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Vaccination Covid-19 en Algérie : succession de ratages et de promesses

Vaccination Covid-19 en Algérie : succession de ratages et de promesses

A la fin de l’année dernière, les autorités algériennes avaient affiché de grandes ambitions pour la campagne de vaccination contre le Covid-19 annoncée pour la fin du premier mois de la nouvelle année.

Le délai était trop rapproché, mais le pari du lancement de la campagne a été tenu. Le 29 janvier, les premiers lots du vaccin russe Spoutnik-V arrivent en Algérie et dès le lendemain la première dose était inoculée à une dentiste de Blida.

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Succession de ratages et de promesses

Mais ce qui va suivre va être une succession de ratages et de promesses non tenues. Officiellement, l’objectif est de vacciner 70 % de la population en 2021, dont une partie avant fin mars.

« D’ici à la fin du mois, nous allons recevoir une quantité importante de vaccins. Nous allons atteindre notre objectif, celui de 70 % de la population, d’ici la fin de l’année », avait déclaré le ministre de la Santé le 18 février dernier.

On ne sait pas ce qu’il en sera de l’objectif final, mais il est déjà certain que c’est très mal parti. Deux mois après le lancement de la campagne, le bilan est décevant.

Dans les critiques qui ont fusé ces dernières semaines, on a trop focalisé sur l’incapacité des autorités à acquérir les quantités nécessaires de vaccin, mais il semble que ce n’est pas là l’unique obstacle.

Sinon comment expliquer que même les quantités dérisoires reçues n’aient pas encore été toutes utilisées ? C’est le ministre de la Santé lui-même qui reconnaît que les doses acquises ne sont pas épuisées, que la vaccination est toujours en cours et que les secteurs sanitaires continuent à convoquer les personnes inscrites, au nombre de 30 000.

Inexplicable quand on sait que l’Algérie n’a pas acquis des millions de doses, mais tout juste 300.000, suffisantes pour la prise en charge d’à peine 150 000 citoyens à raison de deux doses par individu.

Pendant tout l’été 2020, l’optimisme et le trop-plein de confiance affichés autant par les politiques que les spécialistes était conforté par les capacités du système sanitaire algérien en la matière : de longues traditions de vaccination, des infrastructures suffisantes et un personnel aguerri.

Ce qui n’est pas exagéré. Mais comment alors expliquer que tout cet arsenal n’ait pu vacciner que 0.3 % de la population en deux mois ? Le ministre Abderrahmane Benbouzid répond que les autorités procèdent à « la rationalisation » des doses disponibles.

On vaccine donc avec parcimonie, on fait l’économie des doses on ne sait pour quel usage futur, au moment où des membres du corps médical, en danger constant car en contact direct avec le virus, se plaignent publiquement de n’avoir pas pu avoir accès au vaccin.

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Incompréhensions et contradictions

Aussi, et il est important de le souligner, les priorités dans cette « rationalisation » ne semblent pas avoir été respectées avec tous ces ministres et politiques qui ont cru bon de médiatiser leur vaccination.

Dans la dernière interview accordée par Abderrahmane Benbouzid à El Watan, un autre chiffre retient particulièrement l’attention : seuls 30 000 candidats à la vaccination se sont inscrits sur la plateforme mise en place à cet effet et ouverte pourtant à tout le monde.

Un chiffre qui soulève des interrogations et laisse penser à d’éventuelles autres défaillances, comme l’inefficacité technique de la plateforme ou un déficit de médiatisation.

À moins que ce soit le signe d’un scepticisme et d’une méfiance généralisés, ce qui ne serait pas moins imputable aux autorités car la sensibilisation est aussi de leur ressort.

Ce peu d’engouement des citoyens à s’inscrire est en tout cas révélateur d’une contradiction flagrante et incompréhensible dans la communication officielle sur la question. 30 000, c’est moins du dixième du corps médical dont les membres se plaignent d’avoir été exclus de la vaccination. Sauf si les inscriptions sur la plateforme ne concernent pas les personnels de la santé. Une explication ne serait pas de trop.

Au-delà de toutes ces insuffisances et incompréhensions, le grand ratage des autorités algériennes reste leur incapacité à acquérir les quantités nécessaires pour atteindre les objectifs annoncés avec beaucoup d’assurance.

Jusqu’à ce jour, l’Algérie a réceptionné 50 000 doses du vaccin russe Spoutnik-V, 50 000 autres de l’anglais Astra-Zeneca et 200 000 doses offertes par la Chine.

Le ministre de la Santé annonce de nouvelles livraisons « dans les prochains jours », et parle de 12 à 16 millions de doses attendues dans le cadre du contrat avec les Russes et le programme Covax, en plus de 7 autres millions dans le cadre du programme africain Avatt.

Ce qui permettra à coup sûr au pays de rattraper le retard pris dans la vaccination. Sauf que le ministre n’explique pas pourquoi les quantités annoncées pour courant mars dont 1,8 million de doses du vaccin AstraZeneca ne sont pas encore arrivées.

Il n’explique pas comment l’Algérie pourra acquérir de telles quantités en si peu de temps, d’autant plus qu’il reconnait après-coup que « la situation est très pénible au niveau mondial » à cause de la troisième vague qui frappe de nombreux pays et que les pays fournisseurs font face à des problèmes de production.

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