search-form-close
Assassinat de la jeune Chaima : « Ça dénote l’absence d’humanité »

Assassinat de la jeune Chaima : « Ça dénote l’absence d’humanité »

La découverte du corps de la jeune Chaima dimanche 4 octobre à Thenia a choqué les Algériens. Dans cet entretien, le Pr Mostefa Khiati parle du tueur, de la responsabilité des familles de l’assassin et de la victime.

Le corps brûlé de la jeune Chaïma a été retrouvé dimanche à Thenia. Quelle est votre réaction ?

Pr Mostefa Khiati, président de la Forem : On ne peut être que consterné par une information comme celle-là. C’est vrai que des phénomènes de ce type s’observent çà et là à travers le monde mais ça reste des exceptions. Même chez nous? on peut considérer ça comme une exception. Ce n’est pas tous les jours qu’on a des gens qui ne peuvent être considérés comme des humains qui puissent avoir des comportements de ce type face à d’autres humains comme eux. C’est vraiment très compliqué, mais toujours est-il que ça dénote un trouble du comportement, d’une personnalité qui n’est pas du tout équilibrée. Pour arriver à faire ce que le tueur a fait, l’assassin a dû se départir de son humanité.

Quelle stratégie les pouvoirs publics peuvent-ils adopter pour éviter que de telles tragédies se reproduisent ?

Ce n’est pas un problème de pouvoirs publics. C’est d’abord un problème relationnel, c’est-à-dire que c’est un problème d’éducation. Ici, la responsabilité des parents et des personnes est importante. Il s’agit de jeunes, la victime avait 19 ans. C’est un problème relationnel. La victime a dû connaître ce jeune peut-être dans le quartier, soit à travers les réseaux sociaux. Chaque personne doit prendre ses précautions et ne pas s’ouvrir ou lier des relations avec des personnes qu’elle ne connaît pas. Parce que ce genre de comportement, s’il s’est exprimé ainsi, montre que le tueur a dû déjà avoir des problèmes dans leur cadre relationnel. Ce n’est pas une personne qui ne connaît pas une autre personne qui vient la kidnapper, la séquestrer, la violer, etc. Donc, il a dû y avoir des relations.

C’est un problème d’éducation. Il faut former ses enfants, ne pas les abandonner. L’Etat devrait intervenir dans le cadre légal, en mettant en place des lois, en mettant également une surveillance, etc. Mais dans ce cadre particulier, l’Etat n’est pas tellement responsable. C’est surtout la famille et peut-être les gens qui connaissaient ce jeune, qui connaissaient ses débordements et son comportement. Parce que c’est impossible qu’il ait pu faire ce qu’il a fait alors qu’il avait un comportement normal et tranquille avant, il était donc connu par les gens et les gens ont dû laisser faire.

Quand vous parlez du rôle des parents, vous parlez de ceux de la victime ou du tueur ?

Les deux. Je suppose que pour qu’il y ait eu une relation comme ça, le tueur devait être très jeune aussi. Il va maintenant terminer sa vie en prison. Même pour ses parents, c’est un problème majeur.

En quoi est-ce la responsabilité des parents de la victime que leur fille ait été assassinée ?

Parce que leur fille a dû avoir des relations faciles avec les gens. Elle s’est laissé berner soit à travers les réseaux sociaux, soit directement avec les personnes. Normalement, une fille lorsqu’elle a une bonne éducation ne doit pas se lier d’amitié ou même de simples relations avec n’importe qui. Il faut qu’elle sache qui il est et quel est son comportement, à moins que ce soit un camarade à l’école ou l’université.

L’éducation permet à la personne de se préserver, de se protéger, etc. S’il n’y a pas des mécanismes et des réflexes qui sont inculqués par le milieu familial, qui va les donner à la personne ? Ce n’est pas possible.

Pour clarifier vos propos, le fait que la victime ait des relations justifie-t-il qu’elle ait été assassinée ?

Pas du tout ! Loin de là. Ça c’est un comportement violent, je l’ai dit en début d’interview. C’est un comportement qui est anormal. Il faut voir l’assassin et lui faire une expertise psychiatrique, voir s’il est normal. Pour faire ce qu’il a fait, ça dénote l’absence d’humanité, c’est clair. Ça ne justifie rien du tout, loin de là. Je mets ça sur le côté d’une anomalie, d’un trouble psychiatrique.

Vous avez évoqué publiquement que vous êtes favorable au rétablissement de la peine de mort. En quoi le rétablissement de la peine de mort permettrait d’éviter qu’il y ait d’autres tragédies comme celle-ci ?

J’ai parlé de la peine de mort pour les meurtres d’enfants. Ce sont des êtres naïfs qui sont encore sous la protection de leurs parents, surtout parce que la plupart des enlèvements concernent des enfants de moins de dix ans. Pour ces enfants, parce qu’ils sont sans protection ils sont enlevés, séquestrés, abusés et ensuite tués. Ça c’est un quadruple crime qui ne peut être dissuadé que par une sanction extrême et c’est ce que font pas mal de pays.

J’ai demandé qu’on fasse une dérogation au moratoire sur la peine de mort uniquement pour ce type de crimes, c’est-à-dire une atteinte contre les enfants. Il faut qu’on soit très clair sur ce problème, il ne s’agit pas de généraliser la peine de mort pour n’importe qui.

  • Les derniers articles

close