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Variants Covid-19 : l’Algérie « risque de devenir un terrain favorable »

Variants Covid-19 : l’Algérie « risque de devenir un terrain favorable »

Épidémiologiste à l’hôpital de Tipaza, le Pr Abderrazak Bouamra s’inquiète de l’augmentation des contaminations au Covid-19, accentuée par de nouveaux variants plus pathogènes. Il appelle à accélérer la vaccination anti-Covid et à sensibiliser la population sur le respect des mesures barrières.

Comment se présente la situation épidémiologique en Algérie ?

On assiste à une augmentation du nombre de cas positifs que ce soit en termes de consultations que d’hospitalisations. Toutes les probabilités sont ouvertes.

On pourrait aller vers une augmentation du nombre de cas incidents concernant les nouveaux variants. La même situation est constatée que ce soit à Alger, à Blida et à Tipaza. Le nombre de cas ne cesse d’augmenter.

Comment cette situation s’explique-t-elle ?

Cela s’explique par l’arrivée des nouveaux variants du Covid-19, mais aussi par le fait que le virus a trouvé son environnement pour sa diffusion avec un relâchement important sur les mesures barrières.

Les gens ont complètement oublié ces gestes de protection et sont en train de vivre une vie normale. Les nouveaux variants trouvent leur terrain. Et on sait que ces variants se diffusent plus et leur pouvoir pathogène est plus important. Avec un virus qui trouve un environnement pareil, il y a des grandes probabilités qu’on connaisse une 3e vague de l’épidémie de Covid.

A-t-on aujourd’hui une idée sur la prévalence des nouveaux variants dans le pays ?

Il y a un seul système de surveillance des nouveaux variants, en l’occurrence celui de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA). On a vu que les variants se diffusent un peu partout dans le pays avec néanmoins une prédominance du variant nigérian dans certaines wilayas du sud.

On ne peut pas arrêter la propagation des variants. Ce qu’on peut faire par contre, c’est de la réduire.

En Algérie certes on n’enregistre pas le nombre de cas comme dans d’autres pays. Mais cela n’empêche pas de réagir dès maintenant en appliquant les mesures barrières afin de maîtriser cette diffusion. Si on ne fait rien, on va être un terrain favorable pour la diffusion des nouveaux variants.

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Faut-il user de plus de coercition pour faire respecter les gestes barrières ?

Personnellement, je suis pour sensibiliser la population, avant de passer à la sanction. Il faut communiquer et dans le cas où cela ne marche pas, à ce moment-là la sanction sera le dernier recours.

L’autre mesure importante, c’est la vaccination qu’il faut accélérer pour casser la chaîne de transmission.

Cependant, la campagne de vaccination connaît de gros problèmes de disponibilité des vaccins… 

Il y a une demande importante sur les vaccins, que ce soit de la part des pays producteurs ou non, tout cela était attendu.

Le vaccin AstraZeneca, épinglé par des pays européens pour ses effets rares, mais dangereux de thromboses, suscite aussi de la méfiance en Algérie. Cela ne va-t-il pas influencer la campagne de vaccination ? 

Le vaccin russe Spoutnik V marche très bien et jouit d’une bonne réputation depuis son arrivée. Le vaccin chinois Sinopharm a commencé timidement, mais aujourd’hui il est très demandé, il marche très bien.

L’AstraZeneca pose certes un problème, puisqu’on lui a imputé certains effets secondaires, même si effectivement on n’a pas établi de lien direct. Il y a certes eu quelques cas qui sont liés à la vaccination, mais cela est possible.

Lorsqu’on a vacciné plusieurs millions de personnes, on peut avoir un effet secondaire rare.  En résumé, pour les deux vaccins (chinois et russe) ça marche très bien, mais pour l’AstraZeneca il y a toujours cette réticence qui va se dissiper avec le temps.

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À titre personnel, quel est votre jugement par rapport à l’AstraZeneca ?

Comme je suis scientifique, j’essaie de critiquer de manière scientifique. On est dans la phase 4 qui suit la phase d’enregistrement (phase 3). On est en train de vacciner un nombre très important de personnes.

Durant cette phase, on va surveiller les effets secondaires graves. C’est possible d’avoir une thrombose après avoir vacciné un nombre très important de personnes, c’est le cas aussi du vaccin contre l’hépatite B par exemple avec des effets secondaires neurologiques.

Mais d’après les études réalisées, il a été démontré qu’il y a un bénéfice très important et incomparable par rapport au risque. C’est de cette façon qu’on peut juger de l’utilité d’un vaccin.

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