L’Algérie a décidé de changer de stratégie dans la lutte contre le commerce du cabas qui pèserait entre deux et trois milliards de dollars, selon le think tank Care.
Le 18 mai, lors d’un Conseil des ministres, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a pris une décision majeure.
Il a ordonné au gouvernement la régularisation et l’intégration dans le circuit formel des petits importateurs informels appelés aussi commerçants du cabas ou trabendistes.
Il s’agit de mettre en place un cadre légal pour des milliers de jeunes algériens qui importent des produits en petites quantités dans des cabas pour les revendre en Algérie.
Cette décision met fin à des années de guerre contre les petits importateurs. Ces derniers mois, les services des Douanes ont resserré l’étau sur ces commerçants en saisissant leurs marchandises dans les ports et les aéroports du pays.
En attendant la mise en place du cadre légal, la mesure présidentielle suscite un débat en Algérie. Un expert a par exemple suggéré de mettre en place un double taux de change du dinar pour permettre à ces importateurs d’accéder aux devises via les banques.
« Le commerce du cabas ne menace pas la production nationale »
Le think tank algérien Care (Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise) explique, que selon « plusieurs sources, ce commerce concernerait, sans confirmation aucune, quelques centaines de milliers de personnes, et représenterait un flux marchand annuel de 2 à 3 milliards de dollars ».
Dans une note publiée sur le sujet, Care explique que ces chiffres sont à « prendre avec tout autant de précautions », et ajoute que le commerce du cabas porte sur des « produits de première nécessité, des articles introuvables localement ou inaccessibles à des prix raisonnables, et des biens recherchés pour leur qualité perçue ».
« La bonne question est de comprendre pourquoi il existe »
Care ajoute que ce type d’importation « ne concerne ni des volumes industriels ni des réseaux organisés de fraude », et « ne menace pas la production nationale ». Le think tank relativise le poids de cette activité et son impact sur l’économie nationale, en avançant que les marges qu’elle génère pour ses acteurs relèvent de la « survie, non de l’optimisation fiscale ».
Le think tank salue la décision du président Tebboune de régulariser le commerce du cabas, en ajoutant qu’elle « rompt avec une logique répressive qui, jusqu’ici, dominait les discours officiels ».
Pour Care, la décision de régulariser les petits importateurs « nous oblige à reposer les termes du débat : elle interroge, en creux, l’ensemble de notre politique commerciale, la manière dont nous gérons l’informel, mais surtout notre relation aux réformes économiques, fiscales et monétaires qui n’ont que trop tardé ». Le think tank algérien estime que la « bonne question n’est pas de savoir comment contrôler le commerce du cabas. La bonne question est de comprendre pourquoi il existe ».