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Affaire du congrès de Rabat : ces luttes intestines qui affaiblissent le football algérien

Affaire du congrès de Rabat : ces luttes intestines qui affaiblissent le football algérien

L’Algérie n’a pas pu faire élire son candidat au comité exécutif de la FIFA. Faut-il s’en offusquer ? Qui faut-il blâmer ? Pour une puissance continentale aussi bien politique que sportive de la taille de l’Algérie, cette faible représentation dans les instances dirigeantes du football africain et mondial est tout sauf normale.

L’Algérie est tout de même championne d’Afrique en titre, pour ne pas égrener toutes les performances passées de sa sélection et de ses clubs.

L’Algérie a pu siéger dans l’exécutif de la FIFA entre 2011 et 2015 par l’intermédiaire de Mohamed Raouraoua, qui a aussi effectué trois mandats au comité exécutif de la CAF entre 2004 et 2017.

Raouraoua a été « déboulonné » dans les conditions que l’on sait de la tête de la Fédération algérienne de football (FAF) en 2017 et il a quelque temps après perdu son siège à la CAF. Il avait été sèchement battu par le candidat du Maroc Fouzi Lekjaa.

A l’issue d’une bataille interne et une forte campagne médiatique qui a provoqué son départ de la FAF, Mohamed Raouraoua avait déjà perdu toutes ses chances de continuer à peser sur la scène continentale.

Les élections dans les instances sportives continentales et internationales constituent un enjeu qui dépasse le cadre sportif, engageant les Etats et tout le poids de leur diplomatie. Y aller en rangs dispersés c’est la défaite assurée. Ce que les Algériens, du moins ces dernières années, ne semblent pas avoir compris.

L’actuel président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, candidat au Comité exécutif de la Fifa au dernier congrès électif de la CAF, sortait justement à peine d’un bras de fer avec les autorités politiques du pays à propos des amendements qu’il avait entrepris d’introduire dans les statuts de la Fédération et que le ministère de la Jeunesse et des Sports jugeait anti-statutaires.

Au bout, il s’est retiré de la course à la dernière minute et c’est encore le Marocain Fouzi Lekjaa qui a remporté le scrutin haut la main. Son bras de fer avec le ministère était à son paroxysme lorsque Zetchi a décidé de briguer un siège au niveau de l’instance mondiale. Devait-il le faire ? S’est-il précipité ? Était-il suffisamment soutenu par le gouvernement ? Les prochains mois nous éclaireront sur les dessous de ce mauvais feuilleton, mais les éléments déjà disponibles laissent penser que l’Algérie n’a pas pris par le bon bout ce dossier.

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Des retombées qui dépassent le cadre sportif

Tout a commencé par un petit scandale lorsque la FIFA a rejeté la candidature de Zetchi pour vice de forme. Le président de la FAF n’aurait pas correctement rempli le formulaire de candidature, omettant de signaler de précédentes sanctions.

Certains médias, citant des sources à la FAF, avaient déjà évoqué une « trahison », soutenant que la mèche aurait été vendue à partir d’Alger. Zetchi saisit le tribunal arbitral du sport (TAS) et obtient gain de cause juste avant le scrutin, mais c’était déjà trop tard.

La suspension ne lui a pas permis de mener sa campagne et il a dû se retirer à la dernière minute. De retour à Alger au lendemain du congrès de Rabat qui s’est tenu vendredi 12 mars, le président de la FAF en rajoute une couche.

La veille, une correspondance que lui avait adressée le ministère à propos de sa candidature dans laquelle le ministre lui apportait un soutien mitigé, a fuité dans la presse et les réseaux sociaux. Zetchi soutient que la fuite ne pouvait provenir que du ministère. Même s’il n’a accusé ni le ministre ni aucun autre responsable, il s’agissait pour lui de signifier que des parties cherchaient à lui nuire.

Cette affaire rappelle celle de l’autre camouflet essuyé par l’Algérie lors des élections du comité exécutif de la CAF en 2018. Fin décembre 2017, le dossier de candidature de Ould Zemirli, alors vice-président de la FAF, avait été rejeté pour être parvenu en retard. C’était une énorme bourde de l’administration de la Fédération, mais on avait entendu les mêmes soupçons de « trahison » interne.

Encore plus loin dans l’histoire, l’Algérie avait été disqualifiée de la CAN 1994 pour avoir fait jouer dans un match des qualifications un joueur suspendu, Mourad Karouf. Bien plus tard, les langues s’étaient déliées et on a laissé entendre que c’est à partir d’Alger que l’instance continentale a été informée de l’anomalie.

Il est inacceptable que 30 ans après, on continue à évoquer les mêmes soupçons, à assister aux mêmes guerres intestines. C’est d’autant plus inadmissible que cette fois, les répercussions ont débordé du cadre sportif.

Au dernier congrès de Rabat, les Marocains ont concocté un amendement des statuts de la CAF qui barre la route à une éventuelle adhésion du Sahara occidental. Kheireddine Zetchi a assuré qu’il n’a pas voté pour la résolution, mais l’histoire retiendra que l’Algérie n’a pas vu venir ce coup tordu et n’a pas pu l’empêcher. Et l’amendement a été adopté par tous les pays, y compris ceux qui entretiennent des relations diplomatiques avec la RASD. Cet échec ne peut pas être imputé seulement à la FAF, mais à tout le gouvernement.

Faut-il rappeler que le Marocain Abdeslam Ouaddou a été fracassé par la presse et tous les acteurs footballistiques de son pays pour le simple fait de s’être réjoui de la réhabilitation par le TAS de Kheireddine qui lui avait ouvert les portes du staff technique national pour y effectuer un stage ? C’est seulement au prix d’une solidarité sans faille, et en laissant les querelles intestines à la maison, que l’on peut espérer peser sur la scène continentale et internationale.

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