L’Algérie veut un partenariat « équilibré, bénéfique et ciblé » avec l’Union européenne alors que les négociations sur l’accord d’association entre les deux parties devraient début en 2025.
Entré en vigueur en 2005, l’accord d’association algéro-européen a connu un coup d’arrêt en juin dernier quand la Commission européenne a décidé d’engager « une procédure de règlement des différends contre l’Algérie ».
Une décision prise pour contester les restrictions algériennes à l’encontre des importations dont celles en provenance de l’Union européenne. Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf a répondu une première fois à la décision de Bruxelles d’engager un bras de fer avec Alger, en critiquant le manque d’investissements européens en Algérie et en déplorant un accord d’association déséquilibré.
« L’évaluation de l’accord d’association entre l’Algérie et l’UE a montré d’importants déséquilibres et qu’il n’était pas en phase avec la situation actuelle de l’Algérie », a-t-il expliqué dans une réponse à une question écrite posée par le député de l’émigration Abdelouahab Yagoubi, sur l’impact de la procédure engagée par la Commission contre l’Algérie.
Le chef de la diplomatie algérienne a indiqué que pour 13 milliards de dollars investis en Algérie entre 2005 et 2020, les pays de l’UE ont engrangé 12 milliards de dollars de bénéfices, alors que les échanges commerciaux entre les deux parties ont atteint 1.000 milliards de dollars durant la période concernée.
Ce mardi, le ministre des Affaires étrangères a évoqué à nouveau le partenariat avec l’UE et d’une façon générale avec les pays du voisinage.
Il a expliqué que le partenariat entre l’Algérie et l’UE doit « obéir pleinement au principe d’équilibre des intérêts des deux parties et privilégier le soutien des efforts du développement économique dans notre pays, sans aucune restriction, ni condition ni obstacle », selon le compte rendu de l’agence officielle APS.
Renégociation de l’accord d’association : l’Algérie pose ses conditions
M. Attaf, qui s’exprimait lors de la célébration de la journée de la diplomatie algérienne, a posé une autre condition. Selon lui, le partenariat entre l’Algérie et l’UE doit « aller au-delà de la logique du profit commercial immédiat », pour « s’inscrire ainsi dans une approche stratégique plus large, fondée sur le développement durable dans toutes ses dimensions ». Comprendre : l’Algérie ne veut pas faire seulement du commerce avec l’UE.
Dans un entretien diffusé samedi par la Télévision algérienne, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a indiqué que l’accord d’association avec l’UE sera révisé « à partir de 2025 ». Il a expliqué que cette révision est désormais « nécessaire », et sera menée « avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit avec l’UE ».
Le président Tebboune a précisé que l’Algérie entretient des relations « normales » avec les pays de l’Union européenne, « y compris la France », avec qui les relations traversent une période de fortes turbulences.
Le chef de l’Etat a ajouté que l’Algérie « demande une révision », car l’essence même de l’accord d’association avec l’UE « repose sur le libre-échange ».
« Nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit », a-t-il dit, en expliquant que l’économie algérienne a bien changé depuis la conclusion de cet accord.
A l’époque, a ajouté le Président, l’industrie ne représentait que 3% du PIB de l’Algérie qui aujourd’hui produit et exporte une « grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres ».