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Abderrazak Makri : « Le report de l’élection présidentielle est très probable »

Abderrazak Makri : « Le report de l’élection présidentielle est très probable »

Ça semble plus sérieux qu’on le pensait. Pour ne pas dire que la proposition du président du MSP de reporter l’élection présidentielle prochaine est une idée du pouvoir, on sait maintenant au moins que celui-ci ne la voit pas d’un mauvais œil.

Et c’est peu dire. Invité ce dimanche 9 décembre de TSA-Direct, Abderrazak Makri a révélé que son initiative fait consensus au sein de l’opposition et même chez une partie du pouvoir. Mieux, il a précisé qu’il a eu lui-même à le constater à travers des « contacts » qu’il a eus directement avec les parties concernées, sans les nommer.

« Oui, on a contacté tous ceux que nous avons estimé qu’ils pourraient être utiles pour le succès de l’initiative, mais par respect pour eux et pour moi-même, je me refuse de les citer », répond-il à la question de savoir s’il a approché des parties au sein du pouvoir.

Avec les révélations de Makri, le puzzle de cette histoire de conférence nationale et du report de la présidentielle commence à se compléter. Mercredi dernier, le président de TAJ, Amar Ghoul, avait appelé contre toute attente à la tenue d’une conférence nationale, et dans la journée de ce dimanche, les quatre partis de l’Alliance présidentielle ont sanctionné leur réunion au siège du RND par une déclaration dans laquelle ils disent accueillir favorablement et appuyer toutes les initiatives émises sur la scène politique et qui visent « l’approfondissement des réformes économiques » et « le renouveau du projet économique ».

Une rhétorique qui cadre parfaitement avec le lexique du président du MSP quand il explique son projet : « La conférence nationale dont on parle doit avoir pour objet l’engagement de réformes politiques profondes qui permettront d’aller vers de vraies réformes économiques ».

À propos des réformes politiques qu’il appelle de ses vœux, il cite le changement de la nature du régime par un rétrécissement des « prérogatives impériales » actuelles du chef de l’État et la révision du code électoral pour aller ensuite vers la concrétisation des principes de l’indépendance de la justice, de la liberté d’expression et d’association…

Le président du MSP explique qu’il ne voit pas d’autre solution pour sortir de l’impasse actuelle et éviter un scénario catastrophe dans les années à venir sur le plan social, que d’aller vers le « consensus ». « Il y a une impasse, le pouvoir vit une crise, sans solutions, à cause en grande partie de la maladie du président. On peut facilement arriver à la situation du Venezuela, en tout cas la situation sociale et économique est très difficile. Le pouvoir ne peut pas assumer ses responsabilités et l’opposition n’a pas les moyens de faire bouger les choses. Tout le monde s’est donc rendu à l’évidence qu’on doit se rencontrer. « Cela pourrait prendre la forme d’une conférence nationale qui ne doit pas être exclusive », suggère-t-il.

C’est du reste une idée défendue depuis plusieurs années par presque tout le monde. « C’est une revendication de la rencontre de Mazafran, de Abdelkader Boukhmkham, de Saïd Sadi, du FFS, du MSP… Le dernier en date à en avoir parlé c’est Amar Ghoul. Nous sommes heureux qu’un parti proche du pouvoir accepte une proposition de l’opposition », dit-il.

Abderrazak Makri réitère son analyse qu’il a développée tout au long de la semaine passée, pour appeler de nouveau au report de l’élection présidentielle « d’une année tout au plus », afin de disposer de plus de temps pour donner à la conférence et au consensus toutes les chances de succès. Il apporte au passage de nouveaux éléments à son langage.

« Le report de l’élection présidentielle est très probable. C’est une demande de nombreux partis, même le pouvoir pourrait l’accepter, il y a des échos dans ce sens. On sait qu’en l’état actuel des choses, il n’y a aucune possibilité d’organiser des élections honnêtes en 2019. Il faut prendre le temps qu’il faut pour engager des réformes. Néanmoins, il y a une différence entre le report et le prolongement (du mandat présidentiel, ndlr). Si on reporte le scrutin sans aller vers des réformes, ce serait un prolongement. Et ce n’est pas là notre revendication », explique-t-il.

Makri est certain qu’on peut aller vers une telle option, « quitte à aller vers une révision constitutionnelle ».

Autre certitude du président du MSP, le président Bouteflika ne briguera pas un autre mandat. « Il n’y aura pas de cinquième mandat, pour des raisons évidentes de santé (…) Des gens au sein du pouvoir, certains parmi ceux qui appelaient au cinquième mandat, veulent le remplacer et c’est pourquoi ils souhaitent aller vers des élections sans réformes », assène-t-il. Makri ne nomme personne, mais l’allusion à Ahmed Ouyahia est à peine voilée.

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