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115e vendredi : forte mobilisation, plusieurs arrestations

115e vendredi : forte mobilisation, plusieurs arrestations

Beaucoup appréhendaient ce 115e vendredi du Hirak et ils n’auront pas eu tort. La marche d’Alger s’est terminée en queue de poisson, avec des charges de la police et des interpellations.

Durant la semaine qui s’achève, et même celle d’avant, la répression du mouvement est allée crescendo, avec la reprise des arrestations et des incarcérations et les perquisitions aux domiciles des activistes.

Mardi dernier, la marche des étudiants a été empêchée à Alger et des dizaines de manifestants ont été interpellés, une première depuis le début du Hirak. A Oran, la marche de vendredi dernier a été empêchée brutalement.

Il était clair que les autorités ont opté pour la manière forte pour tenter de réduire l’ampleur des manifestations, à défaut d’y mettre fin à l’approche du scrutin législatif du 12 juin.

En dépit de cette nouvelle donne, les Algériens sont sortis en nombre. A l’heure habituelle, vers 14h30, les rues d’Alger étaient noires de monde comme chaque vendredi. Dans les autres villes, comme Tizi Ouzou, Annaba, Bejaïa et d’autres villes, les manifestants étaient au rendez-vous.

A Alger, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé dès la matinée. Cela n’a rien de nouveau, il en est ainsi chaque vendredi. Mais pour les habitués des marches, il y a des signes perceptibles que celle de ce vendredi 30 avril s’annonce différente des précédentes.

Par exemple, avant l’arrivée de la vague « Casbah-Bab El Oued », la police empêche citoyens et journalistes de passer par la rue Asselah-Hocine, passage habituel de la déferlante impressionnante qui vient des quartiers ouest de la Capitale.

Depuis quelques semaines, la rampe Mustapha-Benboulaïd qui surplombe la rue Asselah est occupée chaque vendredi par des camions de CRS afin d’empêcher les gens de filmer la rue pleine à craquer.

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Fin de marche en queue de poisson à Alger

Fait inhabituel, les forces de l’ordre sont stationnées en force au niveau de la place Audin, au cœur d’Alger. Un cordon de CRS est mis en place. L’objectif apparent est d’empêcher la jonction de la vague qui vient de la rue Asselah Hocine, donc de Bab El Oued et des quartiers ouest, avec celle qui descend des hauteurs de la rue Didouche-Mourad et de Ferhat-Boussad et qui charrie les manifestants de la partie est de la capitale.

Empêcher une telle jonction, c’est priver le Hirak de ses images impressionnantes. Néanmoins, tout s’est déroulé normalement. Les manifestants ont marché comme ils ont l’habitude de la faire, dans le calme et la discipline.

Pour contourner le cordon de policiers, les manifestants ont emprunté les ruelles adjacentes menant vers la rue Hassiba Ben Bouali et la place Mauritania.

Aux environs de 16 heures, soit vers la fin de la marche, la police a chargé les manifestants au niveau de plusieurs endroits, dont la rue Didiouche-Mourad et la place Emir Abdelkader.

Des dizaines de manifestants sont interpellés. Certains ont été relâchés avant l’iftar, d’autres étaient toujours retenus dans les commissariats de la capitale. L’ancien Gouverneur de la Banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer, figure parmi les personnes interpellées.

« J’ai fait un petit tour dans un panier à salade pour une photo prise vers 15h30 à Didouche. J’ai partagé un temps précieux avec 16 concitoyens très divers et très motivés. Le Hirak va bien. J’ai été libéré 2 h plus tard seul », a témoigné Hadj Nacer sur Facebook.

A Oran, malgré la répression de la marche de la semaine passée, les manifestants sont de nouveau sortis ce vendredi. La place du 1er-Novembre (place d’armes, centre-ville) était quadrillée par la police, mais les hirakistes ont improvisé un nouvel itinéraire, empruntant d’autres ruelles du centre-ville.

A Alger, Oran ou les autres villes qui ont connu des marches ce vendredi, les manifestants sont revenus, par leurs slogans et leurs pancartes, sur les événements de la semaine, l’affaire Tabbou, le rôle du MAK, la reprise des arrestations et des incarcérations… Les citoyens ont insisté sur la préservation de l’unité du Hirak et réitéré leur rejet du scrutin du 12 juin prochain.

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