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Vers l’éclatement de l’alliance des pays du Golfe ?

Vers l’éclatement de l’alliance des pays du Golfe ?

C’est une crise diplomatique sans précédent qui touche actuellement les pays du Golfe. Depuis le 23 mai, date à laquelle un communiqué critique de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, attribué à Cheikh Tamim Ben Hamad al-Thani, a été publié sur le site internet de l’agence officielle qatarie, les relations entre quatre des six monarchies du Gofle ont atteint leur niveau le plus critique jamais enregistré. Pire : elles ont été rompues suite à une décision commune de l’Arabie saoudite et de ses alliés de couper tous les liens avec le Qatar.

Doha sévèrement sanctionné

Une série de mesures a été prise à l’encontre de Doha, accusé d’être un bailleur de fonds des groupes terroristes, mais aussi d’entretenir des relations étroites avec l’Iran, bête noire de l’Arabie saoudite.

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Parmi ces mesures, figurent : la rupture des relations diplomatiques, l’interdiction des espaces aériens des cinq pays aux vols de la compagnie aérienne qatarie et la fermeture de la  frontière terrestre entre l’Arabie saoudite et le Qatar. Interdiction pour les ressortissants de ces pays de se rendre au Qatar et inversement…En somme, une rupture totale des échanges avec le petit émirat.

Des pays ultra-riches en pétrole et en Gaz

Les médias qataris ont dénoncé une violation des règles universelles du bon voisinage, mais surtout celles instituées par le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Créé en 1981, à l’initiative de l’Arabie saoudite, le CCG, dont le siège se trouve à Riyad, est une puissante organisation politico-économique.

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Les six pays qui le composent (l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et Oman) détiennent à eux seuls le tiers des réserves mondiales de brut, rappelle Le Monde. Les six monarchies, dont quatre sont membres de l’Opep, pompent 17 millions de barils par jour, soit environ 18% de la production mondiale et 55% de celle du cartel, d’après Le Point. Par ailleurs, le Qatar est considéré comme le premier producteur et exportateur de gaz naturel liquéfié, selon La Tribune.

La région la mieux intégrée du monde arabe

En apparence, les pays du CCG forment le groupement régional du monde arabe le mieux intégré, notamment si on le compare à l’Union du Maghreb arabe (UMA – Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie).

En effet, les six pays du Golfe ont une bonne longueur d’avance sur les autres pays arabes, en matière de liberté de circulation des biens, des personnes et même des capitaux dans certains domaines (des restrictions en ce sens demeurent dans certaines activités économiques, souligne Le Point).

Outre les facilités de circulation des biens, des capitaux et des personnes, les pays du Golfe ont franchi en 2009 un nouveau pas vers plus d’intégration lorsque l’Arabie saoudite, le Koweït, le Bahreïn et le Qatar ont signé, à Riyad, un accord portant sur la création d’une monnaie unique.

Ce n’est pas tout. Les six pays ont également lancé un projet d’union douanière. Ils disposent, depuis 1990, d’une force militaire commune. Une force qui a été déployée en 2011 au Bahreïn pour protéger le régime en place des répercussions du printemps arabe.

Frictions et fragilité

Toutefois, malgré ce qui semble être une volonté d’aller de l’avant de la part des pays du CCG, leur union demeurait fragile. Certains projets, comme celui de la monnaie unique, n’ont pas abouti. D’autres, à l’instar de l’union douanière, sont au ralenti.

S’ajoutent à cela, les tensions politiques accumulées non résolues entre ces pays. En témoigne la crise actuelle qui trouve ses racines dans celle de 2014 lorsque l’Arabie saoudite, le Bahreïn et les Émirats arabes unis ont retiré leurs ambassadeurs accrédités à Doha pour protester, déjà, contre les politiques et les prises de position du Qatar.

Même si un semblant de retour à la normale a ensuite été observé, après une médiation koweïtienne, les divergences fondamentales ne semblent pas avoir été traitées en profondeur. Résultats : les monarchies du golfe tombent dans la crise la plus grave depuis l’existence du CCG.

L’avenir de ce dernier est-il menacé ? Difficile à dire. En tout cas, hier vendredi, Riyad a fait savoir que la seule médiation acceptée sera dans le cadre du CCG.

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