Après la manière dure, la diplomatie lisse ? Face à la véhémence de l’extrême-droite française à l’égard de l’Algérie pour obtenir la libération de Boualem Sansal, une élue du même courant a tenté de calmer le jeu.
Malika Sorel, députée européenne du Rassemblement national (RN), a évoqué un "malentendu« derrière l’arrestation le 16 novembre à Alger de l’écrivain franco-algérien. Aussi, l’élue d’origine algérienne a appelé ses collègues et toutes les voix du courant extrémiste à la »retenue".
L’affaire Boualem Sansal est évoquée au Parlement européen. Plusieurs élus du courant extrémiste ont pris la parole, non sans s’attaquer violemment à l’Algérie, comme l’ont fait Sarah Knaf, Eric Zemmour et Marion Maréchal le Pen.
Boualem Sansal a été interpellé le 16 novembre à l’aéroport d’Alger. Inculpé d’atteinte à l’intégrité du territoire national, il a été placé sous mandat de dépôt à la prison de Koléa, en attendant son procès.
Début octobre, il avait soutenu dans une interview à un média d’extrême-droite qu’une partie du territoire algérien appartient historiquement au Maroc.
L’extrême-droite française a saisi au vol cette affaire pour s’attaquer violemment à l’Algérie et a appelé à la rupture des relations entre les deux pays. Une attitude dénoncée au sein même de ce courant.
Malika Sorel est une essayiste d’origine algérienne. Ancienne proche de Nicolas Sarkozy, elle a été élue en juin dernier députée européenne sur la liste du RN (ex-Front national).
Dans son intervention devant le Parlement européen sur l’affaire Sansal, elle est allée droit au but pour dénoncer les agissements de l’extrême-droite dont l’inimitié qu’elle voue à l’Algérie n’est pas née avec l’arrestation de l’écrivain.
"Ceux qui aujourd’hui tentent d’utiliser ce drame pour exprimer leur hostilité envers l’Algérie et les Algériens desservent la cause de Boualem Sansal", a asséné la députée RN.
Affaire Boualem Sansal : une députée RN appelle à la réconciliation avec l’Algérie
Plutôt que d’envenimer les choses, comme l’ont fait jusque-là toutes les voix de l’extrême-droite qui se sont exprimées sur le sujet, Malika Sorel a préféré appeler à la retenue.
"J’appelle chacun à la retenue afin de ne pas entraver et compromettre les efforts qui sont actuellement déployés pour lui venir en aide (à l’écrivain, ndlr)", a-t-elle dit.
Bien que peu prolixes sur la question, les autorités françaises tentent d’obtenir la libération de Boualem Sansal qui a acquis récemment la nationalité française.
Dès l’annonce de son arrestation, l’entourage d’Emmanuel Macron a fait savoir à l’AFP que le président français était "très préoccupé par la disparition » de l’écrivain franco-algérien et que "les services de l’État sont mobilisés pour clarifier sa situation« .
"L’efficacité commande la discrétion", a indiqué le 26 novembre le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pour expliquer le silence officiel français observé jusqu’alors.
Malika Sorel a fait plus qu’appeler le courant anti-algérien à la retenue. Elle a aussi tendu la main à l’Algérie pour la réconciliation et bâtir un avenir meilleur.
"Nous formons le vœu que les autorités politiques de l’Algérie, cette belle terre que j’ai connue, sauront prôner la réconciliation et saisir la main qui leur est tendue pour bâtir ensemble un avenir meilleur pour tous", a déclaré l’élue RN.
Pas sûr que de tels propos puissent plaire au sein de son parti et de tout le courant extrémiste qui fait tout ces derniers mois pour pousser à la rupture entre les deux pays.
Au @Europarl_FR, j’ai pris la parole sur l’arrestation de #Boualem_Sansal.
Ce qui lui arrive repose sur un terrible malentendu.J’appelle chacun à la retenue afin de ne pas entraver et compromettre les efforts actuellement déployés par @francediplo pour lui venir en aide pic.twitter.com/XkYHl9ySwB
— Malika Sorel (@MalikaSorel) November 27, 2024