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Algérie – France : réactions en cascade aux propos de Macron

Algérie – France : réactions en cascade aux propos de Macron

Les propos tenus par Emmanuel Macron sur l’Algérie dans Jeune Afrique continuent de susciter des réactions. Ce lundi 22 novembre, c’est le coordinateur de l’Union démocratique et sociale –UDS-non agréé, Karim Tabbou, qui a saisi le président français par le biais d’une lettre ouverte.

« Excusez-moi de rompre les usages diplomatiques en m’adressant directement à vous par le biais de cette lettre. Je le fais pour une raison simple : vos propos sur l’Algérie dans l’entretien que vous avez accordé au journal ‘Jeune Afrique’ ne me laissent guère indifférent ; non seulement ils démontrent que la position officielle de la France à l’égard de l’Algérie est restée inchangée, mais plus encore, ils réaffirment l’attachement viscéral des autorités françaises à l’idée que le pouvoir algérien reste et demeure un allié incontournable et prétendument seul garant de la stabilité de l’Algérie », écrit Tabbou dans son message.

Dans les colonnes de Jeune Afrique, Macron avait notamment apporté son soutien au processus politique en cours en Algérie. « Je vous le dis franchement : je ferai tout ce qui est en mon possible pour aider le président Tebboune dans cette période de transition. Il est courageux », a-t-il dit.

« On ne change pas un pays, des institutions et des structures de pouvoir en quelques mois », a ajouté le président français, soulignant qu’« il y a eu un mouvement révolutionnaire, qui est toujours là, sous une forme différente », et qu’il existe « une volonté de stabilité, en particulier dans la part la plus rurale de l’Algérie ».

« Une intrusion dans le débat interne à l’Algérie »

Des propos qui, pour Karim Tabbou, sont une « intrusion dans le débat interne à l’Algérie ». « Dans la mesure où nous n’attendons aucun soutien de votre part, votre abstention aurait été moralement compréhensible pour le peuple algérien », réagit Tabbou.

Il estime que ce « soutien assumé au processus actuel dit de « transition » est une insupportable moquerie envers tous ces citoyens qui ont subi dans leur chair les plus graves injustices et l’arbitraire le plus abject » et est « non seulement une offense à la volonté du peuple, mais plus encore, une opposition affirmée à cette « Algérie en marche » portée par un Hirak pacifique, rassembleur et historique ».

Le coordinateur de l’UDS rappelle au président français que « le respect de la démocratie c’est aussi et surtout de laisser les volontés et les destins des peuples se forger par leurs propres dynamiques », et lui signifie que « derrière cette position se cache de façon pernicieuse l’idée que les pays du Sud en général et l’Algérie en particulier sont à portée de main, politiquement vulnérables et inaptes à la démocratie » et que « pour la France, les régimes du Sud ne sont là que pour servir de postes avancés et de sous-traitants ».

Toujours à l’adresse de Macron, Tabbou assène que « l’histoire retiendra qu’à un moment précieux de la vie de notre nation meurtrie, un moment crucial où l’espoir a émergé et les horizons ont commencé à se dégager pour une jeunesse algérienne avide de vie et de bonheur, vous avez choisi le monde des affaires ». « Vous ne devez pas ignorer que l’opinion publique algérienne a bien conscience que tant que les relations algéro-françaises n’arriveront pas à se soustraire de cette implacable logique de réseaux d’intérêt et d’influence, les espoirs d’un apaisement et d’une confiance mutuels resteront de simples vœux », écrit encore Karim Tabbou.

RCD, MSP, ONM…

Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a été le premier à régir à la position du président français.

« S’adressant aux dirigeants africains, il se croit autorisé à distribuer des certificats de légitimité aux dirigeants des « indigènes que nous sommes (…) Ceci n’est pas une simple ingérence mais la révélation que la France est aux manettes d’une feuille de route pour notre pays », a écrit Belabbas sur les réseaux sociaux.

Pour le président du Mouvement de la Société pour la paix (MSP), « la rance ne cache plus ses visées de s’ingérer directement dans nos affaires internes et de nous arrimer à sa profondeur stratégique en l’absence totale d’une résistance officielle ». « La présence française dans notre pays n’a jamais cessé depuis l’indépendance », estime Abderrazak Makri dans un long texte mis en ligne ce lundi et intitulé : la stratégie coloniale et les déclarations du président français sur l’Algérie.

Hier dimanche, c’est l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) qui a réagi, mais sur un autre volet des déclarations d’Emmanuel Macron, celles ayant trait à la question mémorielle.

« C’est un mensonge. Nous ne pouvons pas réconcilier les deux mémoires (…) Qu’il abroge d’abord cette loi de 2005 (loi glorifiant le colonialisme, ndlr). Mais nous n’accepterons pas parce que le bourreau et la victime ne peuvent être mis sur un même pied d’égalité, les deux mémoires ne peuvent pas s’associer », a indiqué Mohand Ouamar Benlhadj, secrétaire général de l’organisation.

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