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Attaque de Paris : Farid Ikken, l’improbable « radicalisation » d’un journaliste de Bejaïa

Attaque de Paris : Farid Ikken, l’improbable « radicalisation » d’un journaliste de Bejaïa

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L’enquête sur l’agression contre un policier commise mardi à Paris progresse en France. L’agresseur a été identifié comme Farid Ikken. Dans son studio de Cergy (Val d’Oise) en banlieue parisienne, les enquêteurs ont trouvé, selon les médias français, une vidéo dans laquelle il prête allégeance à Daech. Au moment de l’attaque, il avait évoqué la situation en Syrie.

Farid Ikken effectuait un doctorat en journalisme. Hier, son directeur de thèse s’est dit stupéfait. Il évoque un homme « doux comme un agneau ». « Il était à mille lieues de tous les idéaux islamistes de détestation de l’occident », a-t-il ajouté.

À Bejaïa et à Akbou, dans sa région natale, la nouvelle a également stupéfait ceux qui le connaissent. Parmi eux, son neveu Sofiane Ikken, avocat. C’est lui qui a informé la famille hier. « J’ai reçu un coup de téléphone d’un proche qui m’a confirmé que c’était bien lui. J’ai donc informé sa famille ».

Il raconte le parcours d’un homme que rien ne prédestinait à devenir un jour terroriste de Daech. « Il était contre Daech. Il m’a même dit que son chef Al Baghdadi était une création de l’Occident. Il ne croyait pas du tout à Daech mais il était très sensible à la situation en Syrie », explique-t-il.

Après une licence en traduction obtenue au début des années 2000 à Alger, Farid Ikken a rejoint la Suède où il effectue un master en journalisme avant de partir travailler en Norvège. « Comme il maîtrisait l’arabe, sa société norvégienne l’a envoyé en France où il a séjourné et travaillé pendant deux ans », raconte son neveu. Il était marié avec une Suédoise dont il est aujourd’hui divorcé.

Farid Ikken est rentré en Algérie en 2011, au moment des événements du Printemps arabe. « Il était contre le régime. Il disait que la situation ne pouvait durer comme ça. Il disait : ‘ce n’est pas normal qu’on soit obligé de vivre à l’étranger au lieu d’être chez nous’. Mais c’était quelqu’un d’ouvert, un démocrate », ajoute son neveu.

Quelques mois après son retour en Algérie, il s’installe dans la ville de Bejaïa où il crée une agence de publicité et un site d’informations régionales Bejaïa-Aujourd’hui. Dans sa famille, il est le seul à pratiquer la prière. La question de la religion n’a jamais été un problème au sein de la famille, affirme son neveu. « Ses neveux possèdent un café à Akbou qui ouvre pendant le ramadan pour accueillir les non-jeuneurs. Ses frères ne font même pas le ramadan. Il a même des membres de sa famille qui sont chrétiens », affirme notre interlocuteur.

La dernière rencontre entre Sofiane et Farid remonte à l’année dernière. « On est partis ensemble à la plage. Il m’a parlé de ses projets. Il comptait rentrer après son doctorat pour s’installer à Alger et développer un journal électronique ».

Comment a-t-il pu se radicaliser ? « Je crois qu’il a commencé à s’intéresser à la religion pendant son séjour en Suède », répond Sofiane. Paradoxalement, selon nos sources, c’est Farid qui a créé la première section du MAK en Suède.

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