Autant ses exploits sur le rectangle vert suscitent l’admiration, autant son comportement capricieux et ses dérapages extra-sportifs alimentent les polémiques : Youcef Belaïli, l’enfant terrible du football algérien, fait de nouveau « Une », non pas pour un coup de génie, mais pour une attitude que beaucoup d’internautes ont condamné.
De retour mercredi des États-Unis, où l’attaquant international algérien a brillé avec son équipe, l’Espérance de Tunis à la Coupe du Monde des clubs FIFA 2025, malgré une élimination en phase de poules, le natif d’Oran a eu une altercation en plein vol avec le personnel navigant de l’avion d’Air France qui le ramenait à Paris. En cause : son refus d’attacher la ceinture de sécurité de son fils, âgé de deux ans. Selon plusieurs médias, il aurait même provoqué une bagarre à bord.
Accueilli à sa descente de l’avion à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle par la police française, il a été arrêté et placé en garde à vue avant d’être relâché dans la journée pour « infraction insuffisamment caractérisée », selon le ministère public français. L’intervention des autorités consulaires algériennes a permis d’obtenir rapidement sa libération.
Le grave dérapage de Youcef Belaili en plein vol
Juste après son arrestation, son père et manager, Hafid Belaïli, s’est plaint du comportement de la police française :« mon fils Youcef a subi une injustice à l’aéroport Charles-de-Gaulle en France ! La police française l’a humilié, bien qu’il soit un joueur international », a-t-il déclaré à El Heddaf TV.
Loin de faire amende honorable, compte tenu des exigences de la sécurité aérienne, Youcef Belaïli, une fois arrivé en Algérie, publie sur Instagram la vidéo de l’incident, accompagnée de ce message cinglant :« Algérien et fier les bâtards ».
Une sortie qui devient virale et déclenche une pluie de commentaires, quasi unanimement critiques. « Le craquage total du footballeur Youcef Belaïli », titrait RMC Sport. Sur les réseaux sociaux, l’international algérien en prend pour son grade. « C’est juste de l’arrogance et un sentiment de grandeur, rien de plus », a réagi un internaute.
« Achète-toi un avion et fais ce que tu veux », épingle un autre internaute, tandis qu’un troisième déplore : « dommage, cet homme sans morale représente l’Algérie ». Rares sont ceux à lui avoir apporté leur soutien, comme Kada Chafi, responsable de l’association « Radieuse », qui affirmait, à travers une vidéo, que le joueur a été libéré « grâce aux hommes », en allusion à une intervention des autorités consulaires algériennes.
Youcef Belaili, un génie du ballon rattrapé par ses frasques
Joueur au talent incontestable, qualifié par certains de « Neymar algérien », Youcef Belaïli n’en est pas à son premier dérapage. Depuis ses débuts, sa carrière est jalonnée de scandales et de frasques. En 2015, alors âgé de 22 ans, il est contrôlé positif à la cocaïne après un match de Ligue des champions africaine de son équipe, l’USM Alger, face au MC El Eulma. Il plaide une « consommation involontaire » dans un cadre festif. Il est suspendu quatre ans par la CAF, peine ensuite réduite à deux ans par le Tribunal Arbitral du Sport (TAS).
En 2022, après avoir rejoint le Stade Brestois en Ligue 1, auréolé de son statut de star suite à ses performances stratosphériques en Coupe d’Afrique des Nations 2019, trois ans plus tôt, et en Coupe Arabe des Nations la même année, Belaïli se distingue à nouveau, mais hors des pelouses. Mauvais état d’esprit, plaintes répétées, attitude instable, refus de prolongation… Il finit par quitter le club brusquement, laissant une direction médusée.
Une carrière gâchée par les dérapages
Avec le MC Alger durant la saison 2023-2024, il s’est distingué par de nombreux dérapages et un comportement indigne envers l’arbitre Ghada Mahat lors d’un match de Coupe d’Algérie en avril 2024, avant de présenter ses excuses à la référée.
En Tunisie, il choque l’opinion locale en célébrant un but avec un geste obscène adressé à la galerie adverse. Grâce au soutien de son club, il s’en sort à bon compte. Mais, partout où il évolue, que ce soit à Angers (France), Al-Ahli (Arabie Saoudite) – où il quitte le club brutalement – ou encore à Ajaccio, qu’il abandonne sans crier gare quelques mois après son arrivée, Belaïli laisse une réputation de joueur imprévisible, difficile à gérer.
Reste qu’en dépit de cette réputation sulfureuse, Youcef Belaïli, 33 ans, ce n’est pas seulement un comportement déroutant. C’est aussi un talent pur, un style flamboyant, capable de renverser un match à lui seul. Qui peut oublier son but décisif contre le Sénégal en phase de groupes de la CAN 2019, en Égypte ? Ou encore son but mythique contre le Maroc en Coupe Arabe 2021 (disputée en novembre-décembre 2022), au Qatar, qui lui vaudra d’être élu meilleur joueur du tournoi – un but d’anthologie repris dans une publicité d’une compagnie aérienne. Avec l’Espérance de Tunis, il remporte deux titres consécutifs de Ligue des champions africaine (2018 et 2019), devenant une icône du club.
Héros populaire en Algérie depuis le sacre en Égypte en 2019 sous la houlette de Djamel Belmadi, sa vivacité, sa technique et sa hargne ont marqué toute une génération de fans et de puristes. Mais comme Maradona, Garrincha, Paul Gascoigne ou encore Éric Cantona, pour ne citer que quelques noms de footballeurs doués, mais controversés, Youcef Belaïli incarne le paradoxe du génie incontrôlable, aussi capable d’éclairs de génie que de scandales à répétition.
Un profil controversé, loin d’un modèle pour la jeunesse, sans doute à l’origine d’une carrière en dents de scie. Dommage pour l’enfant d’El Bahia, dont les exploits en sélection lui valent encore l’amour de nombreux fans, mais qui aurait pu prétendre à une place parmi les grands du football mondial. Comme quoi, sans discipline, sans morale, le talent seul ne suffit pas à atteindre les sommets.
« Le seul souci de Belaïli est la constance. Un talent de Youcef ajouté au professionnalisme de Aïssa Mandi auraient permis au joueur d’évoluer au moins à Tottenham ou à l’Atlético Madrid », disait de lui en novembre 2020, l’ancien sélectionneur de l’équipe d’Algérie Djamel Belmadi (août 2018- février 2024).
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