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Ahmed Ouyahia verse dans le discours raciste

Ahmed Ouyahia verse dans le discours raciste

Ahmed Ouyahia est-il raciste ? Le directeur de cabinet de la présidence de la République a tenu des propos d’une extrême gravité, sur les migrants africains, qui suscitent beaucoup d’interrogations et d’étonnement. « Ces étrangers en séjour irrégulier sont source de crimes, de drogue et de plusieurs autres fléaux », a-t-il déclaré à la chaîne Ennahar sans plus d’explication.

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Il reprend avec une incroyable légèreté un discours à teneur haineuse, déjà entendu dans la rue, qui justifie les actes de violence contre les migrants subsahariens. Des migrants qui ont été attaqués à plusieurs reprises ces derniers mois, à Béchar, Alger, Ouargla et ailleurs, suscitant l’indignation des organisations de droits de l’Homme.

En usant d’un langage populiste, Ouyahia donne une couverture politique à ces agressions et fait, indirectement, un appel à des actes de même nature dans le futur. Pire : il relaye, d’une manière consciente ou inconsciente, la récente campagne qui s’est propagée comme un virus sur les réseaux sociaux, appelant « à mettre dehors » les migrants africains venus en Algérie. Une campagne raciste qui a suscité l’intérêt des médias internationaux.

Raccourci xénophobe

Le Secrétaire général du RND, qui reprend la rhétorique de l’extrême droite européenne la plus dure, donne quelque peu raison à ceux qui ont accusé les Algériens de racisme. « Et quand on me parle de droits de l’Homme, je dis : Nous sommes souverains chez nous », a-t-il affirmé. Au nom justement de cette « souveraineté nationale », des partis nationalistes et extrémistes justifient la chasse aux migrants et aux réfugiés en Europe et la fermeture des frontières.

« On ne dit pas aux autorités : jetez ces migrants à la mer ou au-delà des déserts. Mais le séjour en Algérie doit obéir à des règles. On ne laissera pas le peuple algérien souffrir de l’anarchie », a dit Ouyahia. Donc, pour Ouyahia, connu pour ne pas être un grand militant des droits et des libertés, « l’anarchie » est imputable aux migrants, aux étrangers. Ce qui est un raccourci xénophobe classique.

Pourquoi l’État qu’Ouyahia représente n’a rien fait pour gérer les flux migratoires et régulariser la situation des migrants clandestins tel que préconisé par toutes les conventions internationales ? Ces migrants ont fui les conflits, le crime organisé, la sécheresse et la pauvreté.

Par ailleurs, avec ses déclarations, Ouyahia va à contre-sens de la décision prise récemment par le premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, de régulariser les migrants en Algérie. « Les procédures sont en cours et le ministère de l’Intérieur est en train de faire le nécessaire dans la réalisation d’un recensement avec l’aide de la police et de la gendarmerie. Une fois le fichier national construit, nous réaliserons des opérations de régularisations et nous fournirons des titres de séjour à ces migrants, ce qu’il leur permettra d’avoir l’accès au travail », a annoncé M. Tebbouneaprès l’adoption par l’APN de son plan d’action, le 23 juin 2017.

Au moment où l’État algérien fait un pas en avant en faveur des migrants, Ahmed Ouyahia lance une torpille dont l’objectif tactique parait ambigu à l’heure où plus que jamais l’Exécutif a besoin de solidarité gouvernementale. « La loi algérienne n’autorise pas le recours à la main d’œuvre étrangère. Aujourd’hui, nous avons des travailleurs chinois qui exercent dans le cadre des contrats conclus avec des entreprises chinoises », a-t-il rappelé.

Le mur de Trump

Ouyahia est-il hostile à la démarche de Tebboune ? Parle-t-il au nom du Président de la République ? Agit-il au nom d’un clan ? L’homme, qui a évolué à l’ombre du système et de ses intrigues, parle comme si « la loi algérienne » était figée et comme si le refus de faire travailler la main d’œuvre étrangère était irréversible.

En raison de ses responsabilités importantes à la présidence de la République, Ouyahia met dans la gêne la position traditionnelle de l’Algérie, celle d’un pays solidaire en toutes circonstances avec les pays africains et avec les pays en détresse. Position rappelée récemment par le Premier ministre. « Nous sommes également des africains et on est conscient de la complexité du problème. Nous ne devons pas oublier que l’Algérie a de tout temps accueilli les ressortissants qui ont des difficultés dans leur pays », a souligné Abdelmadjid Tebboune.

Ouyahia semble l’avoir oublié, lui qui a cité en exemple la décision du président républicain américain Donald Trump, connu par sa haine des étrangers, de construire un mur aux frontières américo-mexicaines. « Un grand pays veut bâtir un mur pour empêcher les étrangers de venir », a relevé Ouyahia. Le mur de Trump, toujours à l’état de projet, fait l’objet d’une vive polémique aux États-Unis. Beaucoup d’organisations humanitaires ont dénoncé cette mesure populiste contraire à la tradition d’ouverture d’un pays libéral comme les USA. Un pays construit par les migrants…

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