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Affaire Christophe Galtier : où va la France ?

Affaire Christophe Galtier : où va la France ?

Un grave scandale de racisme secoue le football en France, reflétant une réalité bien amère dans ce pays et que tout le monde admet comme une évidence, à savoir que le discours raciste et xénophobe monte et se banalise chaque jour un peu plus.

Jamais des propos comparables à ceux prêtés à Christophe Galtier, entraîneur en chef du Paris-Saint Germain, n’ont été tenus par un personnage d’une telle importance dans la sphère sportive. Et même peut-être ailleurs.

Selon un de ses collègues au moment où il dirigeait l’OGC Nice qui compte de nombreux internationaux algériens, entre 2021 et 2022, Galtier aurait trouvé que son équipe comptait trop de « racailles de noirs » et de musulmans et qu’il fallait songer à respecter « la nature de la ville » en engageant moins de joueurs de couleur ou de confession musulmane.

Il faudra bien entendu vérifier d’abord si Christophe Galtier a réellement dit et pensé de telles choses.

Le cas échéant, de lourdes conséquences devraient en découler, à commencer par son limogeage de la barre technique du PSG, comme l’a promis à la presse française une source du club détenu par les Qataris.

Pour le moment, rien n’est encore confirmé et Christophe Galtier a démenti avoir tenu de tels propos alors que les réactions au sein de la classe politique française restent timides, ce qui renseigne sur la sensibilité du sujet dans un pays où le désir d’extrême-droite est de plus en plus assumé.

Une enquête est en cours pour vérifier que l’entraîneur en chef du PSG a vraiment tenu des propos aussi répugnants.

En attendant, la corrélation entre ce genre de dérives et la montée de l’extrême-droite en France n’est plus à démontrer. En dehors du football qui était jusque-là plus ou moins épargné, les dérapages ne se comptent plus.

Les scores de plus en plus significatifs réalisés aux élections par les partis extrémistes ont mis une telle pression sur la classe politique traditionnelle qui s’est mise à calquer certaines de ses positions sur celles de l’extrême-droite, dont la frange dite identitaire assume un discours ouvertement raciste et xénophobe qui vise particulièrement les musulmans originaires du Maghreb.

Il est un fait que la France se distingue du reste du Vieux continent par la résurgence récurrente de débats passionnés sur les questions identitaires, religieuses ou de l’immigration.

Là où des faits passent dans la case du non-événement en Angleterre, en Espagne ou ailleurs, c’est un sujet en France de tiraillements interminables et de stigmatisations.

C’est seulement en France que le voile islamique est un problème, ou encore le sacrifice du mouton, le jeûne des footballeurs et même la composante de l’équipe nationale.

Les propos prêtés à Christophe Galtier surviennent alors que la polémique sur le jeûne des footballeurs professionnels ne s’est pas totalement estompée.

Extrême-droite et polémiques racistes en France : un cercle vicieux

Depuis le début du mois de Ramadan, des actes et des images de tolérance viennent de Premier League anglaise ou de Liga espagnole, où des arrêts sont marqués pendant les matchs pour permettre aux joueurs musulmans de rompre le jeûne.

La Fédération française de football, elle, a interdit formellement de telles pauses. Dans les clubs et chez les équipes nationales françaises, des cas d’encadreurs qui ont tenté d’empêcher leurs joueurs de jeûner ont été rapportés par les médias français.

Parmi eux justement le même Galtier qui aurait, selon la même personne qui a divulgué ses propos racistes, mis la pression sur ses joueurs musulmans à Nice pour les amener à ne pas se conformer à cette obligation religieuse.

Trouver anormal qu’une équipe soit constituée de joueurs de couleur est une attitude typique de l’extrême-droite. Le premier à le faire a été Jean-Marie Le Pen.

En 1996, le fondateur du Front national a estimé que les Zinedine Zidane, Lilian Thuram, Youri Djorkaeff  ou encore Marcel Dessailly, soit les futurs champions du monde, n’étaient pas dignes de défendre les couleurs de la France, car ils sont d’origine étrangère.

Plus récemment, en pleine coupe du monde au Qatar que la France perdra sur le fil, Eric Zemmour a estimé que la sélection renfermait « trop de noirs ». Des propos qui cadrent avec le spectre du « grand remplacement » brandi par le polémiste identitaire.

Là aussi, c’est l’apanage des voix racistes de France. L’histoire retient que toute l’Amérique était, au JO de Barcelone en 1992, derrière sa « dream team » de basketball pourtant composée exclusivement de joueurs noirs.

Ou encore l’Afrique du Sud, un pays au lourd passif de racisme mais qui n’a pas contesté la composante blanche de son équipe de rugby à la coupe du monde de 1995. Pour l’anecdote, ces deux équipes avaient fini championnes des deux compétitions respectives.

Karim Benzema a dénoncé en 2016 une « partie raciste de la France » qui aurait, selon lui, fait pression sur le sélectionneur Didier Deschamps pour ne pas le convoquer pour l’Euro de la même année.

Six ans plus tard, il sera privé de coupe du monde pour une blessure mais son entourage a estimé que ce n’est pas là la vraie raison de sa mise à l’écart quelques semaines après avoir été sacré ballon d’or.

Toutes ces polémiques et ces dérapages agissent comme l’effet d’albédo : ils naissent de la montée du discours extrémiste et xénophobe qu’ils contribuent à renforcer davantage. Où va la France ?

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