L’accord franco-algérien de 1968 sur l’immigration algérienne continue de susciter des débats en France. La droite présente ce jeudi 7 octobre un projet de résolution devant le Parlement pour sa révocation et le gouvernement a confirmé que la renégociation du texte était à « l’ordre du jour ».
Selon BMFTV, le président Emmanuel Macron a mis en garde les parlementaires de son pays que la politique étrangère de la France n’était pas du ressort du Parlement, mais du chef de l’État.
En conseil des ministres, il a critiqué Edouard Philippe qui a appelé les députés de son parti à voter pour la révocation de l’accord. Le maire du Havre et ancien premier ministre de Macron a joint sa voix à celle de la droite qui réclame la révocation de l’accord de 1968 et un rééquilibrage des relations de la France au Maghreb en faveur du Maroc et au détriment de l’Algérie.
Si le gouvernement français est opposé à la révocation de l’Accord de 1968, il veut en revanche sa renégociation alors que l’Assemblée nationale (Chambre basse du Parlement) va commencer à débattre à partir de lundi d’un projet de loi qui durcit considérablement les conditions d’immigration et de séjour des étudiants étrangers en France.
Dans un entretien au Figaro publié mercredi 6 décembre, la Première ministre Elisabeth Borne a révélé que la question avait été évoquée lors du quatrième Comité intergouvernemental de haut niveau France-Algérie qui s’est tenu en octobre 2022.
Algérie – France : tirs groupés contre l’Accord de 1968
C’est presque à cette période là que l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a lancé le débat sur la question en appelant le gouvernement français à révoquer l’accord de 1968 qui, selon lui, favorise l’immigration algérienne en France.
« Dans les conclusions du quatrième Comité intergouvernemental de haut niveau France-Algérie, qui s’est tenu en octobre 2022, nous avions évoqué l’ouverture de discussions en vue d’un quatrième avenant à cet accord », a révélé Elisabeth Borne au Figaro. La Première ministre française a ajouté que la France a « des demandes » et le gouvernement algérien « en a de son côté ». C’est donc effectivement « à l’ordre du jour », a-t-elle dit.
C’est la première fois que le gouvernement français fait part de discussions avec Alger pour réviser l’accord de 1968. D’un côté, l’opposition de droite maintient la pression pour la révocation de l’accord même au risque de provoquer une crise majeure avec l’Algérie et de l’autre le gouvernement qui veut renégocier le texte, sans dévoiler les détails de ses demandes.
Du côté d’Alger, seul le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué la question dans un entretien au Figaro en décembre 2022. Il a dit que la mobilité des Algériens en France a été « négociée et il convient de la respecter ». Le chef de l’État a ajouté qu’il y a « une spécificité algérienne, même par rapport aux autres pays maghrébins ».
À Alger, on apprécie peu la façon avec laquelle la droite française mène la guerre contre l’Accord de 1968. Et si elle semble prête à une renégociation, l’Algérie n’accepterait de supprimer l’accord de 1968.
Pour Alger, une dénonciation unilatérale de ce texte n’est pas possible parce que c’est un accord international. Ensuite, si la France franchit le pas, cela signifierait le retour ou plutôt la suppression des Accords d’Évian de mars 1962, qui avaient consacré la libre circulation des personnes entre les deux pays.
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