
En visite de travail dans la wilaya d’El-Oued, samedi 1er avril, le premier ministre, Abdelmalek Sellal, a annoncé, que des investisseurs algériens devraient prochainement approvisionner le géant du fast-food américain en tomates cerises. « J’ai visité ce matin un projet d’investissement sur 200 hectares pour produire de la tomate cerise (…) Et dès maintenant, ils (les investisseurs) ont déjà un client qui est McDonald’s », a-t-il dit.
Le Premier ministre n’a toutefois donné aucune information sur la nature d’un tel contrat, ni sur les restaurants concernés.
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Si cette annonce peut être une bonne nouvelle pour l’économie algérienne qui doit à tout prix diversifier ses sources de revenus, elle pose néanmoins plusieurs questions sur la viabilité de ce projet.
Une sélection très rigoureuse
La tomate cerise algérienne devra d’abord répondre aux exigences de McDonald’s. Tous les fournisseurs de l’entreprise de restauration rapide, qui compte 33 000 restaurants dans le monde, doivent en effet se soumettre à un cahier des charges bien précis afin d’éviter tout scandale sanitaire. Des contrôles systématiques sont donc effectués en amont par les fournisseurs, mais aussi par des auditeurs indépendants.
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En outre, la chaîne de restauration rapide impose aussi d’autres exigences en matière de sécurité alimentaire : « Le contrôle de la provenance et de la qualité de l’eau d’irrigation (5 prélèvements minimum par campagne et par source), la maîtrise des corps étrangers, ou encore la tenue des personnes effectuant la récolte. Un audit annuel est réalisé par le fournisseur ou par une tierce partie », détaille le site de McDonald’s France.
Sachant que la production n’a pas encore démarré sur le site évoqué par Sellal, il est donc peu probable que le géant américain de la restauration rapide se soit engagé à acheter des tomates cerises algériennes sans s’être assuré au préalable de la qualité des produits.
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À qui seraient destinées ces tomates ?
De plus, la chaîne de fast-food qui cherche à privilégier les producteurs locaux dans chaque pays où elle est implantée pour améliorer son image ne compte encore aucun établissement en Algérie. À qui serait donc destinée cette tomate cerise ? Certes, l’entreprise compte plusieurs établissements au Maroc et en Tunisie. Mais il est peu probable que la tomate cerise algérienne vienne garnir les salades McDo de ces deux pays. Le site de McDonald’s Maroc indique de son côté qu’un réseau de producteurs locaux fournit 50% des approvisionnements.
Un problème d’approvisionnement
Enfin, dernière interrogation, et non des moindres. S’il est déjà compliqué d’approvisionner le marché national en fruits et légumes (ce qui engendre une très forte hausse des prix), l’idée de fournir McDonald’s en tomates cerises paraît bien ambitieuse. Avec une plantation de 200 hectares, les investisseurs pourront-ils répondre aux demandes du géant du fast-food ?