Ouyahia a décidé récemment de restreindre les mouvements d’Ali Belhadj, ex-numéro deux du FIS. Là encore, il a agi en dehors du cadre légal et structuré de la justice.

On sait que l’Algérie n’est pas un pays libre. On sait aussi que la justice est piétinée quotidiennement. Mais même dans les dictatures les plus dures, les ministres et les hauts responsables de l’État essayent de mettre les formes avant de prendre des décisions.

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