Pour la seizième semaine consécutive, les étudiants algériens sont descendus dans la rue pour protester contre le régime en place et exiger la mise en place d’une transition démocratique.
À Alger, les jeunes gens ont entamé leur marche autour de 10 heures depuis la Place des Martyrs, vers la place Audin. Moins nombreux que les semaines précédentes, les étudiants n’en sont pas moins restés déterminés, affirmant à plusieurs reprises leur volonté de faire « dégager » Ahmed Gaïd Salah, le chef d’état-major, le président par intérim Abdelkader Bensalah et le premier ministre Noureddine Bédoui, rejetant de facto toute proposition de dialogue.
« On est ici parce qu’on a encore de l’espoir. Ce n’est pas fini, pointe Dounia qui dit étudier dans une branche technique. Il doit y avoir une ébauche de changement concret et honnête. Les procès, les arrestations du moment… tant que nous n’avons pas une justice libre, je ne vois pas l’intérêt de faire tout ça ».
Une justice libre et indépendante, c’est aussi ce que réclame un étudiant en dernière année de médecine croisé à rue Didouche Mourad. « Quand on aura ça, on pourra faire beaucoup de choses », affirme-t-il.
Particularité de cette seizième semaine de mobilisation, l’évocation par plusieurs manifestants, d’un projet de feuille de route en cours d’élaboration avec des propositions concrètes pour rebâtir le pays. « On ne peut plus se contenter des manifestations. Bien-sûr, nous n’allons pas nous arrêter. Mais nous cherchons aussi des solutions à cette crise politique, explique Lina (prénom d’emprunt), étudiante au sein de l’École nationale supérieure des travaux publics. Le pôle des étudiants s’est donné pour objectif d’unifier la voix des étudiants via l’élaboration d’une feuille de route qui, on l’espère sera exposée lors d’une conférence nationale ».
Quatorze établissements du pays seraient impliqués dans l’écriture de cette feuille de route, d’après Anis et Souhaib, deux étudiants rencontrés à Audin. Si des points de divergences subsistent, tous deux affirment que l’organisation d’élections libres et transparentes font consensus.
« Le peuple doit reprendre le pouvoir. On ne peut pas compter sur ceux qui nous ont trahis dès l’indépendance. Aussi nous sommes tous contre le maintien de Bensalah pour gérer une période de transition, explique Anis. Nous voulons une séparation des pouvoirs et une révision des fonctions présidentielles afin qu’une personne, élue démocratiquement ne se transforme pas en dictateur ».
Les étudiants se sont dispersés en milieu d’après-midi, sans heurt, promettant de revenir autant de fois que nécessaire jusqu’à obtenir gain de cause.