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Baisse du nombre de visas accordés aux Algériens : les explications du consul général de France

Baisse du nombre de visas accordés aux Algériens : les explications du consul général de France

TSA
Le consul général de France à Alger, Marc Sedille.

La France a délivré moins de visas pour les ressortissants algériens durant l’année 2018, comparativement à 2017, selon les chiffres rendus publics par le ministère français de l’Intérieur cette semaine.

La baisse est même spectaculaire, puisque le chiffre est passé de 413.000 à 297.000, soit 116.000 visas de moins. Le consul général de France à Alger, Marc Sedille, rencontré dans son bureau ce jeudi 17 janvier, a tenté d’expliquer cette baisse de près de 30% sur une année qu’il a du reste anticipée dans une interview à TSA en octobre dernier.

Mais avant, il révèle un autre chiffre : au niveau des trois consulats de France en Algérie (Alger, Oran et Annaba) le taux de refus « dépasse les 40% ». En fait, il est de 48% puisque le nombre de demandes traitées en 2018 était de 570.000 et seuls 297.000 avaient abouti sur une délivrance de visa.

Pour Marc Sédille, cela n’a rien d’une décision politique.  « Il n’y a pas de quota de visas pour les Algériens », assure-t-il. Les raisons qui, selon lui, ont fait que moins d’Algériens ont obtenu le visa d’entrée en France sont essentiellement : le changement de prestataire en passant de TLS à VFS et le renforcement du contrôle aux frontières à cause de la crise migratoire.

« Il y a eu le changement de prestataire au début de l’année. On s’était arrêté quasiment pendant un mois et il y avait beaucoup de tension pour la prise de rendez-vous à cette époque. Il y a eu une certaine difficulté à remettre la machine en route. Cela s’est traduit par une baisse du nombre de dossiers traités, donc du nombre de visas délivrés aussi », a-t-il justifié.

Sauf que la baisse du nombre de visas délivrés (-116.000) ne correspond pas à celle du nombre de dossiers traités (618.000 en 2017, 570.000 en 2018, soit -48.000).

Le consul précise que les péripéties induites par le changement de prestataire ne sont qu’un facteur parmi d’autres. « Le deuxième événement simultané, poursuit-il, c’est l’arrivée de France-Visas, qui est une plate-forme gouvernementale qui vise à uniformiser les justificatifs exigés des demandeurs, ce qui s’est traduit par la disparition immédiate des allègements qui existaient autrefois, du dispositif dérogatoire qui permettait à certaines catégories d’obtenir le visa avec un dossier allégé. Le troisième élément, c’est le resserrement des contrôles aux frontières à cause de la crise migratoire et qui se traduit également par un contrôle accru lors de l’étude du dossier de visas. Tout cela a fait qu’on a eu une baisse très significative », explique le consul qui tente néanmoins de relativiser : « Déjà, le chiffre de 297.000 n’est pas négligeable, c’est une ville entière qui se déplace (…) Aussi, 2018 fut une année charnière avec un cumul de difficultés. Une politique migratoire s’analyse sur la durée, on va donc la suivre sur plusieurs années, on va voir déjà en 2019 comment les choses se replacent par rapport à ce nouvel environnement ».

Invité à donner une indication sur la tendance attendue pour l’année en cours, M. Sedille se contente de se dire « optimiste » et de donner quelques « conseils » aux demandeurs de visas car « s’il y a des taux de refus aussi élevés, c’est aussi parce qu’il y a de mauvaises pratiques, qu’on peut corriger ».

Le consul évoque « les dossiers incomplets ou les dossiers qui contiennent des pièces qui ne sont pas fiables », comme les faux bulletins de salaire ou les fausses attestations d’assurance sociale fournies par des gens activant dans l’informel. « On préfère que les gens soient honnêtes et nous disent la réalité de leur situation lors du dépôt de la demande de visa plutôt que de demander à quelqu’un de fabriquer une situation qui n’existe pas », dit-il.

Autre « mauvaise pratique » que Marc Sedille appelle à éviter, le « détournement » de l’objet initial du visa pour, par exemple, effectuer des soins dans les hôpitaux français sans régler la facture de la prestation. Il révèle dans ce sens que la dette cumulée laissée par des ressortissants algériens dans les structures de santé de la région Ile-de-France s’élève à 25 millions d’euros.

Sur le fait que les ressortissants marocains aient, au contraire, obtenu plus de visas durant l’année qui vient de s’écouler (323.000 en 2017, 334.000 en 2018), en dépit qu’ils soient concernés eux aussi par deux des trois facteurs avancés (resserrement des contrôles à cause de la crise migratoire et arrivée de France-Visas), le consul tente une réponse : « Il y a un consulat général au Maroc, je ne sais pas comment les choses se passent là-bas. Le contrôle renforcé aux frontières extérieures n’est pas nouveau. Pourquoi il se traduit pour l’Algérie par cette situation particulière ? C’est la conséquence de la crise migratoire de 2015, mais aussi d’une situation qui a été constatée par le ministère de l’Intérieur. Les contrôles de police révèlent que les Algériens en situation irrégulière sont nombreux, il y a beaucoup de mesures d’éloignement qui visent les Algériens, la dette hospitalière privée… Il y a des voyants qui sont passés un peu au rouge. Mais encore une fois, on appréciera cette politique migratoire sur la durée ».

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