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Vives tensions autour du référendum au Kurdistan irakien

Vives tensions autour du référendum au Kurdistan irakien

Le projet de référendum pour la création d’un État kurde indépendant au nord de l’Irak avait été annoncé en juin dernier par Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan d’Irak. Mais la Turquie est fermement opposée à l’organisation de ce scrutin qui aura lieu le 25 septembre.

« L’insistance (des responsables kurdes) à organiser ce référendum malgré tous les conseils amicaux aura un prix », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué, publié ce jeudi, appelant Erbil à renoncer à cette « approche erronée ». Il n’a toutefois pas précisé quelles seraient les conséquences du maintien de ce scrutin.

Ankara menace Erbil de sanctions

Dans la foulée, le porte-parole du président Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a sommé le Kurdistan irakien d’annuler ce référendum.

« Nous attendons des autorités du Kurdistan irakien à Erbil qu’elles reviennent sur cette mauvaise décision sans délai », a t-il déclaré lors d’une conférence de presse jeudi à Ankara.

Le Kurdistan irakien qui tire la majorité de ses recettes de l’exportation du pétrole, via un oléoduc arrivant au port turc de Ceyhan, pourrait se voir sanctionner économiquement, a laissé sous-entendre le porte-parole. Il a ainsi souligné que le déroulement de cette consultation populaire aurait  « assurément des conséquences ». 

Si Ankara déploie autant d’énergie pour empêcher le divorce entre Erbil et Bagdad, c’est qu’elle craint évidemment que la création d’un État kurde à sa frontière puisse alimenter le désir séparatiste dans sa région kurde du pays (au sud-est).

Un État kurde, vieux serpent de mer

Si le référendum relance le débat autour d’un État kurde, cette question n’est pas nouvelle. En 1920, au lendemain de la dislocation de l’Empire ottoman, le Traité de Sèvres prévoit la création d’un État kurde au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Mais l’arrivée de celui qu’on appelle aujourd’hui « le père de la Turquie moderne », Mustafa Kemal, douche les espoirs des Kurdes. La création d’un État-nation turc gomme toute singularité. Bref, les Kurdes doivent se fondre dans une nation homogène. En 1923, c’est un autre traité, le traité de Lausanne qui reconnaît la légitimité de la Turquie moderne de Kemal. Le projet d’un État kurde disparaît. 

Il faudra finalement attendre 1991 pour que les Kurdes obtiennent une amorce de leur autonomie, et de fait un embryon d’État kurde. Puis 2005 pour que la nouvelle constitution irakienne reconnaisse officiellement la région autonome du Kurdistan. Les Kurdes disposent de leur propre armée (les Peshmergas), de leur hymne, d’un Parlement.

Bagdad veut préserver l’unité du pays

Aujourd’hui, il n’est toutefois pas question d’aller plus loin dans le processus. L’Exécutif irakien juge que ce référendum kurde est contraire à la Constitution irakienne. Quant au Parlement, il a rejeté mardi 12 septembre le référendum et a autorisé le Premier ministre, Haïdar al Abadi, à prendre les mesures nécessaires pour préserver l’unité du pays.

Les Kurdes ne peuvent pas non plus compter sur le soutien des États occidentaux qui craignent que ce référendum dégénère en conflit, que ce soit avec Bagdad ou dans les autres pays qui comptent des minorités kurdes (la Turquie, l’Iran, la Syrie).

Le Parlement du Kurdistan, qui n’a pas siégé depuis plus de deux ans, doit quant à lui se prononcer vendredi sur l’organisation de ce référendum. Dans une interview au Figaro accordée en mai dernier, Massoud Barzani indiquait que les Kurdes voulaient « divorcer de l’Irak pacifiquement, à travers le dialogue et la négociation ».

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