Politique

Atteintes aux libertés en Algérie : le réquisitoire de Louisa Hanoune

C’est un véritable réquisitoire que Louisa Hanoune a prononcé contre les autorités concernant la question des libertés en Algérie.

S’exprimant samedi 17 décembre à la clôture de la session du conseil national du Parti des Travailleurs, Mme Hanoune a dénoncé fermement les atteintes aux libertés et le maintien en détention de dizaines de citoyens pour délit d’opinion.

« La priorité c’est de libérer tous les détenus d’opinion. Nous espérons que nous n’entamerons pas l’année prochaine avec cette situation, nous espérons que des ordres soient donnés pour vider les prisons », a-t-elle souhaité, regrettant toutefois que le processus d’apaisement ait été « contrarié » à chaque fois.

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Pour elle, l’Algérie est de facto « divisée ». « Ceux qui parlent tamazight sont accusés d’appartenance au MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, ndlr) et ceux qui parlent l’arabe sont poursuivis pour appartenance à Rachad », résume-t-elle  ainsi la situation.

Une situation « étrange », « terrifiante », « inacceptable » et dangereuse », met-elle en garde,  met-elle en garde, soulignant que l’article 87-bis du Code pénal a valu au pays la dénonciation de l’ONU et les menaces du président américain Joe Biden et de son secrétaire d’Etat Antony Blinken, le secrétaire d’Etat et le président américains.

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Louisa Hanoune a particulièrement dénoncé ce qu’endurent de nombreux citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou, poursuivis pour appartenance au MAK, incarcérés, puis souvent innocentés. Ce qui se passe est « dangereux », estime-t-elle, assurant avoir été « terrifiée » par les images de « ces femmes qui viennent des villages » de Tizi-Ouzou pour assister au procès de leurs proches qui s’avèrent à l’issue des jugements innocents.

« L’image du pays est altérée »

Ces activistes poursuivis ne sont « ni des criminels ni des terroristes », « il y a parmi eux des fils de chahids et de moudjahids », défend-elle, ajoutant que leur unique tort est d’avoir « des idées », or, estime-t-elle, les idées ne doivent pas être criminalisées.

Elle cite Kamera Naït Cid, Bouaziz Aït Chebib ou encore Slimane Bouhafs qui a révélé pendant son procès avoir subi des actes de tortures, selon la secrétaire générale du PT. « C’est un scandale, ceux qui ont fait ça ont commis un crime », accuse-t-elle.

Elle affirme qu’il est incompréhensible que tous ces militants soient emprisonnés. Elle ne comprend pas aussi qu’on puisse « adresser de telles graves accusations avec une telle légèreté ».

Citant le cas de Bouaziz Aït Chebib, un ancien du MAK qui s’en est démarqué, elle qualifie d’ « acharnement » les multiples poursuites et condamnations dont il fait l’objet.

« La justice ne s’acharne pas (…) on est en train de créer une profonde déchirure », met-elle en garde.

« C’est inacceptable c’est l’image du pays qui est altéré et le tissu social qui se déchire », ajoute-elle, précisant que « la répression est nationale », et touche les citoyens aux quatre coins de l’Algérie, même si certains cas ne sont pas médiatisés, notamment au sud du pays.

Mme Hanoune dénonce aussi ce qu’elle qualifie de « criminalisation du Hirak », puisque, selon elle, des citoyens ont été convoqués pour le participation aux marches en 2019, alors que le Hirak est considéré comme « béni » et consacré dans la Constitution.

Louisa Hanoune insiste sur le fait que « la criminalisation des idées est inacceptable », et assure qu’elle « ne constitue pas un bon signe et soumet le pays au chantage de l’étranger ».

« Ouvrez les médias et laissez-nous débattre des idées et des opinions pour ne pas arriver à la violence et aux dérapages », lance-t-elle à l’adresse des autorités.

Autre « dérapage » dénoncé par la SG du PT, la condamnation à de lourdes peines de personnes poursuivies pour spéculation sur les produits alimentaires de base.

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