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Zidane, l’art de vaincre la tempête

Zidane, l’art de vaincre la tempête

C’est vrai, les déclarations de Zinédine Zidane en conférence de presse ou en zone mixte sont souvent de l’eau tiède pour les journalistes. L’homme fait preuve constamment de mesure dans sa communication, mais surtout, d’un soutien infaillible à ses joueurs.

Jamais l’entraîneur madrilène n’a visé publiquement l’un de ses soldats. Ni Gareth Bale, dont un départ l’été prochain se dessine de plus en plus, ni Karim Benzema, sifflé par une partie des supporters pour son manque d’efficacité.

« Nous avons toujours cru en Zidane », déclarait Sergio Ramos, le capitaine des Merengue, quelques minutes après la victoire face au Paris Saint-Germain (2-1), mardi 6 mars, tandis que Luka Modric, un autre cadre de l’équipe, confiait que c’était « une folie » de remettre en cause cet appui, relate ce mardi 13 mars le journal Marca, consacrant sa Une à Zidane.

Un fin psychologue

Le plus grand succès du technicien réside sans doute dans le fait d’avoir su conserver le soutien total de son vestiaire, là où Rafael Benitez et José Mourinho ont échoué avant lui. Dans la tourmente durant une première partie de saison compliquée, critiqué pour son manque de recrutement et abandonnant tout espoir de conquérir le titre aux dépens du FC Barcelone, Zidane a prouvé qu’il savait être un fin tacticien durant les huitièmes de finale de Ligue des champions – même s’il en a refusé les louanges. Mais derrière l’entraîneur à l’allure toujours impeccable dans ses costumes, se cache aussi une ancienne gloire du football sachant comment parler aux joueurs.

Après tout, il n’était pas évident d’expliquer à Cristiano Ronaldo, dont l’égo de superstar peut être un rude obstacle, qu’il allait quelquefois s’asseoir sur le banc des remplaçants afin de le préserver pour les grands rendez-vous. Il n’était pas non plus évident de maintenir concerné le jeune prometteur Marco Asensio, qui aurait pu aspirer à plus de temps de jeu en 2017, durant les absences de Bale, victime d’une série de blessures.

« C’est compliqué de gérer un si bon effectif. Zidane a confiance en moi, il me parle beaucoup. Mais je travaille chaque jour pour avoir à chaque fois plus de minutes, je sais où je suis », confiait la pépite madrilène en décembre dernier dans les colonnes du quotidien espagnol. Alors que la presse ibérique révélait en janvier que l’entraîneur attendait plus de son jeune milieu de terrain, celui-ci a brillé lors de la double confrontation face aux Parisiens, à l’origine du troisième but au match aller (3-1) et remplissant son rôle défensif à merveille au Parc des Princes.

Un autre exemple dans sa capacité à gérer les humeurs de chacun est celui de Dani Ceballos, en grand manque de temps de jeu. Face à Leganés (3-1), le 21 février dernier, Zidane le faisait entrer à trente secondes de la fin du match, le jeune milieu, élu meilleur joueur du dernier Euro espoir, n’ayant pas eu le temps de toucher un seul ballon, ce qu’il a mal vécu.

L’entraîneur madrilène s’en excusait en conférence de presse : « Je me suis senti mal d’avoir fait ça et j’en suis vraiment désolé. Je suis très content de lui car il a la bonne mentalité et il travaille, il est jeune et doit apprendre. Il doit continuer à travailler et penser au fait qu’il va avoir du temps de jeu. »

L’ambassadeur du Real

De cette délicatesse, Zidane en a su tirer un avantage considérable. Il accorde de l’importance à ce qui pour certains peuvent paraître des détails, comme au fait de regagner les installations, après chaque entraînement, par une porte différente de celle des joueurs, conscient qu’un collectif a besoin de moments sans la présence de l’entraîneur pour se construire, explique Marca.

L’entraineur n’est pas avare en attention. Il prend le temps de parler en tête-à-tête avec ses joueurs, du foot et de la vie. La recette fonctionne, puisque le Real Madrid a connu huit victoires sur les dix derniers matchs en championnat, et a surtout évincé le Paris Saint-Germain en Ligue des Champions, avec une facilité, digne d’un double tenant du titre.

Il y a presque un mois, l’eau habituellement tiède que livre Zidane aux journalistes avait été exceptionnellement un peu plus chaude que d’ordinaire, laissant planer le doute quant à un éventuel départ en fin de saison.

« Je vais me battre pour rester à Madrid », avait-il alors soufflé entre deux déclarations. Il se pourrait bien qu’il y reste, surtout s’il parvient à hisser une troisième fois d’affilée le Real Madrid au sommet de l’Europe, le 26 mai prochain, à Kiev. Cela reste pour l’heure de la science-fiction, et les Madrilènes devront pour ça surpasser des adversaires amplement plus coriaces que le PSG, à l’instar de Manchester City ou de la Juventus de Turin, eux aussi qualifiés pour les quarts de finale en attendant les derniers verdicts cette semaine.

Mais dans tel cas, Florentino Pérez, le président du Real, ne devrait pas se séparer de son coach, dont on dit que l’entente entre les deux ne serait plus au beau fixe. Zidane conservera son crédit auprès de son président, même si le rêve devrait être un peu moins glorieux que la conquête d’une treizième Ligue des champions.

Car outre son CV et ses qualités, l’ancien meneur de jeu véhicule parfaitement les valeurs de la Casa Blanca, tout en sobriété et sérénité, à la différence d’un José Mourinho, trop provocateur pour l’institution madrilène, ou Antonio Conte, sans doute un brin trop sulfureux.

De quoi mûrir longuement sa réflexion avant de lui dire au revoir. Car Zidane est tout à la fois un lieutenant soutenu par ses troupes, et un capitaine sachant garder le cap quand le navire tangue.

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