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Véhicules de moins de 3 ans : pourquoi rien n’est encore réglé

Véhicules de moins de 3 ans : pourquoi rien n’est encore réglé

La loi de Finances complémentaire  (LFC) pour l’année 2021 est entrée en vigueur le 8 juin dernier, actant officiellement le retour de l’importation par les Algériens des véhicules de moins de trois ans, sous conditions.

« Est autorisé le dédouanement pour la mise à la consommation, avec paiement des droits et taxes relevant du régime de droit commun, les véhicules de tourisme de moins de trois ans d’âge, importés par les particuliers résidents, une fois tous les trois ans, sur leurs devises propres, par débit d’un compte devises, ouvert en Algérie », stipule la loi de Finances complémentaire.

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Les modalités d’application du présent article ainsi que le contrôle de conformité des véhicules de tourisme usagés, « visés au présent article, sont fixées par voie réglementaire », précise la même loi.

Ainsi, la loi de Finances complémentaire stipule que les particuliers résidents ne peuvent importer de véhicule de tourisme qu’une fois tous les trois ans. En outre, l’acquisition du véhicule de tourisme à l’étranger devra se faire sur les devises propres détenues par le particulier et non sur les réserves de change de l’Algérie, ce à partir d’un compte devises ouvert en Algérie.

De nombreux obstacles à lever

À peine la loi officiellement entrée en vigueur que plusieurs obstacles ont été mis en lumière par des experts, notamment Brahim Guendouzi, professeur d’Économie à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou.

Ce dernier a mis en garde contre les défis n’ayant pas été réglé par la loi de Finances complémentaire qui devront se décanter avant d’envisager de revoir des véhicules d’occasion circuler sur le marché algérien.

« Le mécanisme ne semble pas aussi simple que par le passé », a estimé M. Guendouzi dans un entretien accordé à TSA. « D’abord il y a le coût d’acquisition élevé des véhicules », a-t-il pointé.

Avec un euro à 210 dinars sur le marché noir, les prix des véhicules seront exorbitants. Exemple : une voiture à 10.000 euros seulement reviendrait à plus de deux millions de dinars, sans compter les frais de transport, les taxes douanières, les frais de déplacement et de séjour à l’étranger, etc.

Outre le prix exorbitant, Brahim Guendouzi a pointé les « aspects opérationnels » de l’opération qui « ne sont pas encore précisés comme les modalités de transfert des devises vers l’étranger, quel établissement bancaire habilité à traiter les dossiers, le certificat de conformité, la circulation des personnes physiques dans les conditions de crise sanitaire, etc. ».

Brahim Guendouzi s’est également interrogé sur le paradoxe dans les décisions prises par le gouvernement, qui veut d’un côté lutter contre le marché informel, mais qui de l’autre invite les particuliers à payer les véhicules « sur leurs devises propres ».

« On se pose certaines questions : on veut lutter contre l’informel mais on favorise une activité qui fait appel au marché informel de la devise pour alimenter les comptes des futurs acquéreurs ? », s’est interrogé le professeur d’Économie.

Le retour à l’importation des véhicules de moins de trois ans va peser lourdement sur le marché noir des devises. L’euro et le dollar pourraient atteindre des sommets face au dollar.

« La liquidité détenue en dehors des circuits bancaires ne risque-t-elle pas d’être recyclée en partie dans l’achat en masse de véhicules de moins de trois ans ? », a estimé en outre M. Guendouzi. Soumises à des règles strictes en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, les banques ne vont pas accepter des devises achetées sur le marché noir, sans aucun justificatif de provenance des fonds.

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